L’astronaute
L’astronaute sonna à la grille d’entrée de la base surveillée par plusieurs vigiles, puis franchit les sas des divers services grâce à son badge électronique ce qui lui permit d’atteindre le bureau de son supérieur hiérarchique en 5 minutes et, bien qu’il détestait être dirigé par un militaire du sexe opposé, il lui su grée de la nouvelle incroyable qu’elle lui annonçait : rejoindre immédiatement son équipage et le singe Toto - qui l’irritait également bien que le primate ne soit pas une guenon -, pour ce voyage sur la lune tant désiré, qui se réalisait enfin, accepter donc ce tournant de l’existence se disant en lui-même, tout en se dirigeant vers le tarmac, qu’il devait dominer son excitation en se rappelant calmement la mécanique bien rodée des gestes longuement appris et répétés durant ces 5 dernières années d’entraînement, à savoir s’installer dans le cockpit, vérifier l’altimètre et le variomètre, mettre les gaz, contrôler l’évanouissement et les fourmillements dans le ventre, retenir la salive de tout débordement buccale, observer le comportement des co-équipiers et leur donner des directives, admirer la terre bleue s’éloigner jusqu’à être enfouie par l’obscurité, s’interroger soudainement sur les raisons des gestes agités et des cris de Toto, découvrir, à sa suite, le globe laiteux et majestueux, demander au co-pilote de faire les manoeuvres d’atterrissage, ajuster la combinaison, aider Toto à enfiler la sienne, descendre tous ensemble tranquillement les marches de la fusée, poser un pied puis l’autre sur le sol poussiéreux, écouter le silence recouvert par le souffle respiratoire amplifié par le scaphandre, avancer devant soi, toujours plus loin vers le sud sans boussole, avancer jusqu’à ne faire plus qu’un avec son corps, être conscient de n’être ni lourd ni frêle, n’avoir ni chaud ni froid, être sans leste et sans odeur, avancer jusqu’à se rendre compte que l’on a perdu de vue l’équipage, chercher des yeux le vaisseau, ne pas le trouver, appeler dans le talkie-walkie inséré dans le casque sans obtenir de réponse, appeler encore, chercher des yeux encore, sentir les larmes affleurer, la gorge se nouer, se répéter qu’un astronaute ne pleure pas, sangloter malgré soi comme le petit enfant qu’on a été, perdu dans l’immense supermarché, se rappeler que l’on avait été retrouvé par une caissière, à même le sol entre deux rayons, recroquevillé dans le sommeil, et là sur le sol lunaire renoncer à l’espoir, accepter la perte des autres, de Toto, essayer de se coucher malgré la pesanteur, serrer les genoux contre la poitrine, se bercer de l’inspire et de l’expire, entendre les battements d’un coeur lointain, accepter cette fin... / Réveille-toi ! Réveille-toi ! Le commandant se retourna machinalement sur le dos, cligna des yeux gêné par l’éclat du soleil, aperçut une ombre floue qui prenait peu à peu forme... / Lève-toi c’est bientôt l’heure des mamans ! Toto ? Il est là, je l’ai trouvé près de la balançoire. L’astronaute s’agrippa au singe en peluche que lui tendait sa maîtresse.
2 commentaires:
Quelle merveille que l'arrivée de Lin sur ce blog. Je la salue et te salue en plantant ton drapeau sur cette surface lunaire que tu nous décris si bien.
Je sens que cette année d'écriture va être belle.
La lavandière approche, elle est presque prête ...
bienvenue sur le blog !
joli premier texte, j'aime beaucoup ta nouvelle chute avec toto
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