« Aujourd'hui
il a dit rien. Ces visages m'ont juste regardée, se sont contentés de me
regarder. Ils n'ont pas prononcé une seule parole pendant une heure
trente. Leurs yeux, leurs regards, leurs gestes, leur tenue
vestimentaire étaient assourdissants de présence et
d'interpellation. Ils criaient, me happaient, me faisaient signes ou
sourires. Mon âme tremblait de leurs souffrances ou souriaient de
leurs joies. Je comprenais leurs appels, je percevais leurs
désarrois, je n'étais pas dupe de la comédie qu'ils se jouaient
parfois. Mais j'étais là, acculée à mon siège, spectatrice comme
dans la vie, assourdie par leurs présences. Incapable de leur
répondre, je regardais et me contentais de regarder. Regarder,
écouter ne suffit pas, laisser l'autre hurler sa douleur singulière
sans lui dire qu'on la partage, sans lui tendre la main c'est le
tenir hors de l'humanité et s'en extraire soi-même. »
Ce texte m'a été inspiré par "Singspiele" le spectacle de M Marin vu hier à La Comédie de Saint-Etienne
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