Pour ce premier atelier de retrouvailles, nous avons opté pour l'écriture d'un texte avec phrase de début et phrase de fin imposées. Michelangelo a pioché dans la bibliothèque de Natô, un livre de Marc Cholodenko.
"Mais la nuit était arrivée comme le personnage qui entre juste pour annoncer (trop tard) ....."
A terminer par "Il n'y avait rien de moins mais quelque chose en trop."
Quelque chose en trop
Mais la nuit était
arrivée comme le personnage qui entre juste pour annoncer (trop
tard) que le spectacle était commencé.
Ils étaient tous assis
en cercle, certains discutant, d'autres jouant aux cartes ; de toutes
jeunes filles chuchotaient derrière leur paume en conque tendue vers
l'oreille de leur voisine, des femmes caressaient leur bébé tout en
lissant leur robe, au loin des chèvres bêlaient et on entendait
vaguement une poulie grincer. Le vent qui secouait les branches
quelques heures plutôt, s'était tu. Plus rien ne bougeait. Très
certainement de loin la scène devait sembler figée en un tableau
muet et sombre.
Lui, dans son coin
s'était approché de moi et cherchait à me parler sans se faire
entendre des autres. Il commença à me parler de sa journée, puis
me prit le bras qu'il caressait doucement. Lorsque les peaux furent
polies, lissées et chaudes comme du cuir, il me demanda si je
voulais bien l'emmener avec nous, qu'il rêvait de ce voyage depuis
toujours, qu'il se ferait tout petit et que s'il ne partait pas
maintenant, il ne le pourrait plus jamais. Sans supplier, juste une
demande, sur un ton neutre, prêt à entendre un refus, à vivre une
Xème frustration, à l'accepter et à continuer à vivre avec.
Il me semblait qu'autour
de nous les voix s'étaient tues, que la bulle dans laquelle il nous
avait cachés, avait éclaté.
Un simple geste de ma
tête, un murmure « impossible » furent la seule réponse.
Rien n'avait existé. Nous avions juste un peu rêvé. Il n'en
resterait aucune trace apparente. Un souffle d'air se leva, les deux
hirondelles rejoignirent leur poutre.
Maintenant quelques
femmes se levaient. Le signal du coucher était imperceptiblement
donné. Quelques froissements de tissu, des frottements sur le sol et
nous nous retrouvions un peu moins nombreux. Sans mouvement de masse,
la véranda peu à peu se vidait, les ombres disparaissaient.
Le silence était
maintenant total, la nuit noire, je ne me décidais pas à me lever.
L'oppression de ma cage thoracique me figeait dans ma position, les
genoux recroquevillés dans les bras.
Il n'y avait rien de
moins mais quelque chose en trop.
1 commentaire:
me revoilà, ah ce voyage, voyage voyage, qui transforme, font voir le monde sous un autre angle, une nouvelle vie peut commencer, ou se terminer illico si les habitudes reprennent leurs droits, leur force douce, mais cela reste bouleversant quoi qu'il advienne
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