mardi 30 novembre 2010

Encore des dos

En écho au très beau texte de Lìn sur les dos, voici ce que nous offre le blog d'E Chevillard "L'autofictif" aujourd'hui :
"Nous passons beaucoup de temps devant l'ordinateur, en conséquence de quoi notre dos -qui ne se caractérise déjà pas par son ouverture et sa curiosité- devient de plus en plus stupide, et non moins obtus pour tout dire que celui de l'écran"

lundi 29 novembre 2010

au secret







l'obligation de ne s'exprimer que très lentement

les isolements, impensables parfois

les apparitions,
par exemple un troupeau de chats habiles à faire des grimaces,
ou même à fredonner de vieux standards tous en coeur

l'obsession pure de la description si blanche

l'intensité dont on ne sait vraiment presque rien

l'entrée ruisselante dans la grotte sèche de l'énigme



franck andré jamme
extrait de "au secret"

quand l'écriture nous met en doutes,
il est bon de recopier la voix d'un autre, surprise à dire ses poèmes à la radio,
comme de lire vos plumes-amies



dimanche 28 novembre 2010

chute de neige



«il neige»


sur la crinière blonde

cheveux dénoués

des fils à soi

abandonnés

coupés

répandus


«il neige»


sur la toison

de la reine des neiges

mèches tranchées

humides

mises à sécher

à l’horizontale


«il neige»


choir et voir

1 choux-fleur

2 pétales de sucre-glace

3 pâtés d’esquimaux

4 mini-igloo ensevelis

5 cumulus cristallisés

... chair de poulette


mes yeux

gauche droite gauche

lisent le paysage mouvement

avant arrière avant


la chevelure

chaud animal

recouvre tout

m’enveloppe


en silence

dans sa fourrure reposer mes cils


neige-t-il ?




samedi 27 novembre 2010

ceci n'est pas une sculpture de béatrice

c'est quand même une oeuvre déposée dans un coin de la Pinède, mais ce n'est pas signé... mais ça se comprend...

vendredi 26 novembre 2010

PHOTOS DE TRAVERSE 3 & 4

Elle a rejoint l'été
la neige
et ses cheveux de paille
matelas de lumière
qui s'étale
impudique.
Flotte le vent dans
la résille odorante
des ondulations sensuelles.
L' enfant se perd
dans le séisme doré
à l'or fin.
Partage des eaux
il ouvre une main.
Un cristal de neige vient
se poser sur le front
de l'oiseau.
Décoration funèbre
pour une mort
violente.
Il referme la main et
il serre, serre
jusqu'à l'étouffement
pour tuer le bonheur
qui s'affiche
blond
dans les fils ondoyants
du monde.

mardi 23 novembre 2010

Petite chanson du soir, désespoir

Il arrive que la réalité ne soit qu'une foire aux racines nues, il arrive que l'image s'arrête alors que la vie continue et que cet instant épinglé sur notre rétine nous tatoue à jamais dans le coeur une sensation qui sans elle, aurait glissé sans ravage hors de nous, dans le sillage du temps et des instants, dans le cimetière des images non perçues.
il arrive que sous le duvet la croûte soit intacte, que sous la chevelure poussent des corbeaux. il arrive que sous le flot soyeux des lignes roussillantes plus personne n'enfouisse jamais ses mains, il arrive que sous la neige patientent les taupes endormies, les prochaines primevères, les salades composées.
Il arrive que les oiseaux écrasés soient plus présents photographiées que dans la vraie vie, parce que l'immobilisme qui les cloue au sol comme un papillon dans la boîte de l'entomologiste les cloue définitivement à notre regard, il arrive que les images soient plus pénétrantes que les caresses, il arrive que la vie nous en fasse voir de toutes les couleurs, et que parfois la couleur vire au cadavre, il arrive que les baigneurs ressemblent à des poupons  de plastique,
il arrive que dans l'eau s'enfonce Virginia Woolf, qui malgré sa grande douceur, le regard aimable de ses compagnes et compagnons, malgré les promenades au phare et mrs Dalloway, malgré les beautés et la magnificence de son intelligence par elle offertes au monde, il arrive que le désespoir de soi-même lui ait fait remplir ses poches de pierres et que sans qu'il n'y ait jamais eu de témoin pour la transmettre, on ait en soi l'image filiforme de la belle silhouette s'enfonçant lentement dans les eaux noires et glacées.
Et puis un jour il n'arrive plus rien

lundi 22 novembre 2010

Vision de loin, vision de près

Il en est de certaines photographies comme de la réalité elle-même. De loin, tout paraît simple, ordonné, les masses s'équilibrent, l'ensemble fait sens clairement. On y voit de grandes lignes de forces, accentuées par les couleurs. La vision est claire. Là où tout se complique, c'est lorsque l'on approche. Comme dans le monde réel, plus je zoome, plus je viens tout près, plus je mets le nez dedans, plus tout devient complexe.

Le ciel étoilé d'été, observé en plein mois d'août, expose ses grandes constellations qui permettent à l'homme depuis des siècles de se repérer dans la nuit, où qu'il soit sur mer ou sur terre. De grandes figures nommées, répertoriées, positionnées. Aussitôt que je les observe à la lunette astronomique, les figures disparaissent, restent des points lumineux bien difficiles à focaliser. L'homme en créant des télescopes de plus en plus puissants, en se rapprochant toujours plus, trouve le chaos, une bouillie primordiale constamment entrain de se désintégrer. Nous passons de l'évidence à l'incompréhension.

