Frondeuse, je reviens sur mon vol, je le frôle, je l'esquive, je le nargue. Il s'imagine mille pattes prêtes à s'agripper à ses cheveux, à le soulever de terre pour l'emporter vers quelque paradis sournois, vers le Lucifer de la nuit. Il ne veut plus rester seul dans le noir. Cette solitude l'encombre tout autant qu'elle l'effraie. Alors il allume son chandelier à quatre branches chiné il ne sait plus trop où, son grigri, son repousse- cauchemars. Une lueur, puis deux, puis trois lueurs et l'homme devient difforme, grotesque, le feu se joue de lui et je le vois devenir Grand Guignol lui, qui ne cherche qu'à plaire, obséquieux jusque dans ma chasse- poursuite.
Je sors de ma cachette et tente un nouveau passage. D'abord tout en lenteur puis je fonce en piqué, je bats des ailes, j'affole le flamme même si je sais me tenir suffisamment loin pour ne pas me brûler au feu du désir de le terrorriser.
Le piédestal du candélabre se fait lourd et tangue dangereusement dans sa main. Je bats en retraite à l'intérieur de la vieille grange d'où la tête en bas, accrochée à une poutre vermoulue, je surveille sa venue. Je le guette. Il me suit de peu. Fanfaron, il entre en vaiqueur, le chandelier éclairé tout devant comme le bouclier de sa conquête.
Quand j'agite mes ailes tout en lenteur calculée, les murs s'habillent et se déshabillent d'ombres dyonisiaques. Plus vite, plus vite encore, les ombres caracolent, il pivote d'avant en arrière, de droite et de gauche, fait volte- face. Je pique la mise en scène avant que d'entreprendre l'assaut périlleux, me cramponner à sa toison qu'il croit être d'or...
Chauve qui peut, j'ai enfin réussi!
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