C’était une grosse pierre - d’autres auraient dit rocher
- remarquable et discrète elle était toujours là
posée à l’extérieur d’une porte d’entrée
- quatre vingt dix de large soixante de hauteur -
sa surface presque plane nous servait de banc,
de siège pour s’asseoir et voir tomber le jour.
Voir descendre le jour et perdre la lumière
ou voir monter la nuit et gagner le silence.
Etrange comme une perle monstrueuse et baroque
dans la noirceur la pierre, sous la lueur nocturne,
prend la couleur laiteuse d’une lune voilée.
Humble pierre le jour qui ne sert qu’à s’asseoir,
la nuit ambassadrice de l’intersidéral,
d’un cosmos rêvé par un enfant songeur,
comme un point de repère dans l’univers immense,
comme une ancre flottante sur l’océan du temps.
Éperdu on cherchait un ryhtme à l’univers,
une musique unique une harmonie des sphères,
un chiffre qui règlerait la course des planètes
Mais la pierre météore, sur laquelle le soir
au coucher du soleil, parfois l’on s’asseyait
ne bougeait pas d’un pouce : ou peut-être la nuit.
Au cœur du silence sombre elle s’envolait souvent
et je pouvais la voir au milieu de mes rêves.
Protégeant la maison elle tournait en rond
en un cercle parfait dont nous étions le centre,
mais au lever du jour, à nouveau, elle est là :
discrète, comme endormie, mais froide sous la main,
dans la chaleur du jour elle rend la fraîcheur
qu’elle a capté la nuit dans son parcours cosmique.
Les souvenirs d’enfance lorsqu’on les réassemble
deviennent parfois des contes que l’on a inventés.
2 commentaires:
Tu fais vraiment très fort ! Je me souviens de la même pierre chez ma grand-mère, de cette impression qd la terre s'assombrit, puis que le ciel s'entenebre. Encore Michel, encore !
"La pierre météore..." je les revois plantées (au pluriel) le long du chemin; elles prenaient des formes ensorcelées le soir. J'aimais les inventer dans mes histoires.
Ta pierre "enchanteresse" est belle !
Enregistrer un commentaire