De loin, un bouquet de mariée, de la vie rouge bouillonnante, une échancrure de vie dans le gris du bitume ; de près, un oiseau écrasé, du sang expulsé du corps par la violence. Là, un enfant au bain, plus près un étrange regard et une peau diaphane figés dans une pose immuable. Ce qui semblait vie rouge et explosion d'allégresse est de la mort et l'enfant inquiète, dérange qui le regarde un peu de près.

Je sais avec certitude que sous cette neige bleutée, immaculée qui m'éblouis de sa blancheur se cache quelque chose qui apparaîtra au dégel. Quant à cette chevelure qui appelle les caresses, cascadant sur des épaules, ce n'est qu'en retournant la photo que je réalise que je ne la regardais pas dans le bon sens, et le sens disparaît -mon sens-, je dois réorienter ma compréhension. J'agrandis l'image, je zoome encore : apparaissent des creux, cavernes sombres. J'écarte de mes mains cette paille, mais n'ose pénétrer plus avant, l'ombre est trop épaisse, je vais être happée, y perdre le nord.

Kaléidoscope ... suite



De minuscules étoiles de neige recouvrent maintenant toute la surface. Je reste totalement immobile, figée dans cette lente, dense, compacte, dégringolade blanche. Le très léger son des cristaux emplit ce que j'avais, au premier abord, pris pour du silence, d'un très doux chuchotis. Sans cesse, la couche s'épaissit suivant les aspérités du socle ; peu à peu, creux et bosses s'accentuent, brillent ou s'emplissent d'ombres bleutées. Cette neige et sa lenteur semble ne jamais vouloir s'arrêter, une neige sans froid, épaississant le silence, le froissant. J'assiste incrédule à cette interminable chute floconneuse, absorbée par son murmure tranquille et monotone. Cet univers, effrayant de l'extérieur et dans lequel j'avais pénétré par mégarde, s'est transformé en une immensité vierge de toute trace, immobile et apaisante. C'est toujours au beau milieu de l'hiver, dans la blancheur de la neige, me dis-je, que la princesse perd trois gouttelettes de sang rouge et que, selon son souhait, l'ange-enfant naît aussi blanc que la neige, aussi rouge que le sang. Mais, que vient bousculer ce brusque coup de vent, vent de sable, chaud, balayant tout sur son passage, crinière volante, immense chevelure dorée qui ondule en vagues et boucles, queue de comète échevelée, éclairée de l'intérieur, crissante ? Je sens mon corps traversé par sa chaleur et déporté par le mouvement qui m'entraîne sur la gauche. Je perds l'équilibre et m'adosse à la paroi de verre.

La couche de neige imperturbable – neige sans froid, neige qui enferme la mort - continue d'augmenter et malgré mon brusque déplacement, à rester vierge.

dimanche 21 novembre 2010

Photos Valérie

Auburn, c'était la couleur de de tes cheveux.
Ils étaient si vivants, ils faisaient des vagues encerclant ton visage le rendant lumineux.
Un soir de Janvier tout c'est arrêté 33 ans de vie.
Il me reste une mèche que j'ai voulu conserver
En bruit de fond Dalida chantait "parole parole" et toi tu te vidais de ton sang.
Il y a trente ans de cela mais c'était hier aujourd'hui, maintenant.
Je n'ai pas pleuré, je m'activais auprès de ton enfant, pendant que ton sang s'écoulait, une hémorragie, qu'on ne pouvait pas endiguer.
C'est la première fois que je peux mettre en mots  l'émoi qui  était le mien, je regardais notre maman qui elle aussi faisait comme si rien ne se passait, hôpital nous appelait mais on n'avait compris .
Il n'y a pas eu de blanc dans tes cheveux, et en regardant encore la photo, je vois un point d'interrogation, tu
n'as pas blanchie, tu es partie sans bruit et tu m'auréoles tous les jours de cette couleur auburn que j'aimais temps, ma soeurette aux cheveux écureuil.
Tu es juste à coté tu as laissé la porte entrebâillée où dans longtemps j'espère je pousserais l'huisserie, tu m'attends dis.
Jeannine de Dallas

