Ouvrir un nouveau chantier d'écriture est toujours palpitant. On se demande si on va bien savoir expliquer ce qui s'est mis à trotter dans la tête et si chacun(e) va pouvoir adhérer... Et on vient même à inventer des mots...
Je propose donc de travailler à réaliser une klasmathèque : mot formé à partir du grec
klasma (morceaux, fragment) ;
mot dérivé de klaô (briser) et de thèque thêkê (étui, boite, caisse) .
C'est à dire de rassembler des « morceaux » détachés d’un
visuel plus ample. Des petits bouts de choses vues ( dans un premier
temps on restera dans la zone visuelle) qui ont saisi le regard, puis
se sont trop vite évaporés. Quelque chose de vu, ou que l'on imagine avoir vu... Une image mentale qui se sera imprégnée
quelques secondes sur la rétine, mais n’aura pu être vraiment
capturée.
Dans un premier temps, faire une sorte d’inventaire de ces détails, ces
fragments saisis au vol (klasma) presque insignifiants, mais qui ont attiré le regard, et auxquels donner consistance.
Puis se mettre à écrire pour chacun un fragment de texte :
offrir un cadre à ce klasma. La liste se devra de s'étoffer tout au long du travail, afin de permettre d'écrire un nombre important de fragments.
À chacun(e) de définir son cadre,
c’est à dire la forme qu’il/elle souhaite donner et la
conserver pour tous les fragments d’écriture qui suivront :
nombre de mots, de phrases, de signes/ disposition en carrés en
rond, éclatée./ longueurs des phrases/ ponctuation/ absence de ponctuation/ alexandrins/ mots imposés/... D’autres
idées seraient les bienvenues ! On va se laisser tâtonner dans
un premier temps sur la forme et celle-ci s’imposera sans doute à
chacun(e) après quelques tentatives !
Donc laisser émerger ces klasma : quelque chose de furtif avec quelque chose de dense à l’intérieur...
Imaginer tous ces fragments comme donnant à voir un paysage intérieur personnel !
Jérémy Liron/ Le livre l’immeuble le tableau ( Publie.net)
Le livre, le tableau, essaient un espace en dedans du monde et comme tracé par-dessus. Comme le sentier est un lieu non juxtaposé aux lieux divers qui font le tissu des villes, mais il se superpose aux lieux en une expérience privée, transversale. C’est une pensée aux prises avec le réel, en écorchant des bouts et roulant de cette expérience à chaque occasion une idée tout abstraite comme jetée d’un coup au ciel et reflétant la situation vue de haut tandis que l’attention retourne fouiller le si particulier d’une marche en un lieu, d’un objet au sol quelles que soient les nuances de ses dimensions, de croiser un angle de béton qui met en perspective un monde, d’une nuit ou d’une blessure. Chaque jour observer derrière un robinier, un sureau, les façons de quelques angles de béton, ressasser le tableau, essayer des phrases jusqu’à ce qu’elles tiennent ensemble. C’est un peu répéter un passage diagonal, faire sentier. Facilement : écrire c’est faire sentier dans l’épaisseur en friche de nos terrains d’expérience.
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