Fil
à la patte, filer la laine du temps ou rompre le lien qui retient à l’espace du
vivable ? Fil conquérant la lourdeur du bois entassé depuis des années
IL y a des bûches
en équilibre précaire, sèches malgré les pluies, tas de bois tant bien que mal
dans un pré penché, au milieu des débris
le
taureau du fond de l’enclos ne vient pas défoncer ces cairns
alors j’attends. Et j’entends le rugissement du silence de l’arbre-poulpe
ressens la transpiration de ses bras tordus tendus vers une sortie imaginaire, vers la lumière invisible
ressens la transpiration de ses bras tordus tendus vers une sortie imaginaire, vers la lumière invisible
IL y a l’hêtre
souffle suffoque sa solitude, chantonne enivré par ses racines qui prolongent
ses tentations au-delà la terre et du court fil qui le retient à l’espace du
vivant
je ne peux lui dire "désir"
l’immense
vallée nous sépare
Regarde
les villages au loin ! l Les espaces des vivants !
les
sommets enneigés lourdement posés dans la prairie jaunie parcourue par un chemin de pierre,
vagabond des gorges et des crêtes, des forêts des rivières supportant la charge
de la neige de printemps
le
ruisseau force le barrage neigeux crache sa fougue crie son droit de passage
quand
les névés menacent de s’effondrer
quand
les arbustes se tourmentent
quand
la vallée s’écarte pour laisser place au lac aux roches désaxées aux fugueuses
aux coureurs d’herbe fraîche
IL y a un fil
de fleurs jaune et rouge cherchant la verticale du vivant
là
entre ces blocs rocheux où je m’étends
libre
sous le toit protecteur mis ici pour moi et pour nous tous grâce à la générosité du
commun sous
le faîte de l’hêtre aux côtés des papillons immobiles retenus par un fil à la
patte.
3 commentaires:
Le rythme sec, haché, saccadé oppresse et exprime bien tous ces fils à la patte, entraves, ce taureau qui piétine et ces menaçants effondrements. Terrible kaléïdoscope
Une légère éclaircie à la fin ???
en fait, comme il s'agit de photos de différents paysages, ou de scènes liées à la prise de photos, je n'y vois pas de difficultés émotionnelles, mais plutôt des états de fait dont le "poids" fait solidité voire protection (montagne, force de la rivière, névés, cairns, tas de bois, arbre, faîte..), c'est du réel bien assis mais adossé à des possibilités d'ouverture, à des conditions de transformation...qui va au-delà des apparences, la nature semble immuable, or, elle bouge sans cesse, si l'arbre ne peut monter tout droit, il se tord à gauche ou à droite et renforce ses racines, etc. et les fils sont ce qu'il y a de plus provisoires : bien visibles mais peu significatifs en fin de compte? je peux mettre les photos éventuellement...
hé bien, sans doute y ai-je projeté ma propre angoisse ...
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