Une lavandière agenouillée sur les pierres plates de la rivière lave jour après jour le linge qui lui est confié chaque matin par la blanchisseuse dont certaines pièces sont parfois si usées qu'elle ose à peine les frotter, son esprit vagabondant et imaginant pour chacune le propriétaire si bien qu'après des années de lavage elle parvient sans peine avec chaque vêtement à se remémorer la personne telle qu'elle se l'est représentée et qu'elle voit les gens vieillir et mourir quand disparaît leur linge dans le ballot, ou alors grossir ou maigrir d'après les coutures que l'on a reprises, resserrées ou élargies avec des bandes de couleurs parfois différentes ou bien encore connaître le chômage par les vêtements de plus en plus élimés, leur propriétaire n'ayant plus les moyens de s'en acheter de nouveaux et d'autres rayonner de richesse et d'opulence par la finesse, l'élégance, la coupe parfaite et le parfum qui s'en dégage à tel point qu'il lui semble voir virevolter une belle jeune femme ou parader un frais jeune homme que naturellement elle rêve de rencontrer, et inévitablement à maintes reprises elle croise dans la rue cette belle chemise fine qu'elle a lavée et cette robe reprisée dont les dessous de manches sont toujours auréolées de grandes taches de transpiration portée sous un gilet tricoté main par une grosse femme, et ce pantalon si bien coupé moulant les cuisses, les fesses et les jambes qu'il a si galbées de ce beau jeune homme brun, à la fine moustache et à la taille aussi cintrée que sa chemisette, dont aussitôt elle pense qu'il a la beauté du diable, et bien sûr elle les salue ayant d'eux une connaissance si intime qu'elle se sentirait impolie de ne pas le faire, la plupart lui rendant son salut tant et si bien que le jeune homme aux fesses si dures et rebondies la prend un jour par la taille, puis par le menton et finit par arriver dans sa chambrette d'où elle s'enfuit en hurlant lorsqu'au moment de se déshabiller, elle aperçoit les deux sabots fourchus qu'il tente vainement de cacher sous la couette avant qu'elle ne les voit.
COUCOU ! (mon commentaire du diable dans les plis. MPB)
COUCOU ! (mon commentaire du diable dans les plis. MPB)
3 commentaires:
un diable peut en cacher un autre... le diable cache toujours la partie de lui-même la plus palpitante... qui n'est pas celle à laquelle il pense.
Je me réveille, me précipite sur le blog pour vite vous lire et je tombe sur ton commentaire. Eclate de rire, un bon début de journée
super ! tu as très bien re-tricoté ton histoire
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