Je
suis dehors. Je marche. Au loin, très loin, une musique flotte, sans
paroles.
Temps
simple, l'écharpe orange magique que je ne quitte plus, où Nathalie
a brodé tant d'adjectifs, un petit crocodile rouge porte-bonheur et
des inscriptions sexuelles, caresse mon cou.
Je
suis dehors et je m'enfonce de plus en plus loin dans cette grande
ville. Approchant du café « Perle turquoise » dit
l'enseigne tenue à bout de bras par deux femmes dessinées sur la
vitrine, je reconnais la musique. Un air nostalgique, aux accents
grecs, une musique qui me rappelle une petite place, dans un village
jaune, démuni, au milieu des collines.
La petite place
Après
un temps indéfini, vautrée dans ma nostalgie,je m'ébroue, vais
plus loin.
Pas
autre chose, la ville, sans ciel - encore la ville -. Puis,
brusquement, les raffineries se dressent devant moi, encore moins de
ciel, des lueurs rougeâtres, des flammes, de grands fûts blancs,
une odeur pestilentielle.
Le ciel au-dessus des raffineries
Je
suis dehors. Le temps n'est plus simple. Prise dans une
tourbillonnante, gigantesque et tentaculaire rêverie, je m'élève
dans les airs, très haut, détrempée, baudruche crevée flottant
au-dessus des flammes, filant dans la fumée, planant au-dessus de
l'autoroute où glissent des voitures dont je n'aperçois que les
feux rouges arrières, toutes roulant dans le même sens.
Bien au-delà des raffineries
Une
pensée me sauve et me ramène sur terre. Comment du si bel adjectif
« raffiné », brodé sur mon écharpe, est-on parvenu à
l'horrible chose « raffinerie »?
Je
rembobine le film, reprends ma marche.
Temps
simple. Je reviens. Vidée.
2 commentaires:
ce serait une volute, un ange couleur "sanguine", une émanation si belle, le dessin de léonard voilà tout ce que me dit ton si beau texte photographique
tes mots et tes images se répondent, elles nous embarquent dans ta rêverie....jusqu'à la fin, simple, radicale, brute (tu as bien fait de la garder telle que tu nous l'a lu)
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