le vêtement des 4 saisons

I. été. Je cherche un lieu de bivouac. Non-lieu pour l’angoisse et la tristesse, lieu pour reprendre des forces, pour la dispersion des cendres quand la note finale aura été chantée. L’hôtel, vissé aux maisons de l’étroite rue du village, regarde la montagne. La chambre est claire, sobre. Le grand lit occupe la quasi totalité de l’espace, un passage réduit mène à la salle de bain. Les parquets en bois grincent sous mes pas. J’ouvre la fenêtre, l’air frais s’engouffre. Derrière le toit de la maison d’en face, les pâturages escaladent les roches jusqu’aux cimes des mélèzes. Fracas soudain, pierres décrochées. Invisibles. Hier, Elle m’a dit qu’elle n’était plus amoureuse, définitivement. Elle l’a dit avec tendresse, dans l’obscurité de la chambre. Ses vingt-quatre semaines d’hésitations, de relances, d'enlacements ; mes vingt-quatre semaines d’espoir envers cette femme qui occupe l’espace comme d’autres réfléchissent la lumière. « Spatiogénique » plutôt que photogénique. Ses mots « je ne suis pas amoureuse ». En venant me voir une dernière fois, elle savait qu’elle les prononcerait plus tard. Durant la journée, elle a fait mine de rien, sa présence attentive m’a étonnée. J’aurais dû reconnaître le déploiement de couleurs qui précèdent la mort des arbres et des fleurs. Elle s’est intéressée à mes livres, à mon activité du jour, à mes chaussures même. Elle ne voyait pas le chagrin derrière mes lunettes de soleil. Elle se sentait bien dans ma maison. L’a dit. Je supportais le poids de ma tendresse inféconde.
La nuit recouvre la chambre solitaire. Je dors mal, j’attends ; son appel ? Il n’y aura plus d’appel ; le chant du coq. J’attends dans ce grand lit froid. Je pense à elle. Durant ces semaines elle n‘a eu de cesse de me raconter d’anciennes histoires sensuelles et de m'exciter. Elle ne cesse de parler, de tout, de rien, de son passé, de ses amants. J’écoute, je souffre. Je prends sa main, elle la repousse. Je lui dis ma souffrance, elle rit puis s'agace. S’agite. Reprend son Dit interminable. J’adopte un silence mutique, j’endosse la douleur, elle s’incorpore et devient peau.
La patronne pose le thé et une corbeille sur la table, sans un mot. Des carrés de beurre et des cylindres de confiture accompagnent les tranches de pain. Je déjeune en dix minutes, pressé de partir de l’endroit. Je prends le sac à dos, la porte chante en s’entrouvrant.
II. Automne. Je commence la montée dissimulé derrière mon chapeau. Le soleil chauffe le corps, le sac s’alourdit comme si la chaleur déposait une pierre supplémentaire à chaque pas. Les cuisses brûlent. Les cailloux glissent sous les pieds. Je me souviens de ce bivouac avec un copain et ses enfants. Je revois la lourdeur de leurs sacs à ces mômes âgés alors de sept et neuf ans, la grande tente plantée devant le lac Lérié. Ce soir je serais seul près d’un autre lac. Le jour s’était estompé progressivement sur la Meije. Là, le coucher de soleil rougit les roches dont je ne sais le nom. Je retrouve la paix, malgré les premiers bruits de la nuit. Tous les quatre là-bas devant la Meije, je veillais sur eux. Ici, j’écoute pour personne. 8h du matin. Reprise du chemin pour la descente, dans la fraîcheur de l’ombre matinale. Corps courbaturé comme après la première étreinte avec Elle. Des caresses. Mon corps accueille le chaos, répond à sa violence. Nos mains se tiennent. Douceur infinie de nos ivresses. Vomissements étouffants. Impression de mourir, étendu dans ce même lit où quelques semaines après elle dira « je ne suis pas amoureuse ». Immobilité des corps asséchés. Va, va où tu veux. Prends soin de toi.
III. Hiver. Cette femme me tend le miroir de la commedia del arte. S’y reflète mon double visage souriant et triste, lumineux et sombre, jeune et âgé. Dans les bons moments, j’y découvre la grâce. Quelques heures plus tard, son indifférence pointe le doigt sur mon insignifiance, la disgrâce de mon corps. Elle, elle attirée par la flamboyance. Pourquoi être sans cesse revenue vers moi durant ces mois, après ses disparations silencieuses et inquiétantes durant quelques jours ? Durant l’attente, mon corps salive en retenant le désir qui ne peut être partagé. Qu’est-ce qui m’a pris de lui dire « je t’aime je crois » ? « Tu es importante pour moi ». Mon aveu l’a prise de court. Elle a compris : « tu me plais, je veux coucher avec toi ». D’abord, elle refuse. « Restons en là ; c’est mieux ». Mon sourire gêné cache mon désarroi. Je viens de tout gâcher. J’ai honte. Pas de nouvelles durant deux semaines. J’ai renoncé. Elle réapparaît un soir, souriante, disponible. Disparaît encore. Je renonce à nouveau. Puis elle rappelle à nouveau. Qu’est-ce qu’elle veut ? Jouer avec moi ? Me rendre fou ? Je ne viens pas tout de suite. Le rendez-vous arrive une après-midi de tempête de neige qui bloque les routes. La voiture dérape, se reprend in extremis. Que vois-je en elle ? Je raconte son parfum attrapé au vol, son silence intempestif, sa joie.
IV. Printemps. Bivouac. Nouveau lac en contrebas du pierrier. Minuscule. Le soleil l’éclaire et dépose sur le pré l’opacité ombrageuse de la montagne. Trois jeunes gens me suivent de quelques centaines de mètres. Ils s’arrêtent un instant au bord de l’eau puis poursuivent leur descente vers la vallée. Enfin seul. J’installe la tente dans un enclos de cailloux, un abri désuet contre le vent. Je bois un peu de thé du thermos. Le silence se dénoue avec le chant des insectes. Un cri de marmotte. Le temps se rafraîchit, je tousse. Le ciel s’assombrit, la nuit arrive brusquement. J’entre dans la tente, très basse. Le sol est dur. Le plus angoissant en randonnée est l’orage qui craque et raisonne entre les vallées, la pluie froide et drue transperce les vêtements de pluie. Le pas devient glissant sur les roches mouillées. L’inquiétude ambivalente prend les marcheurs dans un drap d’eau qui semble les protéger contre d’autres dangers insaisissables. Les dos courbés continuent leur marche.
L’onde de choc a été provoquée un dimanche matin, dans le salon, les enfants assis face à nous. Ils ont pleuré dans les bras de leur mère, pas dans les miens, je n’ai rien dit, j'étais en faute. Puis ils sont retournés jouer dans leur chambre reprenant leurs activités avec légèreté.
La nuit est froide à 2200 mètres d’altitude, la couverture de survie réchauffe. Vers 5 heures du matin je la soulève pour enlever l’eau qui s’est formée et mouille le duvet. A 7 heures, je sors difficilement de la toile. Le sol est couvert de givre. Mes mains sont gelées, le thé du thermos est tiède. Je replis bagage. Lever du soleil derrière mon dos, allumant peu à peu la montagne que je ne peux voir.
Nous nous sommes revus pourtant, une ultime fois. Elle m’a enlacé sans élan amoureux, comme si elle s’entraînait pour un autre. Elle s’est mise soudainement en colère. Puis a dit, comme à moitié ivre : « Pas la peine, oublie-moi ».
Je cherche mon ultime lieu de bivouac. Un espace à l’abri du vent qui prend soin des émotions. Un enclos pour recevoir les dernières traces de la vie, ses poussières. Bruit de la pluie sous la capuche. A-t-elle vraiment existé ? L’ai-je simplement imaginée ? Son mari l'a reprise. S'est-il rendu compte qu'elle lui était importante ou bien était-il trop seul désormais qu'il n'était plus avec l'autre ? Peut-être un peu les deux. J’étais son pantin, son amuseur de foire ou bien m'a-t-elle "aimé" juste ce qu'il fallait pour que ma présence lui apporte le soutien dont elle avait besoin pour sortir la tête de dessous les vagues ? une présence comme autant de minuscules bulles dans le champagne, sans grand intérêt les bulles, mais indispensables pour faire le goût du vin ? Peut-être un peu les deux.

