Les années terribles :
Entre avril 1915 et
juillet 1916, 1 million 200 000 arméniens sont massacrés, soit les
2/3 du peuple arménien
Dans la nuit du 29 au 30
décembre, Raspoutine est assassiné
Cette même année, la
ferme de mes grands-parents - en l'absence de mon grand-père alors
dans les tranchées de Verdun – brûle entièrement
Les femmes, durant cette période,
vont connaître un bouleversement, se retrouvant bien souvent à la
place des hommes (dans les usines, aux champs, sur les champs de
bataille pour soigner les blessés …) contraintes de subvenir
seules aux besoins du foyer dans des conditions où elles manquent de
tout
Décembre : ceux qui
restent « fêtent » le troisième Noël de guerre alors
que les restrictions alimentaires vont de mal en pis
Après l'incendie de la
ferme, seul un mur de pisé subsiste ; pan de mur que, deux
générations plus tard, j'ai continué à dégrader en y prélevant
régulièrement de petites quantités d'argile pour mouler la
vaisselle de mes poupées
Le gouvernement allemand,
allié militaire de la Turquie, censure les informations sur le
génocide arménien
Soixante dix ans plus
tard, ma mère épouse en secondes noces un arménien. Etait-ce
réparer ?
Le 1° mai 1916, l'heure
d'été est adoptée. C'est l'heure allemande
Dans les deux années qui
suivent, la ferme est entièrement rebâtie avec les voisins, le
cheptel multiplié pas deux, ma grand-mère engrossée. A son retour,
mon grand-père reste mutique pour le restant de ses jours.
D'avril à juin ont lieu
les pires massacres de Verdun. Elle reste l'année infernale, année
charnière de la première guerre mondiale
Le 27 mai une loi
provisoire de déportation autorise le gouvernement turc à détruire
tous les arméniens
Le grand-père de mon
futur beau-père, alors âgé de cinq ans, est enfermé ainsi que
l'ensemble des habitants de son village, dans l'église que les turcs
incendient. Son petit corps lui permit de se cacher dans le clocher
et d'en réchapper
Dès la fin octobre ont
lieu les premières déportations de main d'œuvre ouvrière
L'année terrible se
répète quand, en 2005, une nuit, notre maison prend feu
En 1919 naît mon père
alors que ma mère de dix ans sa cadette ne devait jamais avoir aucun
souvenir de cette guerre-là
Le 1° avril voit la
naissance du premier comité du Travail Féminin : elles fabriquèrent
en quatre années, six cents millions d'obus et plus de six milliards
de voitures.
L'année
terrible se répéta dans les pires cauchemars qui longtemps m'ont
tétanisée
Les femmes ont eu beau prouver
leur égalité, elles n'obtiendront le droit de vote qu'en 1944
Ce furent des années patriotiques
et Viviani sut faire appel aux femmes par des chants :
« Debout,
femmes françaises, jeunes enfants, filles et fils de la patrie.
Remplacez
sur le champ de travail ceux qui sont sur le champ de bataille.
Préparez-vous
à leur montrer demain, la terre cultivée, les récoltes rentrées,
les champs ensemencés.
Il
n'y a pas, dans ces heures graves, de labeur infime.
Tout
est grand qui sert le pays.
Debout
! A l'action ! A l'oeuvre !
Il
y aura demain de la gloire pour tout le monde. »
Tout ça pour des clopinettes !
Puisque le bilan de la guerre pour les femmes n'est pas réellement
positif, leur condition évolue peu. De retour de la guerre, les
hommes retrouvent leurs places dans les usines et évincent ainsi les
femmes de leurs postes.
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