mardi 18 février 2025

Ces endroits dont on ne revient pas

          



Le vent soulève le sable de la plage et le fait danser, empêche les moustiques de se manifester, ils ont pourtant leur réputation à tenir car ici c'est leur royaume.

Des cocotiers balancent leurs palmes, à la saison, les tortues luth viennent pondre.

Presque une carte postale

Aucun bateau au large ni même au bord, dans les eaux boueuses, l'eau marron de l'embouchure du fleuve du même nom. A quelques kilomètres de là, le Suriname, Les fleuves et les rivières d'ici, des cimetières de forêts englouties.

"Un morceau de bois a beau séjourner dans l'eau il ne deviendra jamais un caïman", dit un proverbe. Mais une tête de girafe, si.


Un petit carbet désossé, un bâtiment de bagne taggué, croupissant ; des personnes devinées à l'abri dans leurs cabanes de tôle rouillée attendent les touristes pour leur vendre de l'artisanat.

Suis-je une touriste ? Suis-je un fantôme ? Suis-je un grain de sable ?

Les fantômes sont partout. Fantômes d'esclaves, de bagnards morts de maladie, fantôme de Raymond Maufrais sans doute englouti digéré par la forêt ou dans l'estomac d'un boa géant, à la poursuite de son rêve présomptueux.Voyage infernal mais choisi. Contrairement aux autres.

L'érosion gagne. On dit que d'ici quelques décennies, cette terre n'existera plus, la forêt transformée en savane, puis en désert ; les gens mourront de chaud. 

L'érosion gagne et les souvenirs restent. Les images se superposent, pourrissent, se transforment en chablis qui laissent pousser d'autres images sur leur tronc moisi.

Moi aussi j'ai choisi, et moi aussi je resterai sur la plage des Hattes, à Awala Yalimapo, avec le fantôme du jeune homme, Marron Guyane sans retour.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Le principal est que tes textes eux sont revenus sur ce blog et ça me fait rêver...Des bisous mon grain de sable, ma tortue qui a pondu sur cette plage pour y laisser qqchose de toi.

Anonyme a dit…

C'est pas anonyme c'est Ange- Gabrielle, pourquoi y m'a pas reconnu ce gogo là ?

Linette a dit…

On est ailleurs et même s'il y a de la douleur, il y a tant de douceur! C'est beau, tout simplement beau.