première photo valérie

est-ce la lune que Neil Amstrong a foulé le 21 juillet 1969 ? non c'est plutôt une neige cotonneuse, qui n'arrive pas à se fixer, car le vent la pousse la soulève, la tourbillonne.Le bleu, c'est l'illusion la lumière le ciel qui ne veut faire qu'un avec  cette surface blanche, alors il perce , il se faufile tout n'est que dans l'oeil, qui regarde différemment qui essaye de s'accrocher aux cavités dans les trous bleus peut-être est ce de l'eau ?  des poissons vont sortir, un sous marin va apparaîtra ce sera la débâcle, c'est intriguant, et rassurant c'est absurde, mais c'est vivant..    




Jeannine de Dallas                                                                                                           

samedi 20 novembre 2010

Polvere di gesso

Afin de prolonger une soirée où nous nous sommes retrouvés nombreux "de la brise" et  dire aux autres ce qu'ils ont raté, une chanson de Gianmaria Testa qui a une belle présence sur scène (sans parler des musiciens qui l'accompagnaient...).  Nous sommes sortis de là légèrement envoûtés....
Pour Béatrice: note que tes trois élèves (très studieuses ) travaillent en soirée pour progresser dans la langue italienne!

jeudi 18 novembre 2010

départ suite

Assailli de toute part,tantôt effleuré,tantôt déchiré,il ferma les yeux sous la violence des attaques,puis submergé par cette sombre multitude piaillante et agressive,il sentit monter en lui une immense fatigue. Derrière ses paupières meurtries,l'image de l'enfant endormi s'auréolait maintenant d'une mousse duveteuse aux reflets sépias,image aux contours déjà flous,fuyant sans cesse les efforts désespérés qu'il faisait pour la maintenir en lui. Un coup de bec plus violent que les autres lui arracha une plainte sourde qui loin d'effrayer les oiseaux,les excita encore d'avantage. Des blessures de son crâne lacéré,le sang ruisselait jusqu'à la commissure des lèvres;il en goûta l'étrange fadeur,ce fut sa dernière sensation avant de sombrer. Les oiseaux s'acharnèrent encore un moment, emportant dans leurs griffes terreuses, des lambeaux de vêtements mêlés aux mèches de cheveux sanguinolentes aussitôt dispersées par les assauts du vent,puis lassés de ce combat inégal, ils abandonnèrent ce jeu devenu ennuyeux et un lourd silence envahit le sous-bois. Quelques flocons commencèrent à se poser sur lui,disparaissant au seul contact de son corps encore bouillant de la violence de l'attaque. Puis la neige se mit à tomber en abondance;en quelques minutes,il fut recouvert d'une pellicule glacée qui lui paralysait les membres . Ses efforts pour se relever se heurtaient à cette blanche camisole enveloppante. Il cessa de lutter. La couche s'épaississait:on ne voyait plus qu'une sorte de monticule allongé,d'où émergeait le vieux fusil maintenant inutile. Pour ne pas sombrer de nouveau, il s'accrocha désespérément à l' image d'Emma abandonnée dans la chaleur des draps mais cette vision appartenait désormais à un autre monde. Il aurait tant aimé se noyer dans la masse de ses cheveux roux,couvrir ses blessures de leurs douces caresses et se blottir dans les méandres de ce corps si familier perdu à tout jamais.

