Ce
sera l'histoire éternellement réécrite de ma bouche en tant que passage :
aller/retour ; dehors/dedans ; sec/humide. En d'autres temps, ce livre
s'appelait : "Histoire d'un manque d'amour chronique ou autobiographie à
usage interne". Comme une caverne à explorer, je descends au fond de mon
corps en passant par cet orifice et vais à la recherche de la réponse qui est
en chacun de nous.
Le
rasoir ouvert est une difficulté supplémentaire dans l'exploration de mon
moi intérieur car il s'agira ni de guillotiner ma vérité intérieure ni de
trancher dans le vif de la sujette.
La
fin s'il en advenait une, ne sera pas forcément happy, toutes les vérités ne
sont pas bonnes à exhumer, mais je devrais quand même en sortir vivante.
"Je vais faire sang"
Tout au
long du récit, le personnage féminin part à la recherche des liens de sang,
parfois sanguinolents qu'elle a hérités de ses aïeux.
Ni
pathos, ni mélancolie; il faut faire sang avec tous ceux et toutes
celles qui l'ont engendrée, afin de faire avec, mais bon sang (mais c'est bien sûr !) ne saurait mentir !
"C'est comme avec les trous"
Ce
livre très court n'a déjà pas été écrit.
C'est
un trou de silence où ne pousse rien pas même une verdure.
C'est
un livre qui ne doit pas être écrit. Les trous ne doivent pas être comblés, il
faut savoir laisser les trous en l'état, les trous noirs comme ceux des autres
nuances de rien et même les troulalalaitou qui sous leur air joyeux cachent parfois bien d'autres béances.
Il en
reste toutefois quelques fragments mités dont les contours sont aussi précieux
que des papyrus, que de saints suaires. On les retrouvera, tout trous qu'ils sont,
entre les points de suspension, entre crochets de bouchers et parenthèses des
absents. On les retrouvera dans les non-dits un peu fumeux, entre les branches
des arbres qui cachent des forêts brisées par des tempêtes, dans les cavernes
des bouches bées et dans celles de la carte, dans la structure même des
pierres, des pouzzolanes et des granits, des trous de carrières et des ventres
de maternité dont sont parfois nés des enfants-morts.
C'est
comme avec les trous sera le livre dans le livre.
S'il
avait été écrit, "C'est comme avec les trous" aurait sans doute valu à son
auteure quelque prix prestigieux, mais elle préfère la politique de la page
blanche.
"L'angle des pertes"
L'angle
des pertes est le 5ème tome de la saga intitulée
"La
cartographie des souvenirs"
Dans
le tome 1 "Sous les branches des
sapins sourds"
M. était encore enfant et l'auteure retraçait avec
force détails son implantation originelle dans la carte et plus
particulièrement sa vie joyeuse dans un petit trou (...) de Haute Loire.
On y croisait des ruisseaux et des pierres, des pierres et des vaches, des
pierres et des gens, et même des gens-pierres.
Dans
le tome 2, "la carte des visages
perdus", M. quittait son trou natal pour un bourg pas tellement
mieux loti en matière de nombres de photographes à l'hectare, mais pas mal en
cailloux sur les chemins, ce qui aura des répercussions indélébiles sur son
développement personnel. Le style de ce volume n'était pas sans rappeler celui
de Giono, qui lui aussi a tant aimé les pierres.
Le
tome 3 "on n'a pas le droit de
dire les noms", révèle un secret essentiel. Un jour que M. faisait
la vidange de sa 2CV, un événement avulsif vint bouleverser ses archipels
intérieurs et toute sa géographie s'en trouva éparpillée.
Le
Tome 4 "un éventail
d'ailleurs" : il y est question de sac à dos, de voyages
sans arrêt, sans retour peut-être. Des
ombres se prélassent entre 2 chapitres, des
regards inutiles accompagnent tant bien que mal le road-movie immobile
parfois, notamment quand le véhicule est en panne ou bloqué par des
circonstances exténuantes.
Le tome
5 conclut momentanément cette oeuvre magistrale, qui nous aura conduits
sur bien des voies de garage, nous aura livré pas mal de fake news avec de gros
morceaux d'auto-fiction dedans, et entraîné dans nombre de métaphores
géographiques dès lors que "Tout est
pays perdu". (Téléramage)
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