jeudi 14 novembre 2024

Balbutiement d'une pensée (2)

 





Ouverture du coeur vs « Les tueurs »

Jacques Ellul a écrit "L'illusion politique" en 1977, il pourrait avoir été écrit aujourd’hui. Nous vivons dans une société de sur-consommation et de spectacles ; dans cette arène, plus le clown est grotesque, grossier, ridicule et méchant, plus il fait rire ; plus la blague est grosse et la tarte à la crème salée, plus on l’aime. Ce qu’on oublie, c’est qu’il est aussi dangereux. Le spectacle qui est constamment servi aux foules donne l’illusion que nous avons un pouvoir : pouvoir de voter, de dire non, d’élire, de s’opposer … alors que ce qu’il faut c’est sortir du spectacle, faire un pas de côté, refuser d’y entrer.

Nous sommes entrés dans la pire conjonction géopolitique envisageable. Ns sommes en droit de ns demander jusqu’où ira le monde dans l’horreur ? Notre avenir s’annonce noir. Doit-on pour autant désespérer ?

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Fabien se prosterne devant la biche, humblement au même niveau que l’animal qu’il respecte. Quiconque s’est déjà trouvé nez à nez avec un animal sauvage, piégé par les phares de sa voiture la nuit, a vécu l’émotion de ces yeux dans les yeux, de ce regard échangé, puis a vu l’horrible peur qui s’empare de l’animal, car oui les animaux ont peur de nous, êtres humains. Ils vivent tout près de nous, constamment, se cachent, ils sont là tout près dans les buissons, nous les ignorons mais nous cohabitons sans le savoir, sans vouloir le savoir car nous les terrorisons. Voilà ce que l’homme a fait de tous les autres êtres vivants sur terre tous ceux qui permettent sa propre vie. Aussi innombrables que soient les êtres vivants, je dois faire voeux de les sauver tous, là est notre seul salut.

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Nous essayons si souvent de comprendre, d’intellectualiser notre expérience, mais nous pouvons apprendre à entendre, à ressentir, à sentir et à goûter le monde sans avoir besoin de le comprendre. Si nous arrivons à faire disparaître notre fixation sur la pensée conceptuelle, alors les perceptions de nos sens deviennent plus claires. C’est comme une fenêtre dont la surface aurait été recouverte de poussière pendant longtemps : Petit à petit, au fur et à mesure que le verre est nettoyé, toute chose devient plus claire ... Lorsque nous sommes dans ce moment de perception directe, la pure musique d’un oiseau résonne à travers tout notre être. Elle nous met en contact avec le vide, d’une part, c’est à dire l’espace de notre esprit et une vie d’une expressivité sans cesse renouvelée.

Beaucoup de textes mettent l’accent sur le silence, la solitude et la nécessité de s’éloigner de la stimulation de la vie quotidienne pour permettre à l’esprit de se poser et de se détendre. Mais le monde peut faire beaucoup plus que nous offrir un environnement tranquille. Si nous développons notre attention, le monde naturel nous donne la possibilité d’avoir accès à l’intérieur de nous-mêmes et de demeurer dans la véritable nature de l’esprit...

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Le changement est la seule constante de nos vies, même si parfois nous le détestons.

Tout change continuellement : Les saisons se succèdent, les feuilles tombent, les bourgeons ré-apparaissent, les arbres portent des fruits et s’assoupissent en hiver, le jour alterne avec la nuit ; nous naissons, nous grandissons, nous mourons ; nous sommes nés, le soleil se lève et se couche, le vieillissement, la maladie et la mort font partie du paysage.

Malgré tout, nous brûlons de satisfaction de savoir ce qui va se passer. C’est pt-être la raison pour laquelle nous sommes si attachés à remplir notre agenda, cela nous donne la sensation de la prévisibilité.