le conteur

Un conteur qui vivait seul au bord d'une autoroute,dans une vieille caravane rouillée,se réveilla un matin ,transi,la barbe gelée par les premiers frimas de novembre,se leva d'un bond,serrant contre son coeur la lettre qu'il avait reçue la veille,relut avec avidité ces quelques lignes jetées sur le papier taché de sueur nocturne,ferma les yeux avec violence,vit apparaître derrière ses paupières meurtries,l'image tremblante de son fils disparu depuis des années se figeant dans une étrange pâleur,se leva lentement pour atteindre le réchaud ,fit chauffer un reste de café de la veille,le but sans hâte, laissant couler en lui cette brûlure glacée, décrocha son vieux manteau parcheminé, sortit affronter la zone embrumée qui cernait la caravane abandonnée ,s'en alla chancelant le long de la voie ferrée,laissant de douloureux souvenirs l'envahir où se mêlaient des sourires et des larmes dans les yeux de son enfant quand il racontait des histoires sous les préaux des écoles,sentit contre sa joue rêche l'effleurement oublié d'une caresse enfantine, avança dans l'épais brouillard ,luttant contre cette glu acide qui rendait sa respiration douloureuse,aborda enfin la barrière agressive des premiers immeubles surgis des champs figés dans l'aube terne de novembre ,chercha dans sa poche le précieux message, relut encore une fois ces quelques mots griffonnés ,essaya de déchiffrer l'adresse effacée,ne comprit pas le nom de la rue ,demanda l'aide d'un passant qui lui indiqua l'hôpital de la ville ,ce mot fit poindre
des perles de sueur glacées sur ses tempes grises et ses yeux se brouillèrent,gravit l'escalier, se dirigea vers une chambre d'où filtrait une froide lueur,poussa la porte entrouverte, découvrit le visage de son fils d'une pâleur quasi irréelle,les yeux agrandis par la fièvre,étendu dans la moiteur du drap chiffonné ,approcha son oreille jusqu'au bord de ses lèvres sèches et entendit dans un souffle tiède :
« j'aimerais que tu me racontes une histoire........ »

Liste de quelques uns des "ouvrages relatifs à l'amour, aux femmes et au mariage et des livres facétieux, pantagruéliques, scatologiques, satyriques", etc. [première partie : ALMANACHS]

Almanach anacréontique ou les ruses de l’amour - 1789
Almanach bachique qui durera autant que le bon vin, et le moyen très facile pour savoir en quel temps il faut planter et semer les choses nécessaires pour éguiser [sic] l’appétit et la soif (sans date)
Almanach (l’) burlesque, et pourtant véridique, contenant maintes joyeuses prédictions, et plusieurs secrets admirables, très utiles à ceux qui n’en ont que faire – 1733
Almanach chantant -1761
Almanach couleur de rose –1771-1778
Almanach cul-à-tête, ou Etrennes à deux faces, pour contenter tous les goûts
Almanach d’ainsi va le monde
Almanach d’amour - 1665
Almanach de Bruxelles la nuit –1876, rédigé par une société de noctambules bavards
Almanach de calembourgs -1771
Almanach de ce qui plaît aux dames -
Almanach de l’année galante –1765
Almanach de la Femme – 1876
Almanach de la galanterie sans apprêts –1775
Almanach de la goguette –1848
Almanach de l’Ami des Dames et des demoiselles
Almanach de l’amour et de l’amitié – 1809
Almanach de nos grandes femmes (Londres) 1792
Almanach de nuit (contenant des anecdotes nocturnes)
Almanach des adresses des Demoiselles de Paris, de tous genres et de toutes les classes, ou Calendrier du plaisir, contenant leurs noms, demeures, âges, portraits, caractères, talents et le prix de leurs charmes ; enrichi de notes curieuses et d’anecdotes intéressantes – 1791
Almanac (sic) des Belles – 1676
Almanach des bons enfants, avec la loterie des bijoux chantants – 1757
Almanach des Cocottes – 1867
Almanach des Cocus, ou Amusements pour le beau sexe pour l’année 1741. Ouvrage instructif, épigrammatique et énigmatique, dédié à la jeunesse amoureuse par un Philosophe garçon –1741-1743
Almanach des Cocus, par un homme grave, membre de l’Académie des sciences morales – Paris, Labitte – 1847
Almanach des Coquettes, où sont contenues les bonnes et mauvaises rencontres de l’amour en tous les mois de l’année – 1657
Almanach des Dames et des Messieurs ou Alphabétomanie –1757
Almanach des Dames ou Description de ce qu’il y a de plus curieux dans les moeurs, les usages et la figure des femmes – 1757
Almanach des Demoiselles, contenant le rapport des quatre âges aux quatre saisons, ouvrage récréatif, instructif, historique, énigmatique. 1746
Almanach des Femmes célèbres, par leurs vertus, leur science et leur courage – 1879
Almanach des filles à marier –1812
Almanach des Folies galantes -
Almanach des halls et des ports -
Almanach des honnêtes Femmes –1790
Almanach des jolies Filles –1879
Almanach des Maris – 1876
Almanach des Muses – 1795-1833
Almanach des mystères de l’amour conjugal –180-1852
Almanach des oracles de l’amour
Almanach des plaisirs – 1775
Almanach des Prédestinés – 1848
Almanach des ridicules
Almanach des ruelles –vers 1752
Almanach des Voluptueux avec figure de femme nue à mi-corps – 1858
Almanach du beau sexe
Almanach du Boudoir – 1880
Almanach du Diable, contenant des prédictions (en vers) très curieuses et absolument infaillibles pour les années 1737 et 1738
Almanach du mariage, par un Philosophe garçon –1734, fig. dont une représentant le Magasin de cornes et une carte de l’Isle du mariage
Almanach du sentiment, présentable aux personnes délicates – 1760
Almanach du Trou-Madame, jeu très ancien et très connu et la cause de presque toutes les révolutions - Paris, Tripier 1791
Almanach nouveau de l’an passé ou Almanach puce –1873
Almanach perpétuel de l’amour
Almanach pointu
Almanach poissard ou Etrennes polissonnes –1760
Almanach polisson –1759
Almanach pour les jeunes gens, qui se destinent à entrer dans le monde ou les Complaisances amoureuses – 1762
Almanach terrestre ou Prédictions érotico-comiques -1713

mes cadeaux d'anniversaire du mois de novembre

Sensations tactiles d'après photos 3 et 4 (II)

