mercredi 6 novembre 2024

Balbutiement d'une pensée

 





Préambule : comment ça marche ?


Je choisis rapidement 3 photos, c’est vif, quelques minutes seulement. Dans un certain ordre, quasiment aucun surgissement, les trois demeurent statiques, seules, isolées.

 J’ai l’idée de les brasser comme on brasse un jeu de cartes, de jouer avec elles, là de suite ça parle, les pensées arrivent claires, immédiates. De l’immobile vers le mouvement, du mort (nature morte ) au vif, du statique au volatil, elles font choc aussi par leurs couleurs, elles vont vers le mouvement, la vie. Alors j’écris, sur de petites fiches carrées car c’est le seul papier que j’ai sous la main sur cette petite table ronde, dans cette toute petite pièce qui me sert à la fois de chambre à coucher et de bureau, dans cette vieille maison sans confort où nous avons choisi de vivre ; j’y reviens à plusieurs reprises, à la troisième fois pour confronter les idées ainsi jetées, n’en perdre aucune ni ne les répéter, je les juxtapose, pour construire aussi.

 

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Nature morte ? Pas si morte que ça, sous le poisson inerte et à sa droite, ça s’agite

L’oeil blanc, le manche blanc m’interpellent, les 2 clous répondent à l’oeil. Saillants ou en creux, il faut que je me force à les quitter pour regarder le reste de l’image, ils retiennent le regard. Contraste violent entre ce vert vivant, vibrant, nature morte aux poissons qui m’en rappellent tant d’autres, tout aussi dérangeantes, si l’oeil s’y attarde.

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Le repos, le douillet, l’envie de s’allonger, l’équilibre aussi mais l’arbre de vie bruisse, s’agite d’ailes, fourmille de vie, les couleurs vibrent comme la vie, comme les rêves, ça bouge là-dessous. Ca bourgeonne dans la tête comme au sommet de cet arbre. Becs et griffes, corps plein d’yeux, ça me regarde et m’appelle par les couleurs et les vibrations.

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Opposition entre la réalité photographiée où tout est mobile, volatil et l’image elle-même statique.

La flamme bouge, l’automne arrive, la réserve de bois attend, elle appelle la tranquillité, image au repos, immobile MAIS dans le mouvement de l’esprit qui se prend à rêver devant la flamme, qui s’attend à la voir bouger. La vitre aspire, attire comme un oeil immense, entrer dans le foyer incandescent, y plonger, s’y réchauffer.

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Le regard se creuse, la pensée se construit. Tout ça me fait penser à ma soif d’images saisissantes captées dans les films ou crées par mes lectures, soif de me construire un catalogue d’images auxquelles me référer quand les mots ne disent pas ce que je ressens, de m’en enrichir, c’est à dire de donner forme aux désirs non encore exprimés.

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Pendant ma méditation du matin, d’un seul coup, d’un seul, j’ai vu l’histoire que me content ces 3 photos. Se détendre permet de faire disparaître la pensée conceptuelle, alors les perceptions de nos sens deviennent plus claires. J’ai « vu » une frondaison qui frémissait, je la voyais étant moi-même en surplomb, un souffle d’air s’est mis à la faire onduler en vagues successives : les arbres (la terre) agités par le vent (l’air), ces deux éléments élémentaires entraient en scène ; vent qui a attisé le feu qui couvait en dessous, et l’eau s’est mise à déferler en longues vagues sur la plage, eau dans lequel nage le poisson ; sans les chercher, les quatre éléments sont venus à moi, et avec eux, la vie a explosé, la vie, le mouvement, la couleur, l’explosion et le jaillissement de la vie primordiale.

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Ce sont 3 photos que j’ai prises moi-même, je les ai choisies pour leurs couleurs, retenant celles qui m’attiraient le plus, sans préméditation ni me demander ce qu’elles pouvaient bien « à voir » ou « avoir » en commun


lundi 4 novembre 2024

 Regarder être regardé, être voyeur

qui regarde qui ?

 


Regards éclipses lunettes

Regards interrogation

qu'en dites-vous voyeurs ?

ma vie pendant les anges

la musique et les fleurs

regarder au-delà

interroger le spectateur

 

j'ai découpé l'image j'ai viré le Jésus

Dehors cueillir faire des colliers de fleurs

Regarder le ciel avec des millions d'autres au même moment

Je les regarde me regarder

Son regard de déshabillée souriante

franc sourire

et son regard à lui,  gêné

Une autre presque hors cadre, coupée , cueille aussi des fleurs

pour faire style que tout est normal

de dos par rapport à nous

nous offrant sa croupe

 

(cartel au musée du puy, les ramasseurs de patates)

(expliquer aux enfants comment il faut regarder, ce qu'il faut voir - deux images supplémentaires)

 

plus la main d'un autre homme, comme un pouce levé, un like de facebook

alors que là-bas, l'image y serait sans doute censurée

 

à travers nos lunettes nous regardons l'éclipse solaire du 11 août 1999

la lune qui passe devant le soleil, l'éclipse donc

dans ce jardin près d'Avignon, pas trop fini

Je me souviens précisément de la lumière sombre lorsque le phénomène commence à se produire

je me souviens du silence effrayé des bêtes

F. n'a pas de lunettes, il ne regarde pas la lune éclipser le soleil

il regarde C

Les anges baissent les yeux,

perdus dans leurs pensées

cueillant des fleurs, jouant de la musique

douceur chromo de ces bambins blonds

qui égayaient la chambre de mes parents

Maintenant ce bout dans la mienne, un peu caché

l'un des chérubins, hors cadre, pensif et mélancolique a longtemps habité mon portefeuilles

 

La femme nue regarde le peintre

pourquoi se retrouve t-elle en couverture d'un livre sur l'amour et l'histoire de France ?

Ce qu'on appelle l'amour...

ma préoccupation du moment 

et je constate en lisant différents écrits qu'amour et sexe, amour et reproduction, y compris chez les mammifères selon par exemple Rémy de Gourmont, se confondent souvent

alors qu'au Moyen âge amour et amitié se confondaient sans qu'il y ait forcément sexualité

va comprendre

Donc un déjeuner sur l'herbe peint par homme

une femme nue au milieu d'eux, 

qui va la déguster ?

qui dégustera-t-elle de son regard gourmand ?

Les images nous regardent les regarder

autant que nous les regardons nous regarder

l'objectif !

pour le Déjeuner sur l'herbe c'est flagrant

pour l'Eclipse elle me renvoie à cet événement à lunettes unique dans une vie

et toutes ces lignes dans cette image, tous ces courbes, tous ces regards

je suis sur la photo, je porte une robe tricotée par ma mère

qui me valut bien des regards

le léger froid soudain du moment de l'éclipse m'a fait enfiler un pull de coton rose perle, tricoté par ma sœur, en ce 11 août dans une banlieue d'Avignon

un jour où si l'on veut voir il faut se protéger les yeux

voir ce qui assombrit, obscurcit

et fait silence

voyeurs aussi à regarder cette lune qui couvre le soleil, est-ce que ça nous regarde ?

Ne vaudrait-il pas mieux, comme F regarder celle qui regarde et constater le changement de lumière sur la peau des bras dorés de C ?

En recherchant l'image et en tapant différents mots-clés dans le moteur de recherche chromo chérubins, j'arrive enfin à l'image d'origine et ô scandale de la mémoire sélective et du découpage intempestif, ce n'était pas un Jésus mais une Vierge Marie que j'ai censurée, une vierge Marie avec son Jésus enfant sur ses genoux et un petit mouton près d'eux

la mémoire fait ce qu'elle veut des images.