J’aime que ma santé soit stable, pourtant je continue à vieillir, c’est vraiment nul de vieillir mais cette résistance ne change rien à certains faits fondamentaux. Ce changement dans ma vie ne cesse pour autant, je ne peux l’éviter, il est inéluctable. Et pourtant, j’accepte et j’intègre le fait que je ne suis là que pour une courte période ;

Plus je l’accepte et l’intègre, plus j’apprécie tout : la vie, les nuages, les arbres, les rivières, les montagnes … ma famille et mes amis … même les moustiques

Et si TOUT change continuellement, je ne peux m’empêcher de savoir que la situation actuelle, elle aussi ne durera pas, je ne peux m’empêcher de voir tous ceux qui font un pas de côté, refusent ce monde et construisent d’innombrables alternatives invisibles aujourd’hui, et d’aimer ce qui se profile même si je ne peux en imaginer la forme.

mercredi 13 novembre 2024

L'œil et la source/ 2



quelque chose cherche à se perdre et

s'est déjà perdu dans ces

vagues d'ombres où l'on se froisse et se défroisse dans chaque repli au sein d'une liturgie d'images, à tenter de lire dans ce jeu de hasard

où se tirent les cartes d'un réel de jadis



n'être que ce passant inoffensif de la contemplation d'un bras d'eau




dans ce templum, cet espace enclos tracé dans l'air par le bâton de l'augure pour champ d'observation en vue des augures,

s'ébauche la transfiguration de ce qui est, et du flou entre voir et penser

jeu de miroir dans le réceptacle à images lorsqu'on attend que puissent se dissoudre les nuages de l'esprit

premier plan et arrière-plan s'interpénètrent, la toile d'araignée ou la végétation, le feuillage ou le reflet de l'instant



et le bras d'eau derrière bien trop lisse





puis glissement du sens dans la survivance de l'image

que faut-il contempler: une mémoire à vouloir sauver, l'inquiétude d'un moment, un émoi dont on cherche un écho, une pensée magique

ou croire à une sentence gravée dans ces halos soudain révélés

qui s'imprègnent sur la rétine jusqu'à les voir alors même que l'on regarde dans une autre direction



tourbillon autour d'une pierre écorchant le bras d'eau







l'araignée aurait-elle son mot à dire dans ce hors-champ de la pensée entre ce qui semble être et ce qui, peut-être, est

l'incertain reste le guide de la pensée qui trébuche, chancelle, et vacille

entre ciel et terre et dans l'équilibre à conserver, le halo noir d'un réel enserre

jusqu'à résonner soudain en halonoir, en auréole de cendre durcie, dans la cartographie du champ opératoire



le vertige prend forme au-dessus du bras d'eau





halo: cercle brillant, lumineux, couronnant parfois le soleil ou la lune, dû à la réfraction de la lumière dans de minuscules cristaux de glace en suspension dans l'atmosphère lorsque celle-ci est brumeuse, vaporeuse.

pourrait-on évoquer le halo de la langue,

entre réflexion et réfraction d'une lumière qui scintille dans ce qui s'écrit

ligne mélodique où se déploie un thème infime à l'écart, la migration d'un motif, une fêlure dans le réel où s'auréole une pensée

 

aller, dériver, vers un atlas de halos




mercredi 6 novembre 2024

Balbutiement d'une pensée

 





Préambule : comment ça marche ?


Je choisis rapidement 3 photos, c’est vif, quelques minutes seulement. Dans un certain ordre, quasiment aucun surgissement, les trois demeurent statiques, seules, isolées.

 J’ai l’idée de les brasser comme on brasse un jeu de cartes, de jouer avec elles, là de suite ça parle, les pensées arrivent claires, immédiates. De l’immobile vers le mouvement, du mort (nature morte ) au vif, du statique au volatil, elles font choc aussi par leurs couleurs, elles vont vers le mouvement, la vie. Alors j’écris, sur de petites fiches carrées car c’est le seul papier que j’ai sous la main sur cette petite table ronde, dans cette toute petite pièce qui me sert à la fois de chambre à coucher et de bureau, dans cette vieille maison sans confort où nous avons choisi de vivre ; j’y reviens à plusieurs reprises, à la troisième fois pour confronter les idées ainsi jetées, n’en perdre aucune ni ne les répéter, je les juxtapose, pour construire aussi.

 

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Nature morte ? Pas si morte que ça, sous le poisson inerte et à sa droite, ça s’agite

L’oeil blanc, le manche blanc m’interpellent, les 2 clous répondent à l’oeil. Saillants ou en creux, il faut que je me force à les quitter pour regarder le reste de l’image, ils retiennent le regard. Contraste violent entre ce vert vivant, vibrant, nature morte aux poissons qui m’en rappellent tant d’autres, tout aussi dérangeantes, si l’oeil s’y attarde.

