à découvert
dans l’éblouissement du bleu émaillé
une chaîne de chants aux tons déchirés
écarquille les quartiers d’air en volutes indécises
fragmente l’atmosphère en passerelles de sons
et l’éclatement des notes tentaculaires
se ramifie telle une tache d’encre diluée
sur une feuille de papier humide et des arabesques
s’esquissent se tracent une forme prend vie
à la verticale d’un tourbillon
klasma écrit en écho à la première partie de l'interlude 4 des Vagues dont voici ma traduction:
Le soleil, levé, et non plus couché sur le matelas vert, décochant des coups d’œil intermittents au travers des joyaux délavés, dévoilait sa face et regardait droit par-dessus les vagues. Elles tombaient en un bruit sourd, régulier. Elles tombaient en une trépidation de sabots de chevaux sur le gazon. Leurs embruns augmentaient comme le ballottement de lances et de sagaies au-dessus des têtes des cavaliers. Elles balayaient la plage d’une eau bleu acier aux pointes diamantées. Elles allaient et venaient avec l’énergie, la musculature d’un engin qui déferle de vigueur encore et encore. Le soleil tombait sur les champs de blé et les forêts, les rivières devenaient des multitudes de tresses bleutées, les pelouses qui descendaient vers le bord de l’eau, devenaient vertes comme des plumes d’oiseaux ébouriffant doucement leur panache. Les collines, arrondies et enserrées, semblaient reliées à l’arrière par des lanières, tel un membre attaché par des muscles ; et les forêts qui se dressaient fièrement sur leurs flancs étaient comme une crinière coupée ras au cou d’un cheval.
Dans le jardin,où les arbres se dressaient, touffus au-dessus des plate-bandes, des étangs, et des serres, les oiseaux chantaient sous la chaleur du soleil, chacun pour soi. L’un chantait sous la fenêtre de la chambre ; un autre sur la plus haute brindille du lilas ; un autre sur le rebord du mur. Chacun chantait avec véhémence, avec passion pour que le chant jaillisse jaillir hors d’eux, et peu importait qu’il se brise sur le chant d’un autre oiseau en une âpre dissonance. Leurs yeux ronds se gonflaient d’éclat ; leurs griffes s’agrippaient aux rameaux ou aux barreaux. Ils chantaient, à découvert sans abri, face à l’air et au soleil, magnifiques dans leur plumage neuf, veiné comme un coquillage ou émaillé de lumière, barré ici d’un bleu doux, là éclaboussé d’or, ou rayé d’une plume brillante. Ils chantaient comme si leur chant leur était arraché sous la pression du matin.
1 commentaire:
Magnifique
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