Le chemin
des ânes s’invente entre le four à pain et le bassin des lavandières, il fuit
le village, courre le guilledou durant 8 kms,
salue la madone yoyotant de la touffe dans sa boîte grillagée remplie par les prières
contradictoires des marcheurs. Marcher. Patiner sur les cailloux glissants. Pendant
que certains randonneurs se taisent rêvant à leurs secrets ou conjurant leurs
démons, d’autres s’épuisent en vaines conversations.
Le chemin s’enlise dans les pierriers, vaguement balisé
par les cairns se devinant au creux des buissons. La montagne ne fait pas
silence. Elle crisse, tambourine à chaque détachement de rocher.
Le chemin des ânes se hisse tel un cou de girafe et
les pas prennent la clé des champs avec entorses et fêlures, crachas et essoufflements.
Ca sent l’arnica sur le chemin des ânes. A l’imitation d’un bêlement, par un promeneur
zélé, les brebis rompent leur
belle hiérarchie, et la prairie se peint de mille tâches blanchâtres et grises. Pourtant, lors des messes, le curé avait loué les moutons bénis par son dieu.
Le chemin des ânes débouche sur un lac violet, où se
reflète la carte des sommets repliée dans le guide touristique. Mais l’orage arrive. Il faut redescendre ou
se cacher sous un arbre, heurs ! Il n’y en a pas.
Le chemin des ânes se fait patinoire, les
corps tombent, s’emmêlent au milieu du carnage des bêtes à laine dont l’affolement
a attiré la foudre.
Au bout du chemin, les chèvres
et les ânes arrivent au refuge, ayant coupé à travers la prairie. Bêtes perdues pour l'esprit sain, mais en vie.
1 commentaire:
j'aime beaucoup !
tes mots m'embraquent dans de beaux souvenirs verts...
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