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Le repos, le douillet, l’envie de s’allonger, l’équilibre aussi mais l’arbre de vie bruisse, s’agite d’ailes, fourmille de vie, les couleurs vibrent comme la vie, comme les rêves, ça bouge là-dessous. Ca bourgeonne dans la tête comme au sommet de cet arbre. Becs et griffes, corps plein d’yeux, ça me regarde et m’appelle par les couleurs et les vibrations.

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Opposition entre la réalité photographiée où tout est mobile, volatil et l’image elle-même statique.

La flamme bouge, l’automne arrive, la réserve de bois attend, elle appelle la tranquillité, image au repos, immobile MAIS dans le mouvement de l’esprit qui se prend à rêver devant la flamme, qui s’attend à la voir bouger. La vitre aspire, attire comme un oeil immense, entrer dans le foyer incandescent, y plonger, s’y réchauffer.

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Le regard se creuse, la pensée se construit. Tout ça me fait penser à ma soif d’images saisissantes captées dans les films ou crées par mes lectures, soif de me construire un catalogue d’images auxquelles me référer quand les mots ne disent pas ce que je ressens, de m’en enrichir, c’est à dire de donner forme aux désirs non encore exprimés.

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Pendant ma méditation du matin, d’un seul coup, d’un seul, j’ai vu l’histoire que me content ces 3 photos. Se détendre permet de faire disparaître la pensée conceptuelle, alors les perceptions de nos sens deviennent plus claires. J’ai « vu » une frondaison qui frémissait, je la voyais étant moi-même en surplomb, un souffle d’air s’est mis à la faire onduler en vagues successives : les arbres (la terre) agités par le vent (l’air), ces deux éléments élémentaires entraient en scène ; vent qui a attisé le feu qui couvait en dessous, et l’eau s’est mise à déferler en longues vagues sur la plage, eau dans lequel nage le poisson ; sans les chercher, les quatre éléments sont venus à moi, et avec eux, la vie a explosé, la vie, le mouvement, la couleur, l’explosion et le jaillissement de la vie primordiale.

🌏


Ce sont 3 photos que j’ai prises moi-même, je les ai choisies pour leurs couleurs, retenant celles qui m’attiraient le plus, sans préméditation ni me demander ce qu’elles pouvaient bien « à voir » ou « avoir » en commun


lundi 4 novembre 2024

 Regarder être regardé, être voyeur

qui regarde qui ?

 


Regards éclipses lunettes

Regards interrogation

qu'en dites-vous voyeurs ?

ma vie pendant les anges

la musique et les fleurs

regarder au-delà

interroger le spectateur

 

j'ai découpé l'image j'ai viré le Jésus

Dehors cueillir faire des colliers de fleurs

Regarder le ciel avec des millions d'autres au même moment

Je les regarde me regarder

Son regard de déshabillée souriante

franc sourire

et son regard à lui,  gêné

Une autre presque hors cadre, coupée , cueille aussi des fleurs

pour faire style que tout est normal

de dos par rapport à nous

nous offrant sa croupe

 

(cartel au musée du puy, les ramasseurs de patates)

(expliquer aux enfants comment il faut regarder, ce qu'il faut voir - deux images supplémentaires)

 

plus la main d'un autre homme, comme un pouce levé, un like de facebook

alors que là-bas, l'image y serait sans doute censurée

 

à travers nos lunettes nous regardons l'éclipse solaire du 11 août 1999

la lune qui passe devant le soleil, l'éclipse donc

dans ce jardin près d'Avignon, pas trop fini

Je me souviens précisément de la lumière sombre lorsque le phénomène commence à se produire

je me souviens du silence effrayé des bêtes

F. n'a pas de lunettes, il ne regarde pas la lune éclipser le soleil

il regarde C

Les anges baissent les yeux,

perdus dans leurs pensées

cueillant des fleurs, jouant de la musique

douceur chromo de ces bambins blonds

qui égayaient la chambre de mes parents

Maintenant ce bout dans la mienne, un peu caché

l'un des chérubins, hors cadre, pensif et mélancolique a longtemps habité mon portefeuilles

 

La femme nue regarde le peintre

pourquoi se retrouve t-elle en couverture d'un livre sur l'amour et l'histoire de France ?

