Cela tire loin de ce jour, dans les parcelles d'un ciel quadrillé de toits que je contemplais jusqu'au bout du silence. Et lorsque je descendais les trois étages pour rencontrer l'ailleurs qui ceinturait ma jeunesse, c'était toujours les mêmes lieux où mes pas se repliaient. Des lieux dignes de cathédrales, qui faisaient battre mon cœur quand mes doigts caressaient le désir de ce qui restait désir. Je touchais la tranche des livres, en feuilletais certains, lisais des premières phrases, m'innervais dans ce songe des mots qui me rattraperaient.
Ce ne fut certes pas mon premier achat - les dates figurant sur la première page des livres que j'achète le prouve -, mais celui sans doute que j'ai le plus retardé. Pendant des mois, je suis allé le voir, le toucher, le respirer; j'ai pesé la nécessité vitale de sa possession, ai contrôlé sa disponibilité, son prix, ai posé les questions habituelles en ai-je vraiment besoin,est-ce raisonnable, ne puis-je vivre sans....Puis, je l'ai vérifié, le jour d'un anniversaire, suis sortie de la librairie avec l'ouvrage bistre entre les mains, le coeur cognant plus fort: "Gandhi et la non-violence" dans la collection des "Maitres spirituels". Il est toujours dans ma bibliothèque, je ne suis pas certaine de l'avoir lu jusqu'au bout....
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