Les yeux sont vifs, le regard est curieux.
Que cherche-t-il? Veut-il apprivoiser le pigeon fracassé?
Les mots se bousculent derrière la nacre de ses lèvres fermées.
Que veut-il dire? Parle-t-il au corps mort, aux entrailles?
Et l'oiseau? Est-il la Pythie version siècle nouveau, sans autel, sans temple mais consultant l'Oracle à même le bitume? Un bras bat le silence de l'eau, doucement. Il effleure, froisse sa transparence.
A-t-il peur de réveiller l'oiseau?
Sur le gris de l'asphalte, des lambeaux qui miroitent. Eclaboussures sinistres qui coagulent, où viennent s'immiscer les plumes en désordre, sans noblesse, sans honte.
La peau est délicate, si fragile et si douce que l'eau s'est retirée pour ne pas abîmer sa carnation laiteuse.
Posture immobile mais avide de vie, tête auréolée d'écume, autant de bulles qui viennent mourir à la surface.
Elles hésitent puis crèvent de savoir que quelque part sur le goudron
viennent s'écraser les oiseaux,
viennent leurs plumes se flétrir,
viennent les songes, les rêves fous, les grands espoirs s'engluer, étouffer et pourrir dans des relents fétides et mourir, sur le bord d'un trottoir, seuls.
Il serre son poing, sûrement.
On ne le sait pas encore.
Il saura, lui.
4 commentaires:
comment faut-il dire quand y a rien à dire parce que c'est parfaitement bien dit ? pas de commentaire dans un commentaire ?
Ton texte est un vrai bijou
"Avide de vie..." Je te reconnais, entière, entièrement et puis :
"Viennent les songes ... étouffer et mourir ... Il saura lui "
La chute pas complètement fracassante, une vie à vivre tout simplement.
Merci.
quel espoir tu donnes à porter à cet enfant! les filles ont raison, on t'y reconnait dans cet élan vers le refus de la souffrance et de l'injustice si poétiquement exprimé. gageons que cet enfant continue à serrer le poing, et même qu'il le lève au dessus de sa tête...
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