lundi 31 janvier 2011

Photo 11 et 12

Au menu : poule bouillie
Nous étions trois, trois enfants pour trois morceaux de choix. Qui obtiendrait la tête et les pattes ? ces mets les plus rares et les plus savoureux ?
Nous notions pour la prochaine poule, qui avait obtenu quoi, pour que notre mère ne commette aucune injustice.
Ce que je préférais était les pattes, et bien sûr je ne pouvais en avoir qu'une seule. Je sens encore couler dans ma bouche le bouillon aux yeux gras, le contact sur ma langue de la peau aux écailles croquantes. Point n'était besoin de se servir de couteau ni de fourchette, cela se dégustait à la main. Je pouvais faire s'ouvrir et se fermer la patte, étirer la palme pour en examiner le centre, me piquer les lèvres avec les ergots pour en éprouver le tranchant. Je différais le plaisir de la dégustation.
J'aimais particulièrement arracher la peau squameuse avec les dents pour atteindre l'os, le racler et faire apparaître les tendons blancs, durs et élastiques qui permettaient aux articulations de plier. J'observais longuement comment tout cela s'emboîtait pour enfin les croquer d'un coup de dents, sucer le jus puis arracher les ergots qui alors sortaient tout seuls de la chair très cuite. Ces longs ongles recourbés eux ne cuisaient jamais, alors je pouvais les conserver longtemps comme amulettes dans de petites boîtes.
J'ai lu récemment que dans tout mariage chinois, doivent être servis des pattes de poulet, considérées comme un plat de choix et un garant de bonheur. Je n'ai jamais été particulièrement attirée par la Chine mais je reconnais là de véritables gourmets et une marque de grand goût.

Sont-ce là des poules dans le ciel, toutes alignées sur une ligne horizontale ? Auquel cas, quel nombre de pattes ! Plus besoin de se battre, on pourrait en avoir une dizaine chacun … Quel festin !
Faire un gigantesque bouillon rien qu'avec des pattes. Les décortiquer, les trier, s'en lécher les babines.
Soit il se prépare un grand mariage et elles se rendent toutes au rendez-vous, flattées d'être reçues pour un festin princier, soit ce sont tout simplement de minuscules caractères chinois inscrits sur un parchemin de soie et dont le peintre n'a pas omis de dessiner avec son fin pinceau, l'inévitable branche à l'encre de chine. Certainement des voeux de longue vie, bonheur et prospérité - s'il faut bien accepter de lier les deux photos -

1 commentaire:

béatrice a dit…

miam miam! moi aussi ange gaby je partage ta délectation pour les pattes de poulets, qu'hélas on ne trouve plus sur les marchés, ma mère les mettait dans les soupes de vermicelle, ça mettait de l'animation de l'assiette moi qui petite était aneurexique,( ça m'a bien passé depuis) et ces jours là ce n'était pas la soupe à la grimace.
j'aime ton art du détail et de la description pour raconter cette partie de plaisir!