À l’heure où les cartes deviennent plus que jamais objets de
consommation quasi quotidiens, à celle où le pouvoir accru de la
cartographie paraît sans limite et où, par la puissance et la vitesse
combinées des algorithmes, les artifices et les conventions qui l’ont
rendue possible s’estompent de plus en plus et sont toujours plus
difficiles à discerner, l’ambivalence de la cartographie doit être plus
que jamais soulignée. Nous savions que la carte était une
représentation, donc « un langage »
avec sa grammaire propre et, qu’à ce titre, elle pouvait dire ce
qu’elle voulait et même mentir à dessein. Nous comprenons d’autant mieux
aujourd’hui qu’il s’agit d’abord d’un pharmakon :
à la fois remède et poison, la carte peut en effet figurer comme
défigurer le monde, nous mettre en relation comme faire écran. Or il ne
tient qu’à nous de se saisir de la carte, de refuser l’artifice et de
retrouver l’outil.
Alexandre Chollier et Federico Ferretti
Dans "Ecrits cartographiques": Elisée Reclus
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