Ce qu'on appelle l'amour...

ma préoccupation du moment 

et je constate en lisant différents écrits qu'amour et sexe, amour et reproduction, y compris chez les mammifères selon par exemple Rémy de Gourmont, se confondent souvent

alors qu'au Moyen âge amour et amitié se confondaient sans qu'il y ait forcément sexualité

va comprendre

Donc un déjeuner sur l'herbe peint par homme

une femme nue au milieu d'eux, 

qui va la déguster ?

qui dégustera-t-elle de son regard gourmand ?

Les images nous regardent les regarder

autant que nous les regardons nous regarder

l'objectif !

pour le Déjeuner sur l'herbe c'est flagrant

pour l'Eclipse elle me renvoie à cet événement à lunettes unique dans une vie

et toutes ces lignes dans cette image, tous ces courbes, tous ces regards

je suis sur la photo, je porte une robe tricotée par ma mère

qui me valut bien des regards

le léger froid soudain du moment de l'éclipse m'a fait enfiler un pull de coton rose perle, tricoté par ma sœur, en ce 11 août dans une banlieue d'Avignon

un jour où si l'on veut voir il faut se protéger les yeux

voir ce qui assombrit, obscurcit

et fait silence

voyeurs aussi à regarder cette lune qui couvre le soleil, est-ce que ça nous regarde ?

Ne vaudrait-il pas mieux, comme F regarder celle qui regarde et constater le changement de lumière sur la peau des bras dorés de C ?

En recherchant l'image et en tapant différents mots-clés dans le moteur de recherche chromo chérubins, j'arrive enfin à l'image d'origine et ô scandale de la mémoire sélective et du découpage intempestif, ce n'était pas un Jésus mais une Vierge Marie que j'ai censurée, une vierge Marie avec son Jésus enfant sur ses genoux et un petit mouton près d'eux

la mémoire fait ce qu'elle veut des images.






 

vendredi 25 octobre 2024

L'œil et la source



Les visions se lient

et on lit les visions comme si quelque chose appelait, insistait derrière la vitre ou la paroi de l'esprit.

Un rien se faufile dans l'image, se glisse dans la matière de l'espace. Cela s'échappe, tranche dans le visible

détoure ce qui fera empreinte.

 


 

Mais tout est flou, incertain, tentant de se détacher d'un entre-deux du réel.

L'échelle de vision est à modifier pour s'approcher du bord du savoir,

basculer dans cet espace lacunaire là où peut-être

une illusion d'optique

une géologie de métamorphoses

une pensée qui repousse toute certitude dans le caniveau.


                                                        


Un roitelet à triple bandeau est venu toquer à la vitre.

Regulus ignicapilla de son nom savant. Si petit, si léger. Il me gratifie de son chant, d'une suite rapide de notes aigües.

Il reste un long moment à tourbillonner entre arbres, buisson de roses et margelle de la fenêtre.

À nasiller, à babiller, à chevroter, à jaboter, à bafouiller, à chuchoter, à balbutier, à parler.

 

                                                       
 

En suspension sur les lèvres, des mots flous se murmurent dont on ne saisit que l'urgence qu'ils ont à se libérer.

Ils passent au travers d'une coupe du visible.

Comme si dans un rêve

ou dans l'instant ultime, infime,

où tout bascule de la vie à la mort.


                                                     

 

En hébreu le mot ayin, qui est aussi la lettre ci-dessus, la seizième de l'alphabet hébraïque, désigne à la fois l'œil et la source

comme si, à chaque fois que la paupière en se levant libérait la vision de l'œil,

le monde se recréait

et mettait en lumière ce qui était obscur.

 

 

 



jeudi 24 octobre 2024

Images et fragments

 


 Une reprise tardive cette année pour l'atelier d'écriture! Mais nous voilà sur le pont pour nous lancer dans un nouveau chantier d'écriture. On ne sait pas trop où on va mais on va tenter d'y aller ensemble!

Avant tout, j'avais proposé d'écouter un podcast réalisé par Marie Richeux dans l'émission Par les temps qui courent datant de mai 2023 où Georges Didi-Huberman parlait de son travail et de l'exposition réalisée à l'IMEC durant l'année 2023 Penser les images .:

On regarde souvent avec des mots. Un mot ne pense pas, une image ne pense pas. Par contre si on met trois images à côté dans un certain ordre, on a l'esquisse d'une pensée. De même avec les mots, c'est la phrase qui pense.

J'ai proposé également de regarder la vidéo de la librairie Mollat du 30 juin 2023 où Georges Didi-Huberman explique le travail de l'exposition, et comment penser par les images.

