samedi 1 septembre 2012

Atelier du 30 août 2012

Consigne :
Pour ce premier atelier de retrouvailles, nous avons opté pour l'écriture d'un texte avec phrase de début et phrase de fin imposées. Michelangelo a pioché dans la bibliothèque de Natô, un livre de Marc Cholodenko.
"Mais la nuit était arrivée comme le personnage qui entre juste pour annoncer (trop tard) ....."
A terminer par "Il n'y avait rien de moins mais quelque chose en trop."


Quelque chose en trop


Mais la nuit était arrivée comme le personnage qui entre juste pour annoncer (trop tard) que le spectacle était commencé.
Ils étaient tous assis en cercle, certains discutant, d'autres jouant aux cartes ; de toutes jeunes filles chuchotaient derrière leur paume en conque tendue vers l'oreille de leur voisine, des femmes caressaient leur bébé tout en lissant leur robe, au loin des chèvres bêlaient et on entendait vaguement une poulie grincer. Le vent qui secouait les branches quelques heures plutôt, s'était tu. Plus rien ne bougeait. Très certainement de loin la scène devait sembler figée en un tableau muet et sombre.
Lui, dans son coin s'était approché de moi et cherchait à me parler sans se faire entendre des autres. Il commença à me parler de sa journée, puis me prit le bras qu'il caressait doucement. Lorsque les peaux furent polies, lissées et chaudes comme du cuir, il me demanda si je voulais bien l'emmener avec nous, qu'il rêvait de ce voyage depuis toujours, qu'il se ferait tout petit et que s'il ne partait pas maintenant, il ne le pourrait plus jamais. Sans supplier, juste une demande, sur un ton neutre, prêt à entendre un refus, à vivre une Xème frustration, à l'accepter et à continuer à vivre avec.
Il me semblait qu'autour de nous les voix s'étaient tues, que la bulle dans laquelle il nous avait cachés, avait éclaté.
Un simple geste de ma tête, un murmure « impossible » furent la seule réponse. Rien n'avait existé. Nous avions juste un peu rêvé. Il n'en resterait aucune trace apparente. Un souffle d'air se leva, les deux hirondelles rejoignirent leur poutre.
Maintenant quelques femmes se levaient. Le signal du coucher était imperceptiblement donné. Quelques froissements de tissu, des frottements sur le sol et nous nous retrouvions un peu moins nombreux. Sans mouvement de masse, la véranda peu à peu se vidait, les ombres disparaissaient.
Le silence était maintenant total, la nuit noire, je ne me décidais pas à me lever. L'oppression de ma cage thoracique me figeait dans ma position, les genoux recroquevillés dans les bras.
Il n'y avait rien de moins mais quelque chose en trop.
 

1 commentaire:

Lìn a dit…

me revoilà, ah ce voyage, voyage voyage, qui transforme, font voir le monde sous un autre angle, une nouvelle vie peut commencer, ou se terminer illico si les habitudes reprennent leurs droits, leur force douce, mais cela reste bouleversant quoi qu'il advienne