Mal éveillé comateux, j'avais
tout oublié quand la voix douce a dit:"on est le 24 septembre".
J'ai senti la vie refluer en moi
sous forme d'énergie et les fils invisibles qui me relient au monde se sont
tendus. L'un tirant l'autre alternativement, j'ai rejoint les vivants.
Il y avait dans l'air comme un
peu de printemps, et l'angoisse turpide de ce jour, du basculement vers autre
chose. La voix douce a fait remarquer qu'entre le jour d'hier et celui
d'aujourd'hui, la réalité immédiate n'était pas si différente, et qu'avec l'an
dernier il n'y avait qu'une année d'écart. Et l'angoisse du jour me parut
soudain moins fondée, moins âpre, moins prégnante, pour finalement laisser la
place à la sourde inquiétude anxieuse habituelle.
J'ai fait le tour des blogs. Sur alabrisede,
j'ai relu pour la énième fois le texte de Bachelard, qui commence par "je
suis un rêveur de mots" et celui, brûlant, de Char qui se termine par
"à te regarder, ils s'habitueront". J'en ai, me semble-t-il, mieux
perçue la lumière. J'ai relu encore une fois, avec émotion, le texte de l'Ange,
texte qui s'appelle "17 septembre". Sur OUI MES MOI, j'ai aimé la
photo de Marie-Pierre, qui nous montre, qu'un cœur de pierre peut se briser. Ou
bien être brisé! J'ai trouvé, à la date d'aujourd'hui, sur JARDIN D'OMBRE, ce
texte de Laura-Solange.
La Place
J'ai traversé la
place, déplaçant le pas déhanché des pigeons et ne laissant aucune trace sur le
dallage blanc - les escargots sont bien plus forts que moi - . Des rires
égarés, que quelques arbres recueillent ont bousculé l'espace. Sur les
lisières, des doigts d'herbe tentent de faire jardin entre les pavés. Les
langues d'asphalte qui contournent la place dénudent, noire, la voix du regard.
Au-delà, les façades où glissent les visages dans les marges de l'oubli. J'ai
dessiné mon chemin, à grands pas, pour ne pas effleurer les solitudes lasses ni
entrechoquer les ombres.
En ce 24
septembre, flottant entre deux âges, j'ai reçu ce texte comme un cadeau à moi
destiné. J'y perçois des correspondances secrètes, comme des éléments d'un
portrait dont je me refusais à voir le reflet touchant d'une réalité émouvante
que je n'ai plus peur de regarder.
3 commentaires:
BON ANNIVERSAIRE, donc, et puissent les mots et les images de tes ami-e-s accompagner tes pas à travers les ombres jusqu'au 24 septembre prochain
Bon anniversaire et quel magnifique texte, heureusement que les jours et les ans passent, le temps accroît, fait toujours plus grandir... l'être, la créativité, l'exigence des mots, la lumineuse humilité de ton écriture
Ce soir, au coucher, ton texte. 24 septembre. Et tes mots, tes mots émouvants qui nous laissent sans voix... Heureux anniversaire Michelangelo et c'est toi, toi qui nous fait un cadeau sans prix
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