Tout cela, c'est la petite étincelle qui va initier notre propre travail d'écriture et va donner l'orientation de notre recherche.

Pour le premier atelier, j'ai proposé en ouverture un texte de Georges Didi-Huberman, les premiers paragraphes de son livre Atlas ou le gai savoir inquiet simplement pour tenter de voir un peu quelle pourrait être notre direction lors du travail de l'année.

Forme visuelle du savoir ou forme savante du voir, l’atlas bouleverse tous ces cadres d’intelligibilité. Il introduit une impureté fondamentale – mais aussi une exubérance, une remarquable fécondité  – que ces modèles avaient été conçus pour conjurer. Contre toute pureté épistémique, l’atlas introduit dans le savoir la dimension sensible, le divers, le caractère lacunaire de chaque image. Contre toute pureté esthétique, il introduit le multiple, le divers, l’hybridité de tout montage.

Ensuite chacun ayant apporté trois photos ( peinture, découpage dans un magazine, photo personnelle ou non...) a écrit en écho aux trois documents choisis, en tentant de tisser un lien d'écriture. On n'est pas vraiment dans une description mais plus dans la naissance d'une pensée qui se met à jour en ayant choisi ces trois photos. Il est possible ( et même souhaitable) de se donner d'autres contraintes pour l'écriture ( libre à chacun de se les choisir). Ces contraintes d'écriture pourraient naître, et s'imposer après ce premier exercice ou le suivant.

On va travailler au moins trois séances ainsi, chaque fois à partir de trois nouvelles photos , voir comment la forme d'un texte se crée. On peut bien sûr avoir déjà dans un coin de la tête un thème ou une idée-force qui relie les photos choisies que l'on a envie d'explorer, ou se laisser porter par les trois premières séances et voir ce qui émerge.

dimanche 14 juillet 2024

Vieille ? Vous avez dit vieille ?

 


Afin de rasséréner celles et ceux qui se feraient du souci car ça fait si longtemps qu'on ne s'est pas vu(e)s ... et à quelques jours d'un Xème de mes anniversaires, ce clin d'oeil.

Je me régale des albums de Baudoin, cet extrait tiré de l'album "Les essuie-glaces"     Edit  Aire Libre Dupuis et vous offre cette phrase qui me convient parfaitement bien et colle à ma peau et à mon état d'esprit

Bises à toutes et à tous.

dimanche 30 juin 2024

La peur des autres

 Ce matin, plus que jamais, il me semble URGENT de lire et relire Michel AGIER "La peur des autres  Essai sur l'indésirabilité" où il analyse nos peurs aujourd'hui et la peur de l'autre avec une clarté foudroyante.

... Et comme bibliothèques, librairies sont fermées ce matin, je vous propose un court extrait de la conclusion p 91 Payot-Rivages (poche). Conclusion intitulée "Le courage de la vie commune" :

"... La prégnance et la contagion médiatiques et politiques des climats de peur, de rejet de l'autre et leur obscur horizon, l'enfermement et l'atmosphère de guerre permanente appellent une réponse qui doit s'imaginer sur d'autres bases. Y verra t-on une utopie ? Dans ce sens certainement, car il n'y a pas de compromis possible avec les récits mortifères de la fermeture sur soi, de l'encampement du monde, avec l'idée d'indésirabilité des autres, une construction imaginaire et politique fondée sur les peurs, et destructrice de notre monde présent et de tout espoir. Il faut donc partir d'une autre description de la réalité à partir de laquelle d'autres horizons sont possibles. Mais bien sûr, les peurs sont ressenties individuellement, intimement, c'est ce qui fait leur force sidérante. Il faut donc du courage pour vivre avant même d'avoir supprimé les peurs.
Voici des pistes pour renverser la situation, en acceptant la présence de la peur mais en agissant contre les politiques de la peur. ..."

J'ai entendu hier M Agier lors d'une conférence, dans le cadre du Festival Concertina, qui a lieu chaque année à Dieulefit dont le thème général est "Les marges", ai dévoré son petit livre cette nuit. Il n'est jamais trop tard pour relever ses manches.

mercredi 26 juin 2024

comme si 3 26 06 2024 dernier texte atelier Virginia Woolf, tristesse pour ça

Sur l'arbre obélisque terrassé par la foudre
Arracher le rameau pour disperser le feu
Sur les os boursouflés par les cendre encore chaudes
Ranimer les couleurs des printemps sacrifiés
Et dans l'ébranlement de la nuit qui avance
Sauver les mots mal dits, tous les mots malmenés
Comme des vagues-béliers sur un mur de ténèbres
Dans l'ébréchure du jour trouver une lueur
Et que l'oeil du cyclone engloutisse la peur

mardi 18 juin 2024

comme si la femme

 

quelle femme

au bras de lumière

armé de lames colorées

sur l'eau allongée?

est-ce Virginia au corps englouti

est-ce elle la femme traversée?