Yeux bandés / massage F.
J’imagine la transparence d’une beauté traversée par le bleu pâle des veines, je sens le spasme ocre qui ouvre ma main, fleur de neige sous doigts frais. Glissade soulevée par la sueur, j’entends le désir des seins. Attente. Frôlement des cheveux que je sais blonds et foncés. Les poils se soulèvent sur le duvet des bras. Longs et clairs ils contrastent avec la chevelure érogène foncée et courte, du dessous des bras, entrelacée et piquante, du pubis rasé. Caresse lisse des cuisses rebondies, muscles qui se tendent, d’un coup sec. Peau frissonnante. Genoux légèrement calleux. J’imagine son sourire sous l’effet de la chatouille ; mouvements des orteils. Vif retournement. Plat ventre. La main remonte maintenant sur la frêle cheville. Contraste avec les mollets, toniques comme s’ils amorçaient un bond. Frissons sur les fesses, cellulites creusant des bosses molles, l’image du flan n’est pas de trop. Je souris. Elle n’aimerait pas. Oh pas du tout. Je passe vite sur les hanches je malaxe, détente, soupirs. Revenir au sacrum. Zone sacrée et sensuelle, elle aime. J’insiste. Puis, lentement, remonter, remonter, vertèbre par vertèbre, sans oublier les masses enveloppantes et protectrices sur les côtés. Mon corps est tendu lui aussi. Ma main se fait pressante. Adoucir, alléger. Respirer. Attention le danger arrive. Se concentrer sur les épaules, passer les mains sur les bords des omoplates, frôler les seins, comme par inattention. Revenir sur les épaules. La nuque. Glisser les doigts dans la chevelure, tendrement puis fermement ; fermeté qui dit le désir. Sans insister. Les yeux écoutent, les doigts entendent.

Sensations tactiles d'après photos 3 et 4 (I)

Yeux bandés /massage H.
Mes mains abordent la peau tiède, des reins à la nuque. Faibles tressaillements nerveux. Doigts légers dans l’épaisseur du dos. La pâte est rebelle. Nœuds tenaces autour de la colonne vertébrale. J’hésite entre frôler, polir à l’huile, enfourcher pioche et crampons en vue d’attendrir la glace cachée sous la fine pellicule neigeuse de l’épiderme. Patience. La paume remonte sous les cheveux épais, tricotage en sol majeur et auriculaires pianissimo. Gammes hésitantes. Sursaut au bruit du soupir. Agacé, impatient ou détendu ? Des grains légers se détachent sous les frottements, j’en profite pour accentuer un peu le rythme, d’abord de manière imperceptible, puis avec engagement. Les mains agissent maintenant seules. La conscience décroche, le corps au service des pouces. Pas de carte à suivre. Pas de panneau indicatif. Dans l’abandon, les doigts perçoivent la résistance, la triturent à la volée. Un baiser. Détente. Picotements comme une pluie légère faisant fondre les flocons. Vertigineuse descente des reins. L’arrière des genoux. Appuyer sans forcer. Et tirer un peu sur les jambes lourdes pour les retourner. Le dos claque, les bras s’en remettent au vent puis retombent le long du corps. Mains posées sur le ventre. Ronds dans la sueur remontant sur le sternum, descente glissante sous les adducteurs, peau froissée, eau à la bouche. Tension arquée, caressée entre petit doigt et pouce. Langueur. Ventre contre ventre. Chevelures bouleversées. Yeux fermés.

écriture et photographie



hier soir, seconde séance de notre chantier à partir des photographies de valérie orgeret, où nous découvrons ensemble les deux nouvelles images qu'elle nous propose ; le travail amorcé peut continuer : histoires, nouvelles, fragments courts, sensations poétiques, recherches de mots, accumulation de matériau de construction d'écriture ... accordons-nous toute liberté


mercredi 17 novembre 2010

départ

Ce matin-là, le père avait décroché le fusil de chasse suspendu au-dessus de la cheminée, avait quitté la maison aux premières lueurs de cette aube glacée de mi-novembre. Un profond silence, à peine troublé par quelques cris d'oiseaux, enveloppait la campagne embrumée. Ses bottes s'enfonçaient dans les ornières jonchées des dernières feuilles rousses que le vent violent de la veille avait arraché aux arbres. Il laissait derrière lui, Emma encore endormie dans la douce moiteur des draps,le visage noyé dans la masse rousse de ses cheveux. Préssentant son départ, elle avait esquissé vers lui un geste un peu gauche à la fois tendre et suppliant pour le retenir un instant et prolonger un peu l'étrange magie de cette nuit où le plaisir s'était si bien mêlé à la nostalgie des étreintes passées. Sans un mot,il la repoussa et le geste avorté vint mourir entre les draps ,sa main se crispa dans un ultime appel puis se relâcha en une dernière caresse sur son dos fuyant. Elle entendit ses pas lourds se diriger vers le lit de l'enfant dans le fond de la pièce derrière le rideau de velours fatigué .Elle le vit se pencher doucement sur le visage du fils ,sans doute pour emporter avec lui,un souffle tranquille, une image apaisée qu'il garderait derrière ses paupières ,comme un baume pour adoucir la douleur qui le submergeait.
Maintenant, il avançait dans le sous-bois, sentant s'éveiller autour de lui,les oiseaux surpris par sa présence. L'image des corbeaux se rassemblant en silence, sur les fils électriques,quelques instants avant l'attaque dans le film d'Hitchkock,lui apparut avec étrange nettetée.Cette évocation,qu'il rejeta avec violence,avait eu le temps de noyer son cou d'une sueur glacée. Tout à coup, des frôlements d'ailes l'enveloppèrent puis un bec agressif raya sa joue gauche tandis que de lourdes griffes tièdes enserraient son crâne.
Il n'avait plus le choix;il devait se battre,il l'avait promis à son fils .Il ferma violemment les paupières ,le visage diaphane de l'enfant apparut auréolé d'une mousse violette

