Dimanche-25
mars-anniversaire de ma fille- « Annonciation faite à
Marie » est-il noté sur le calendrier. Assise devant un café,
au PMU, ma bulle flotte
dans le brouhaha qui m'entoure, serveuses criant les commandes,
hommes accompagnés de jeunes enfants remplissant leurs coupons de
paris, hommes (encore) s'interpellant au bar, télé au-dessus de
moi, répétant en boucle les mêmes banalités sur la campagne
électorale « 50 milliards d'euros, socialistes, intentions,
Toulouse, basculer, banques, économies ...» quelques mots
émergent de toute cette bouillie. Combien est plus vivant le
bourdonnement de la salle, étrange aussi car lorsque je regarde les
individus un à un, ils semblent absorbés dans une profonde
réflexion, quel chiffre cocher … et pourtant de toute cette foule
découle une rumeur confuse, pièces de monnaie entrechoquant les
tables, combien vous dois-je ? …
Seules
deux femmes ensemble à une table et moi, seule à la mienne, avec
mon crayon, mon petit carnet et mon appareil photo.
Un bonheur matinal inouï, l'heure a changé
cette nuit, quelle bonne idée, toujours réveillée à quatre
heures, il en était déjà cinq, je pouvais donc presque me lever et
être à dix, nouvelle heure, dans ce café. Tout cela parce que J C
Bailly m'a ramené sur mon itinéraire.
C'est décidé, aujourd'hui j'observe la faune,
la flore, et les gens, enfin tout ce qui vit.
Le premier animal que je rencontre est une
panthère noire, perchée sur une mappemonde vert cru et l'entourant
de ses pattes, collée ici pour une quelconque publicité.
En levant la tête, je vois tournoyer d'immenses
corneilles transportant de grosses branchettes pour leurs nids, quand
je m'éloignerai de la Grand'rue, je les entendrai coasser de loin,
mais il n'y en aura plus une seule ; pourquoi ces animaux grégaires
s'installent-ils si près de l'homme, grégaire lui aussi, et qui ne
les aime guère ?
Quelques énormes serpents noirs se faufilent
sous les rails, immobiles au soleil.
En traversant la passerelle, j'ai vue sur les
balcons des arrière-cours où tout un bric à brac s'accumule :
micro-ondes, bouteilles, escabeaux, cocotte-minute, serpillières sur
un fil à linge, tout ce que l'on n'ose pas exposer sur le balcon
avant.
Quant à la flore, peu de choses jusqu'à
maintenant, trop de béton, plus d'inscriptions sur les murs « Vive
Montreynaud » que de plantes. Plus loin, deux troncs de
bouleaux tout blanc s'entrelacent au bord d'un parking, d'énormes
« babets », très longs comme je n'en ai jamais vus,
pendent, fruits mûrs qui jettent leurs graines. Dans les rares
parterres d'herbe du parking un petit monde rejeté poursuit
avidement une seconde vie. Me voilà Gotlieb, mains dans le dos,
accompagné de sa fidèle coccinelle entrain de faire sa rubrique à
brac, armé de sa loupe : papiers de bonbons, canettes écrasées
multicolores, bouts de métal rouillé, kleenex, étuis transparents
divers, mégots, pailles colorés pour siroter, épluchures
d'oranges, os rognés, pages de journaux, capsules, verre pillé,
blisters de médicaments, verres plastiques marrons de distributeurs
automatiques, éclats de miroirs et bris de catadioptres, sachets de
graines …. Les rares poubelles sont étrangement vides.
J'y ai même trouvé quelques pages d'un missel
?, d'une bible, 19 pages exactement que j'ai précieusement mises
dans ma poche et dont je vous citerai quelques phrase quand je les
aurai lues.
1 commentaire:
un bon marché, en somme.
on devrait régulièrement aller déposer des pages de "missels" mi poivre dans les rues, nos écrits, nos pensées muettes, des fois que Jean Christophe Bailly repasserait par là, lui ou un autre.
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