Préambule : comment ça marche ?
Je choisis rapidement 3 photos, c’est vif, quelques minutes seulement. Dans un certain ordre, quasiment aucun surgissement, les trois demeurent statiques, seules, isolées.
J’ai l’idée de les brasser comme on brasse un jeu de cartes, de jouer avec elles, là de suite ça parle, les pensées arrivent claires, immédiates. De l’immobile vers le mouvement, du mort (nature morte ) au vif, du statique au volatil, elles font choc aussi par leurs couleurs, elles vont vers le mouvement, la vie. Alors j’écris, sur de petites fiches carrées car c’est le seul papier que j’ai sous la main sur cette petite table ronde, dans cette toute petite pièce qui me sert à la fois de chambre à coucher et de bureau, dans cette vieille maison sans confort où nous avons choisi de vivre ; j’y reviens à plusieurs reprises, à la troisième fois pour confronter les idées ainsi jetées, n’en perdre aucune ni ne les répéter, je les juxtapose, pour construire aussi.
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Nature morte ? Pas si morte que ça, sous le poisson inerte et à sa droite, ça s’agite
L’oeil blanc, le manche blanc m’interpellent, les 2 clous répondent à l’oeil. Saillants ou en creux, il faut que je me force à les quitter pour regarder le reste de l’image, ils retiennent le regard. Contraste violent entre ce vert vivant, vibrant, nature morte aux poissons qui m’en rappellent tant d’autres, tout aussi dérangeantes, si l’oeil s’y attarde.
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Le repos, le douillet, l’envie de s’allonger, l’équilibre aussi mais l’arbre de vie bruisse, s’agite d’ailes, fourmille de vie, les couleurs vibrent comme la vie, comme les rêves, ça bouge là-dessous. Ca bourgeonne dans la tête comme au sommet de cet arbre. Becs et griffes, corps plein d’yeux, ça me regarde et m’appelle par les couleurs et les vibrations.
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Opposition entre la réalité photographiée où tout est mobile, volatil et l’image elle-même statique.
La flamme bouge, l’automne arrive, la réserve de bois attend, elle appelle la tranquillité, image au repos, immobile MAIS dans le mouvement de l’esprit qui se prend à rêver devant la flamme, qui s’attend à la voir bouger. La vitre aspire, attire comme un oeil immense, entrer dans le foyer incandescent, y plonger, s’y réchauffer.
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Le regard se creuse, la pensée se construit. Tout ça me fait penser à ma soif d’images saisissantes captées dans les films ou crées par mes lectures, soif de me construire un catalogue d’images auxquelles me référer quand les mots ne disent pas ce que je ressens, de m’en enrichir, c’est à dire de donner forme aux désirs non encore exprimés.
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Pendant ma méditation du matin, d’un seul coup, d’un seul, j’ai vu l’histoire que me content ces 3 photos. Se détendre permet de faire disparaître la pensée conceptuelle, alors les perceptions de nos sens deviennent plus claires. J’ai « vu » une frondaison qui frémissait, je la voyais étant moi-même en surplomb, un souffle d’air s’est mis à la faire onduler en vagues successives : les arbres (la terre) agités par le vent (l’air), ces deux éléments élémentaires entraient en scène ; vent qui a attisé le feu qui couvait en dessous, et l’eau s’est mise à déferler en longues vagues sur la plage, eau dans lequel nage le poisson ; sans les chercher, les quatre éléments sont venus à moi, et avec eux, la vie a explosé, la vie, le mouvement, la couleur, l’explosion et le jaillissement de la vie primordiale.
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Ce sont 3 photos que j’ai prises moi-même, je les ai choisies pour leurs couleurs, retenant celles qui m’attiraient le plus, sans préméditation ni me demander ce qu’elles pouvaient bien « à voir » ou « avoir » en commun