mardi 16 novembre 2010

invention de définitions





arrachis corindon donatiste formeret framée



arrachis :

fanes de plants d’arachide abandonnées sur place après arrachage en vue de protéger de la chaleur le sol criblé de trous

extraction en profondeur des racines enfouies dans le sol, de végétaux, arbres ... soit en les tirant avec la main, soit en les déterrant à l’aide d’un outil appelé «torchis»

arrachage des arbres ; plant arraché


corindon :

petite grosseur ronde ou ovale qui peut apparaitre au niveau des doigts de pieds chez les grignoteurs de cornichons


cor au pied fort douloureux dont la forme évoque l’excroissance rouge charnue sur la tête du dindon

du télougou (inde) ; pierre précieuse très dure, alumine cristallisée diversement colorée par des oxydes métalliques (exemple : aigue-marine, rubis, améthyste, topaze, saphir)


donatiste :

ordre monastique exclusivement réservé aux femmes ayant fait don de leur corps à la science

personne extrêmement croyante qui distribue tous ses biens à autrui pour se faire bien voir de dieu, pensant ainsi gagner sa place au paradis

évêque de carthage et chef de secte au 4ème siècle


formeret :

outil utilisé au 18ème pour la fabrication des boucles dites «à l’anglaise» ; on pense qu’il est l’ancêtre du babyliss

fumerolles des volcans d’indonésie dont le panache vu de loin ressemble à un furet prêt à bondir

arc dans l’axe de la voûte, recevant sa retombée


framée :

histoire ou intrigue dans laquelle les héros appartiennent à une même fratrie, lutte intestine ; se dit aussi du drame familial au théâtre

orée d’une forêt dense et touffue dans laquelle on peut perdre les enfants qui nous encombrent

long javelot dont se servaient les Francs


définitions inventées par natô et ange sur des mots inconnus piochés à l’aveugle à la petite cuillère dans un robert de 1968


poulet-hamburger
Hier, en me levant j’ai pris la décision la plus décisive de mon existence, partir loin de la ferme, ne plus me faire torturer par ces dindons, poules, oies, lapins, canards grincheux, bruyants, picotis et picotants. J’ai marché longtemps, devant moi, au gré du vent, sentant l’odeur de l’eau, buvant la fraîcheur de ma laine, écoutant cette liberté nouvelle. Un engin clinquant et glissant est apparu, jaune, fière allure, il a failli me passer sur le dos et me raser de près. Alors j’ai couru, à perdre haleine, peureux et heureux d’échapper au destin du mouton-brochettes. J’avais faim. La coïncidence a fait qu’une montagne de nourritures m’est apparue soudainement dans un pré de bitume, coincé entre deux larges chemins dont celui qu’avait emprunté l’engin jaune. Montagne d’os, de salades, de déchets comestibles à souhait. Un régal. Et puis la basse-cour m’a retrouvé, sales bêtes, et coincé dans ce pré comme entre deux tranches de pain, hamburger au poulet et moi au milieu en guise de salicorne. Les contours de la liberté se font de plus en plus flous, dans le petit matin qui n’a encore soulevé qu’une paupière.

dimanche 14 novembre 2010

La femme de l’opéré de la cataracte


Une femme dont le mari devait se faire opérer de la cataracte se leva ce mardi 4 janvier,
se rendit compte qu’il avait neigé 50 cm pendant la nuit,
réveilla son mari en 4ème vitesse pour qu’ils partent sur les chapeaux de roue, mais les roues patinaient,
l’emmena …
–car c’était elle ce jour-là qui portait la culotte-
…on ne sait comment à la gare de Pont de Claix pour prendre le train pour Grenoble,
monta avec son mari dans un wagon frigorifié et non pas frigorifique et le train roula 10 minutes puis s’immobilisa pendant presque 2 heures car les choses techniques avaient gelé et le train ne pouvait plus rouler,
répondit aux questions de France 3 qui réalisait un micro trottoir de voie de chemin de fer sur la galère des usagers pris en otage par les intempéries,
lui expliqua qu’elle accompagnait son mari qui allait se faire opérer à 9 heures de la cataracte, mais il était déjà 9heures et demi et le train qui était bloqué,
planta poliment mais fermement le journaliste après que celui-ci lui eut annoncé car parfois les journalistes délivrent de bonnes informations que le train ne repartirait pas et qu’un car allait prendre le relai,
téléphona à la clinique pour dire qu’ils avaient du retard, mais on la rassura, au lieu de passer dans la tranche du début son mari passerait dans la tranche de la fin, et son mari qui ne s’énervait même pas, alors que tout de même il aurait pu, c’était son jour à lui, décidé de longue date en fonction d’un certain nombre de facteurs, une décision qui n’avait pas été prise à la légère, mais on n’avait pas pensé aux impondérables, à la neige, ah ça non, pourtant on a l’habitude de l’hiver,
le car les rapprocha autant que possible de la clinique mais comme il était dit que, …. eh bien au bout d’un moment le car ne put aller plus loin, les rues étaient trop encombrées de véhicules en travers,
convainquit son mari qu’il fallait faire ni une ni deux et finir à pied,
 « on a fini A PIED » disait-elle en se tapant sur la cuisse pour bien marquer les points d’exclamation,
décida de ne pas repartir au travail,
déjeuna à la cantine de l’hôpital qui s’avéra potable,
et rentra avec lui le soir même pour se regarder à la télévision répondre aux questions du journaliste de France 3 : la voiture le train le car, les pieds, et ses amis de lui dire le lendemain on t’a vue à la télé hier soir, ah ben dis-donc vous vous en souviendrez de l’opération de la cataracte de Lucien, et celles qui ne l’avait pas vue pouvait se racheter avec internet, de nos jours les trains sont arrêtés par la neige, mais la télévision non.
A vous les studios, à vous Cognac Jay.