— le verbe est de chair —

la langue du corps

la langue lacère

la langue gémit

la langue crie

une langue singulière



nous, face à cette Genèse,

comme si la femme

entre mer et ciel, immobile,

de son bras de lumière

de son bras vertical

créait un nouvel alphabet

une vie qui naît d'entre les mots

un corps écriture

et nous à déchiffrer

à déplier un imaginaire

plein de contrastes

et une invasion de détails

éloigné de la droite route

samedi 15 juin 2024

Comme 2 12 juin 2024

Comme une jeune fille étendue sur une mer de bout du monde

dans sa main une lampe qui jette mille feux

l'autre main qui brandit un éventail

tour à tour fermé pointant le ciel

puis déployé

chaque lame d'opale décorée

terminée par une lame d'argent effilée

comme si une jeune fille étendue 

l'étendard de son corps dans l'eau pâle

comme une Jeanne d'Arc aquatique

épuisée

comme si l'horizon prenait source dans sa chevelure

dans la lumière des gouttes d'eau ceignant son front

puis comme si lassée d'espérer, d'indiquer, de combattre avec la nuit,

elle enflammait l'horizon le consumait  

pour accoucher du soleil

lundi 10 juin 2024

Comme 1 -2024 05-

Comme un drap ridé par des rêves agités,

les cauchemars

Comme une nappe froissée après un déjeuner sur l'herbe écourté par l'orage,

la déception

Comme les craquelures zébrées d'un ciel qui exagère

le déluge

Comme un costume de lin blanc à la fin de la nuit

l'élégant négligé

Comme les circonvolutions volcaniques d'un cerveau harcelé,

la migraine

Comme les plis ronds du ravin de Corboeuf

Comme les plis creux des stalactites crème

les grottes mystérieuses, le compas des gouttes qui creusent

Comme tout ce qui se ride, se plisse, se contracte, se froisse

Comme tout ce qui se tend, se détend, s'étale, s'épanouit

la colère qui fait pschitt, la joie qui se répand


jeudi 23 mai 2024

comme une étoffe qui se plisse

 


un tissu, un chiffon, un torchon, une nappe, un voile, une étoffe, une cotonnade, un lainage, un brocart, une toile, une soierie, un drap,une draperie, un rideau, une tenture, un tapis, un textile, une membrane, une chair

ridé, plissé, froissé, fripé, ondulé, gondolé, poché, sillonné, flétri, crispé, froncé, meurtri, chiffonné, contrarié, altéré, blessé, offensé, déchiré, humilié, tourmenté, tracassé, chagriné, remué

des rides, des creux, des flétrissures, des ondes, des plis, des replis, des pliures, des recoins, des fronces, des sillons, des raies, des ridules, des plissements, des entailles, des fentes, des craquelures, des crevasses, des fissures, des lézardes, des éraillures, des brèches, des fêlures, des gerçures, des déchirures

la mer, l'océan, le rivage,la plage, le sable, l'étendue, l'onde, le flot, la marine, la masse, l'espace, le flux, le reflux, les flots, la marée, le mascaret, l'estran, le mouvement, le bouillonnement, la convulsion, l'effervescence, l'ondulation, le va-et-vient, l'élan, le frisson, l'émoi, les vagues



comme une chair chiffonnée de rides

comme un corps sillonné d'entailles

comme une créature blessée

comme un esprit chagriné de déchirures



un va-et-vient d'émois



mercredi 22 mai 2024

As if / Like

 

 Le travail autour des klasmas des Vagues s'achève. Bientôt un livre, qui sait...

 Mais nous avons du mal à lâcher Virginia Woolf!

Alors finir l'année scolaire en restant encore un peu dans son écriture  avec tous ses as if ou like qui ont émaillé les interludes.

Se remettre à la traduction, parce qu'on sait bien qu'il y a quelque chose d'important qui se joue là, et qui remue l'écriture de chacun d'entre nous.

