Oiseaux déréglés, chaque année moins de doigts pour les compter.
Aucun jacarini sautant sur place les ailes en l'air pour montrer à sa
femelle sa tache blanche.
Rouge-gorge solitaire. Est-ce le/la même chaque année ? Combien
de temps vit un oiseau ?
Des pigeons, ça oui. Lundi dans le jardin, un ramier égorgé, un
éventail de plumes.
Quelques mésanges et quelques pies. Un pivert revenant, quelques pinsons
des arbres et trois moineaux.
Aucun petitduc faisant escale après avoir parcouru
Aucune perdrix rouge guettée par l'autour des palombes
Pas de cassiques cul jaune de Guyane dans son nid tressé et
suspendu
Pas de picolette précieuse qui sait tout chanter et en paye le prix
je pense au silence de confinement rempli d'oiseaux, au cri de chouette
dans les films, dès que l'atmosphère est crépusculaire
je sais bien que vous ne chantez pas pour me faire plaisir, que vous avez votre vie, mais comment vous dire que je suis contente que vous le fassiez
Et tous ces plumages, ces ramages, ces crêtes, ces chants cette
créativité infinie. Stridence, passion, véhémence, murmurations des étourneaux.
Psychologie du désastre. Je reste attentive, je compte sur vous
à partir de la phrase p.93 They sang, exposed without shelter, to the air and the sun" ils chantaient bien en vue, sans abri, pour l'air et pour le soleil,
Ma traduction
Le soleil, à présent levé, ne reposait plus sur un matelas vert, jetant un coup d’œil furtif à travers l'eau scintillante comme des bijoux, révéla sa face et piqua droit au-dessus des vagues. Elles tombaient avec un bruit sourd régulier. Elles tombaient comme fait le martèlement des sabots des chevaux galopant sur le gazon. Leur écume s'élevait comme le jet de lances et de sagaies au-dessus de la tête des cavaliers. Elles balayaient la plage de leur eau bleu-acier parsemée de diamants. Elles allaient et venaient sur le rivage avec l'énergie, la musculature d'un moteur qui déploie et réintroduit sa force. Le soleil tombait sur les champs de maïs et sur les bois. Les rivières devenaient bleues et enchevêtrées comme des tresses, les pelouses qui descendaient jusqu'au rivage devinrent vertes comme les plumes des oiseaux qui ébouriffent doucement leur plumage. Les collines courbées et enserrées, comme liées par des lanières, à l'image d'un membre lacé par ses muscles ; et les bois qui se hérissaient fièrement sur leurs flancs étaient comme la crinière bien taillée sur l'encolure d'un cheval.
Dans le jardin là où les arbres se tenaient lourdement au dessus des parterres de fleurs, des étangs, et des serres, les oiseaux chantaient dans le chaud soleil, chacun en solo. L'un d'eux chantait au-dessus de la fenêtre de la chambre, un autre sur le plus haut rameau du lilas ; un autre sur le rebord du mur. Chacun chantait de manière stridente, avec passion, avec véhémence, comme pour expulser le chant et peu importait si ce chant dissonait avec le chant d'un autre oiseau. Leurs yeux ronds brillaient de mille éclats : leurs serres agrippaient le rameau ou la rampe, ils chantaient bien en vue, sans abri, pour l'air et pour le soleil, magnifiques dans leur plumage tout neuf, veinés de nacre ou éclatants, ici strié de bleu pâle, ici éclaboussé d'or, ou rayés d"un duvet brillant.
1 commentaire:
Ton texte me touche beaucoup. Qu'ils manquent ces oiseaux et comme déjà je me souviens comme ils étaient nombreux quand je m'avançais dans les champs, dans leurs chants. Parfois ici, en passant près d'un cyprès je les entends innombrables, se savent-ils menacés ?
Je les guette au petit matin, en début de soirée, à ces moments où ils chantent ma joie (leur joie ?), nous avons la chance de les entendre encore triller, roucouler, s'égosiller (ils sont parfois si petits qu'il y a de quoi s'étonner d'une telle vigueur de chant dans un si petit corps).
Merci pour ce joli texte
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