J’ai
grandi trop vite, bientôt mes os ont failli
Dans
le pays
La
terre s’est effritée, les lacs asséchés
Les
hommes égarèrent la mémoire des Anciens
Leurs
paroles se perdirent dans les brumes
brûlantes
Les
enfants ne naissaient plus
Alors
les âmes. Errantes, sans répit
Les
corps affamés grossirent comme des balles
Le
temps se tassait. Les maisons se désagrégeaient
La
mine fermée, les hommes s’exilèrent
Seule
l’haleine des aboiements
Seule
la ténacité de la glaise
Seuls
des chacals fourvoyés
Et
toi, ça t’est arrivé comment ?
Quand
je partis du village mon souffle fondit, sans larmes
Dans
la plaine
Je
n’arrivais plus à respirer, à transpirer
Je
devenais comme nos lacs. Ma peau, lézardée
Je
pris des bus, des trains, fut jeté à terre
Je
mangeais la poussière, buvais la rosée
Parfois
des villageoises me donnaient du pain au maïs
Bientôt
je ne ressentis ni la brûlure ni la glace
Mes
pieds se figèrent, ne sachant où se diriger
Il
n’y avait aucune route, j’avançais vers le mirage perçu au loin
Je
perdis peu à peu la mémoire de Vous
Seule
l’odeur d’une ville suffocante
Seul
j’entrais dans le brouillard des ateliers d'usine
1 commentaire:
Quel texte émouvant, et sans avoir vu "l'objet" qui plus est. Bravo
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