Des mondes vides et calmes
Le sang s'est retiré
Madame Redon brode et
pense à ses amants
L'araignée souriante
lui apporte du fil
Le ciselage aigu du
cri des sémaphores
Le motif éperdu sur
la chasuble d'ange
Sur sa peau de drap
frais Madame Redon brode
Ecrivant son
histoire au point de croix compté
Ce que l'on n'a pas
vu on se risque à l'entendre
Les vagues se
fracassent à ses tempes assourdies
Pénélope à ses
heures
Le goûter étant pris
Jeune Odilon timide
sous ses jupes
vertige
Les grands rideaux des ombres
les noirs de ses envies
Sa peur pour tout
visage
et les coquelicots
des lèvres de sa
mère
pour terrible alibi.
Madame Redon brode et
tisse des silences
Lui en fait des
tableaux
Son enfance s'écoule
en élixir doré
qu'il dépose plus
tard
dans les bleus dans
les livres
les bouquets
d'anémones
le monde rendossé
les vagues torsadées
Madame Redon brode
son fils à ses côtés
les bouquets sur les
tables embaument en secret
un pétale s'étale une
fleur se défait
dans les cheveux si
noirs une fleur a poussé
Aucun air de famille
et l'araignée sourit
et le bouddha sans
date au bord de son jardin
Sur un rail
d'étincelles
au fond du pot aux
roses
se joue notre destin
- Jusqu'en 1982, dans la collection de Mme Arï Redon, née Suzanne Dujardin
- 1984, accepté par l'Etat à titre de legs de Mme Arï Redon en exécution des volontés de son mari, fils de l'artiste (comité du 24/06/1982, conseil du 30/06/1982, arrêté du 13/07/1984)
- 1984, attribué au musée d'Orsay, Paris
1 commentaire:
Et on brode la lecture de Mme Odilon Redon...
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