Miracle
des premiers jours, le soleil, le silence, aucun bruit dans la rue,
finie la rumeur de la ville au loin, le ciel tout bleu au petit
déjeuner, même les stries qui rayaient notre ciel ont disparu, plus
d'avion, seulement les fleurs partout dans le jardin, les chants des
oiseaux, la campagne à la ville.
Peu
à peu, les petites voix et cris des enfants commencent à manquer,
on se met même à remarquer (regretter ?) les ados descendant
bruyamment la rue, l'environnement semble bizarre, la chatte ne se
comporte plus tout à fait pareil, aux aguets, étonnée ...
Alors
comment est-ce que je vis ces jours sans but, sans objectif, sans
tâches, sans devoirs, mes jours hors du temps et des exigences que
je crois m'être imposés par la société, les autres, ? Les cinés,
les théâtres, les réunions ... ? Alors que c'est bien moi qui me
les impose, pour le meubler ce temps justement dont j'ai peur qu'il
se vide de tout et me retrouver face à … à quoi d'ailleurs ? À
moi-même ? Au non-sens de l'existence ? Ne serait-ce pas plutôt à
ma propre incapacité à vivre sans sens, sans direction, sans but, à
juste vivre et me laisser porter, juste ETRE sans « m'occuper »
ou occuper mon temps et remplir ma vie et ses heures.
En
fait, c'est bien ce qui se passe. Je me dis : « là, ce seront
bientôt les nouvelles de 18h alors t'as le temps d'aller écrire ton
journal », je regarde plus souvent le réveil ... sans
internet, ni téléphone depuis 4 jours, tout cela est encore plus
flagrant que les jours précédents.
Apprendre à juste ETRE, comme une fleur, comme un oiseau, comme ma
chatte, ne rien attendre ni espérer, juste être là à chaque
instant. Pas si simple !
Le
confinement me contraint à faire l'expérience de la « nudité »,
du « vide » et je résiste à me désencombrer, à
laisser se rompre les digues, à vivre un autre rapport au temps, au
monde, plus libre, à laisser le remplissage, si naturel au
quotidien, se disloquer. Un tel événement me montre soudainement
que je suis incarcérée dans le jeu de mes habitudes et de mes
pensées, mais si je parviens à l'entendre, cette soudaineté
m'invite à me dépouiller de mon ancienne peau, à me simplifier.
Elle me contraint à voir et débusquer mes faux-semblants et les
multiples compromis que je fais avec moi-mêmes. Alors
il faut oser la vie nue, plus de fuites possibles.
1 commentaire:
Merci Solange d'être intervenue sur le corps de caractères et ... courage à tous
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