L'heure est déjà passée, l'heure n'est plus à jouer des mots, l'heure est au chaos. Tant de mots à notre disposition et si peu de sens en commun. Tant de mots qui ne veulent dire que des tiroirs grouillants de vers. Il serait urgent que l'heure sonne, que l'heure de l'homme-poème s'apocalypse un bon coup. Le poème ne se relève qu'à grand peine, et il chancelle.
Je compte jusqu'à 10 - 3...4...
Le boxeur sue son poème de sang à grands gargouillis qui lui sortent par le nez et par la bouche.
Depuis moi je ne vois qu'un grand corps malade, agonisant.
L'homme poème mange ses enfants. Il recrache à flux tendus les petits os des phalanges et ronge les autres.
Toutes les alarmes hurlent en même temps. L'heure de l'homme poème arrive à grand renfort de feu. Il se tient encore droit 5...6...7... mais il n'y croit plus. Il tombe.
Je compte jusqu'à 10. Je me tiens au-dessus de lui, assénant le compte, sachant que s'il ne se relève pas à temps, je sombrerai aussi, englouti par tous les mots qui n'ont servi à rien, tous les chiffres qui ne comptent plus que pour du sable.
L'homme devient poème et s'en est fini de lui, de nous, des heures où l'on mangeait des cerises, où l'on caressait des textures douces. L'heure de l'homme devenu poème est un glas, une aube ultime, un dernier souffle. 9...10... KO.
1 commentaire:
Tu boxes les mots femme-poème et ils ondulent et ils riment avec toi.
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