On refait une incursion dans l'interlude qui commence le livre et on se laisse emporter par le premier as if qui surgit

 as if a cloth had wrinkles in it

On récapitule toutes les traductions:

1/ comme si une étoffe avait des rides ( Michel Cusin)

2/ telle une nappe marquée de plis ( Cécile Wajsbrot)

3/ pareils aux craquelures d'une étoffe froissée ( Marguerite Yourcenar)

4/ ainsi qu'une étoffe qui se plisse (Solange)

5/ pareille aux plis d'une étoffe froissée ( Linette)

6/ comme si elle contenait un tissu plissé (Bipe)

7/ comme un drap qui se serait froissé ( Michelangelo)

 

Un grand silence règne et nous voilà en train d'écrire quelques fragments en écho !



vendredi 10 mai 2024

Exposition Marion Tivital à Dieulefit




 

A la galerie Arte Nostrum : Des tableaux de Marion Tivital qui m’ont beaucoup touchée par leur douceur, leur poésie, leur magie, tout de gris tendre, de bleus pâles, de pastels transparents. Comme un rêve qui se matérialise et qui ne sait pas encore exactement ce qu’il est, ce qu’il signifie, ni où il va ou d’où il vient, paysages, maisons nimbés de brouillard, où l’eau et le ciel brumeux sont omniprésents, sans personnage aucun, des silhouettes d’arbres, des maisons sans portes ni fenêtres, flottant presque au-dessus du sol.

Un monde vibrant où derrière la scène apparente affleure l’invisible, le mystère. Une peinture très minutieuse dont on perçoit à peine les coups de pinceaux.

 

Galerie Arte Nostrum Le Parol 1, Allée des Promenades 26220 Dieulefit

lundi 22 avril 2024

Transblog avec Jardin d'ombres du 22 avril 2024

" Le temps n'a point de rives"   Tableau de Marc Chagall 1939

 


 

                         Il ne sera pas donné crédit à ce leurre qu'est le temps linéaire

lundi 19 février 2024

INTERLUDE et interludes : Des nouvelles de l'atelier Février 2024

Pour ceux qui désespèrent de ne plus avoir de nos nouvelles, rassurez-vous. Nous nous activons en coulisses et redoublons d'activité afin de finaliser tous les fragments des interludes. Les contraintes plus ou moins nombreuses que nous nous sommes imposées individuellement sont scrutées à la loupe et aucun mot de trop ou de moins n'est toléré. C'est le bagne mais un brin de masochisme ne nuit pas, en tout cas nous prenons beaucoup de plaisir à terminer ce travail sur les  10 interludes qui ponctuent les Vagues De Virginia Woolf. Nous les avons tout d'abord traduits par fragments ou d'une seule traite lorsqu'ils étaient relativement courts! Nous espérons pouvoir publier le résultat avant l'été. 











samedi 23 décembre 2023

Joyeux Noël à vous toutes et tous

" Coeur :

organe

                central

                situé entre les deux

                poumons


Sur le lac, le vent saisit mes lèvres.

L'imperceptible pulsation du sang

mon souffle heurté, le ciel, la neige, l'ombre

avec la lumière se confondent.

Je ne reconnais rien du paysage

à l'intérieur de moi

 

je cherche le centre."

 

Hélène Dorion "Coeurs comme livre d'images" Edit Bruno Doucey 





Que ce Noël nous soit doux et paisible comme ce paysage de pleine lune

que nous approchions "le centre", au plus près, au plus loin

et toujours en recherche. en accord avec

chaque pulsation de notre coeur.

Je vous embrasse

vendredi 1 décembre 2023

Poésie québécoise : Hélène Dorion

 

Je découvre "Mes forêts" d'Hélène Dorion et plutôt que de vous envoyer un de ses poèmes, voici un lien qui vous permettra de l'entendre, dire ses poèmes, en entretien ... ; des vidéos ; des sites ; des porte-folios ; de quoi passer des heures en sa compagnie, de rêver de poésie, d'être embarqué(e)s pour supporter ces heures grises, le long hiver qui s'en vient.

https://lettres-lca.ac-mayotte.fr/IMG/pdf/dorion_helene_ressources_et_prolongements_pour_lire_mes_forets.pdf

 

 

                "Les forêts creusent parfois une clairière au-dedans de soi"