Une femme dont le mari devait se faire opérer de la cataracte se leva ce mardi 4 janvier, se rendit compte qu’il avait neigé 50 cm pendant la nuit, réveilla son mari en 4ème vitesse pour qu’ils partent sur les chapeaux de roue, mais les roues patinaient, l’emmena –car c’était elle ce jour-là qui portait la culotte- on ne sait comment à la gare de Pont de Claix pour prendre le train pour Grenoble, monta avec son mari dans un wagon frigorifié et non pas frigorifique et le train roula 10 minutes puis s’immobilisa pendant presque 2 heures car les choses techniques avaient gelé et le train ne pouvait plus rouler, répondit aux questions de France 3 qui réalisait un micro trottoir de voie de chemin de fer, la galère des usagers pris en otage par les intempéries, lui expliqua qu’elle accompagnait son mari qui allait se faire opérer à 9 heures de la cataracte, mais il était déjà 9heures et demi et le train qui était bloqué, planta poliment mais fermement le journaliste après que celui-ci lui eut annoncé car parfois les journalistes délivrent de bonnes informations que le train ne repartirait pas et qu’un car allait prendre le relai, téléphona à la clinique pour dire qu’ils avaient du retard, mais on la rassura, au lieu de passer dans la tranche du début son mari passerait dans la tranche de la fin, et son mari qui ne s’énervait même pas, alors que tout de même il aurait pu, c’était son jour à lui, décidé de longue date en fonction d’un certain nombre de facteurs, une décision qui n’avait pas été prise à la légère, mais on n’avait pas pensé aux impondérables, à la neige, ah ça non, pourtant on a l’habitude de l’hiver, le car les rapprocha autant que possible de la clinique mais comme il était dit que, eh bien au bout d’un moment le car ne put aller plus loin, les rues étaient trop encombrées de véhicules en travers, convainquit son mari qu’il fallait faire ni une ni deux et finir à pied, « on a fini A PIED » disait-elle en se tapant sur la cuisse pour bien marquer les points d’exclamation, décida de ne pas repartir au travail, déjeuna à la cantine de l’hôpital qui s’avéra potable, et rentra avec lui le soir même pour se regarder à la télévision, répondre aux questions du journaliste de France 3, la voiture le train le car, les pieds, et ses amis de lui dire le lendemain on t’a vue à la télé hier soir, ah ben dis-donc vous vous en souviendrez de l’opération de la cataracte de Lucien, et celles qui ne l’avait pas vue pouvait se racheter avec internet, de nos jours les trains sont arrêtés par la neige, mais la télévision non.
A vous les studios, à vous Cognac Jay.

mardi 9 novembre 2010

inventions de définitions







limnée obérer palimpseste péridot splénétique



limnée :


petites pierres plates doucement érodées par le courant de la rivière de bourdeaux, le roubion, jusqu’à former un mille-feuilles minéral


lisière de forêt tropicale, fig. s’utilise aussi dans des expressions telles que «se limner les ongles»


mollusque gastéropode pulmoné des eaux douces


obérer :


opiner en souriant à la définition d’un mot rare, donnée par une amie, pour lui faire plaisir ou lui donner confiance en sa culture, tout en sachant pertinemment qu’elle fait fausse route


action qui consiste à ajouter une surtaxe payable par le récepteur, à une lettre expédiée sans le montant de timbre nécessaire ; cependant dans certains villages drômois les lettres même non obérées reviennent à leur expéditrice


charger, accabler de dettes (guerre qui obère les finances d’un pays)


palimpseste :


élément d’architecture d’origine greco-romaine qui souligne, soutient ou entoure une colonne érigée


dessin que présente un texte quand on l’écrit en forme de sablier : deux ventres rebondis séparés par une taille fine


parchemin manuscrit dont on a effacé la première écriture pour pouvoir écrire un nouveau texte ; «l’immense et compliqué palimpseste de la mémoire», beaudelaire


péridot :


mal de dos qui prend naissance au périnée pour remonter en vrilles tout au long de la colonne vertébrale


plante aquatique de la famille des nénuphars dont la fleur ressemble au coquelicot, d’où le suffixe en «ot»


pierre semi-précieuse de couleur vert clair, silicate de magnésium et de fer, voir olivine


splénétique :


léger dysfonctionnement des membres inférieurs qui oblige leur propriétaire à agiter sans arrêt les pieds en formant des mouvements talons-pointes-talons-pointes ..


étymologie : vient de l’anglais «spleen», 16ème siècle ; se dit d’une personne qui n’a plus que la peau sur les os suite à un spleen ou dépression de longue durée


qui ressent et exprime le spleen (voir spleenétique)



définitions inventées par natô et ange sur des mots inconnus piochés à l’aveugle à la petite cuillère dans un robert de 1968