La porte de la grange qui donne sur la cour
montre sur sa surface des traces du passé,
souvenirs de couleurs des anciennes peintures ;
les fentes des panneaux nous parlent de saisons ;
des hivers algides et des été ardents
ont révélé des fentes comme des plaies ouvertes ;
la matière est si sèche qu’elle semble rainurée
par un peigne d’acier aux pointes acérés ;
la vieille porte bouge sous l’haleine du temps
et montre sur sa peau les stigmates de l’âge,
manifestations brunes de son vieillissement.
Comme la main qui tremble trace sur le papier,
tentatives de mots, des signes peu lisibles,
qui pourtant de l’oubli extraient des souvenirs
comme syllabes tombées d’on ne sait quel soleil
s’envolant dans le soir : leur lueurs nous éclairent.
De la porte de grange qui donne sur la cour,
un vantail a frémi sous la poussée d’un souffle
faisant grincer un gond tordu, humide et froid,
comme un disque vieilli, parmi les craquements
d’un matériau usé nous rend des voix contraintes,
d’où sourd la poésie plus forte que l’usure.
Écrire avec ces sons les petits bruits du temps ;
écrire le silence d’un passé accompli ;
écrire ce qui se tait sous l’écorce des mots
craquelés de saisons et rechercher en vain,
dans le lambeau des songes, un peu de vérité,
De la porte de grange que nous restera-t-il,
Un peu de ce qu’elle est, un peu de ce qu’elle fut,
Dans la lumière orange d’une fin de journée
Qu’y a-t-il à sauver de ce qui fut vécu ?
Peut-être d’avoir aimé et de l’avoir été.
4 commentaires:
Ouah ! Comme ça sonne bien, quelle belle chanson ça ferait, met le vite en musique, fredonne le pour nous et envoie nous un enregistrement. "...la poésie plus forte que l'usure". Merci Michel...et que les années a venir soient pr toi aussi belles que ce disque
ça valait le coup d'attendre. ça rassemble et ressemble à nous tous aussi.
Il ne fallait pas désespérer! Cette porte de grange est bien là et bien vivante!!!
Je suis saisie. Tout est dit dans ce poème-chant. "Et même d'une porte peut naître une émotion!" (forte!)
Enregistrer un commentaire