Ceci est
mon antibiographie
Il y a un HLM des wc sur les paliers des usines des rues grises je suis née il y a près d’un siècle
et c’est un peu la réalité du
temps qui passe des déjeuners au café au lait brioches et lait concentré je
suis née femelle et à l’endroit repas
le soir préparé pour le père des sceaux d’eau lancés d’un balcon des mobylettes
une cour de récréation J’étais
dans une famille privilégiée vivant dans une grande maison avec des
animaux et deux jardins
il y a le goût de la craie l’odeur de la cire le crissement du stylo spécial
ardoises le vomi après la prise du biberon j’étais la
cadette des filles et la troisième d’une fratrie de cinq des doigts de main des ongles trop
durs du far à paupière rose mes
parents étaient très amoureux
il y a des jardins publics des carcasses de voitures des vitres cassées j’avais
l’estime de soi qui rend beau des
balles des élastiques des cris un vélo j’étais entourée et aimée
de plein d’amies de copains de cousins des frères du père une communion l’Ostie qui colle
sur la langue une robe blanche un panty des genoux cabossés le silence notre
mère avait une immense fierté pour ses filles
il y a une télévision qui ronronne des discussions politiques une camionnette
qui vend des glaces nous partions souvent en vacances un avorton des cigarettes pas de
téléphone la passerelle à l’école j’osais prendre la parole poésies
apprises par cœur l’angoisse des notes des exercices stupides un professeur de
danse narcissique j’ai appris le piano
il y a des myosotis une 2Cv du nougat du chocolat le tournis je n’ai jamais voulu faire du
cheval ni sauter en parachute des
vols dans les sous-sols des chauve-souris des chats sauvages du rock and roll
des chaussettes à l’étendage je
n’ai pas eu besoin de travailler le
Maroc la mer les plats de la grand-mère ma tante disait toujours que si
des choses ne tournent pas rond c’est que leur destin est d’être carrées la piscine la rue Loti le marché
un pont des petites maisons une Muraille de chine j’ai toujours été
riche
il y a l’argent la
créativité l’amour la reconnaissance la santé amen les stéréotypes les préjugés tenir les murs un portail
rouge une ciao des manifestations de lycéens je vis
maintenant dans une petite maison entourée de dépendances et
d’une immense roseraie
il y a des rires des faux-semblants des tordus un bulldog je change d’hommes comme de robes de la force des livres une troupe
de théâtre des partis politiques du kir et
je me dis qu’il est temps d’arrêter antidote
Antigone anti-pasta antidépresseur antirouille anticonstitutionnellement
anti-crevaison antisèche antique anti-âge antinomie antisystème antivirus
antilope antiquité anticipation Antioche antibiotique antichambre
antibrouillard antibactérien anti chute de fin
2 commentaires:
On peut lire aussi ton texte "en creux" ... en tout cas, le résultat de cette consigne est superbe
et on peut aussi le lire en bosses puisque de toute façon c'est une antibio
super intéressant. Mais je pense que ça gagnerait au niveau de la forme à être en bloc plutôt qu'en haché (décidément un coup je veux du haché, un coup je veux du bloc, pénible celle-ci !) sinon le bleu saute trop aux yeux et on passe sur le noir qui a bien à dire aussi
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