Deux textes sont proposés pour aborder le thème de la nuit sur notre carte :
1/
Aragon: Le Paysan de Paris (1924)
Parmi les forces
naturelles, il en est une, de laquelle le pouvoir reconnu de tout
temps reste en tout temps mystérieux, et tout mêlé à l’homme:
c’est la nuit. Cette grande illusion noire suit la mode, et les
variations sensibles de ses esclaves. La nuit de nos villes ne
ressemble plus à cette clameur des chiens des ténèbres latines, ni
à la chauve-souris du Moyen Age, ni à cette image des douleurs qui
est la nuit de la Renaissance. C’est un monstre immense de tôle,
percé mille fois de couteaux. Le sang de la nuit moderne est une
lumière chantante. Des tatouages, elle porte des tatouages mobiles
sur son sein, la nuit. Elle a des bigoudis d’étincelles, et là où
les fumées finissent de mourir, des hommes sont montés sur des
astres glissants. La nuit a des sifflets et des lacs de lueurs. Elle
pend comme un fruit au littoral terrestre, comme un quartier de bœuf
au poing d’or des cités. Ce cadavre palpitant a dénoué sa
chevelure sur le monde, et dans ce faisceau, le dernier, le fantôme
incertain des libertés se réfugie, épuise au bord des rues
éclairées par le sens social son désir insensé de plein air et de
péril. Ainsi dans les jardins publics, le plus compact de l’ombre
se confond avec une sorte de baiser désespéré de l’amour et de
la révolte.
2/ Henri Michaux: La nuit remue
Tout à coup, le carreau dans la chambre paisible montre une tache.
L'édredon à ce moment a un cri, un cri et un sursaut; ensuite le sang coule.
Les draps s'humectent, tout se mouille.
L'armoire s'ouvre violemment; un mort en sort et s'abat.
Certes, cela n'est pas réjouissant.
Mais c'est un plaisir que de frapper une belette.
Bien, ensuite il faut la clouer sur un piano.
Il le faut absolument.
Après on s'en va.
On peut aussi la clouer sur un vase.
Mais c'est difficile.
Le vase n'y résiste pas.
C'est difficile.
C'est dommage.
Un battant accable l'autre et ne le lâche plus.
La porte de l'armoire s'est refermée.
On s'enfuit alors, on est des milliers à s'enfuir.
De tous côtés, à la nage; on était donc si nombreux!
Étoile de corps blancs, qui toujours rayonne, rayonne.
3/ Proposition d’écriture:
la nuit
- Le il ou elle de la consigne 6
- un des personnages du passé/ présent//futur de la consigne 7
- un des personnages qui parlent dans le cimetière/ consigne 8
- le personnage qui tient son journal dans la consigne 12
- le narrateur
- inclure cette phrase de Clarice Lispector : Mais aurais-je aujourd’hui que je suis adulte ce courage d’enfant qu’il faut pour se perdre?
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