mardi 31 janvier 2012
C'est écrit dessus
Entre les pavés
En haut très loin les boutures de nuit brodent les collines.
Je marche entre les pavés.
Au fond de la place pointe l'église masse de pierre et de verre.
Entre les pavés le ciel est là.
Le ciel de la mémoire d'où sort une musique sans paroles, un chapelet de bonbons, une mosaïque de verroterie, un village jaune fuyant dans le caniveau.
Je suis dehors sur une petite place.
La grande ville avec les raffineries est déjà loin.
Entre les pavés expire ce qu'il reste de vie. Je rends à l'obscur de là-haut, du milieu des collines, le lien rouge qui rattachait au temps simple.
Moderne, le ciel est peint de nuit urbaine.
Je suis dehors. Écartelé entre des pavés. Sur une petite place. Je marche au centre. Démuni.
lundi 30 janvier 2012
Une vi(ll)e
Sur une petite place
Temps simple
Lueurs rougeâtres
La ville - encore la ville -
Pas de ciel
Temps vide
dimanche 29 janvier 2012
Second essai
( Pour que cesse la lancinante répétition des mots « gonflé, détrempé » qu'a prononcé l'un d'entre nous en voyant le crocodile Hariboo sous la pluie, je m'en suis emparée).
samedi 28 janvier 2012
des chemins en jazzerie
Temps pas si simple
vendredi 27 janvier 2012
chute simple
temps simple. je suis dehors
«sors de ma prison»
je vais plus loin
vers l’épicerie turque
dans une grand ville
istanbul
marché aux épices
du centre, au milieu
pas titubants
je tangue
«regarde»
ciel beau moderne
chaussée en échasses
grises
en haut très loin
de mes contemporains
ils marchent
on marche
«je marche»
dans un village jauni
mécanique
j’avance
perle perdue
démunie
voir
regarder
au loin
retrouver ma route
des inscriptions
des crocodiles
sur le trottoir
chute simple
sans paroles
au sol
éclatée
le ballon rouge
les mots en gras sont extraits de "le livre des ciels" de leslie kaplan
mercredi 25 janvier 2012
à contre-sens
atelier du 25 janvier
ESSAI DEUX.
Elle s'étira. Son corps meurtri d'amour et son coeur en charpie. Allongée sur le flanc, elle leva son bras lourd de caresses et esquissa du bout des doigts une ode au soleil qui traversait la brume de décembre.
Nue, elle frissonna. Les jambes resserrées pour ne laisser s'échapper aucun souvenir .
Autour d'elle flottait l'odeur de son amant, parfum capiteux d'une nuit.
Seins dressés, elle ferma un instant les paupières pour laisser le plaisir s'acharner sur sa peau.
Du pied, elle chassa une feuille morte meurtrie par leurs ébats amoureux.
Quand elle rouvrit les yeux, la flaque d'eau sur son côté droit, il avait plu la veille, lui renvoya l'image d'une pose lascive
Elle se laissa glisser de son piédestal de pierre. Le houx l'égratigna et les baies d'églantine l'éclaboussèrent de mille gouttes de sang mais elle s'unit à son image, passion dans l'éphémère.
Etrange couple que la créature élégante et diaphane, sensuelle comme pénétrée par ses souvenirs, perchée sur ses talons aiguilles regarda avec mépris.
Mais dans un éclat de rire sauvage, se frottant ses genoux écorchés, la petite statue fondante lui tira la langue avec déférence.
Aprés tout, c'était son histoire, une histoire d'eau pour Giacometti.
ESSAI UN.
Elle se cramponna un peu plus à son soutien improvisé et jeta un regard circulaire.
La place était vide, immense et nue dans le noir qui tombait. Les murs des maisons hoquetaient et de loin hésitaient entre le gris souffreteux et le blanc jauni, couleur lait caillé.
Un chat miaula , lui jetant sa tristesse entre les jambes tandis qu'une byciclette tous feux éteints la frôlait méchamment. Son coup de sonnette mécanique et désuet lui intima un semblant d'équilibre dans cet au-milieu de nulle part.
Elle leva les yeux et vit le ciel qui s'obscurcissait lentement. Comme une pyramide à l'envers, la ville s'étalait. De loin en loin les lueurs aux fenêtres qui s'étageaient lui racontaient qu'une vie existait,calfeutrée, bienséante.
Elle fit du réverbère sa barre assymétrique et tourna, tourna jusqu'à l'oubli. Son corps ne fut bientôt plus qu'une figure à quarante cinq degrés et la ville se mit à tanguer de lignes verticales en lignes horizontales, de zébrures colorées en points acidulés. Et le manège se déchaîna et elle tomba, cernée par les pavés tentaculaires.
Sa ville l'avait dévorée.Elle n'existait que dans les soubresauts d'une réalité qu'elle ne maîtrisait plus. Elle ferma les yeux douloureusement.
Maintenant, gigantesque pieuvre aux bras sanguinolents, la ville s'endormait.
lundi 23 janvier 2012
A l'angle
Probablement, il devait y avoir un bras, une tige sous cette main pour pouvoir la relier, la tenir, non comme un étendard mais comme une fleur qui, dans un geste d'apaisement, effleurerait les peaux, leur dirait enfin à quel point il est bon d'être en vie. Et si le sens de cette main posée là, était plutôt la main d'un avertissement : STOP ! Ne t'aventure pas plus loin, regarde ailleurs et tiens si tu partais dans l'autre sens, cela pourrait être sympa...tu pataugerais un peu dans la vie, la nouveauté, tu allégerais un peu ta besace . Pourquoi toujours revenir ici, moi dedans, dans cette histoire des sédiments, avec ce poids dont on ne se déleste jamais. Et puis la couleur verte associée pour toujours à cette rue et qui ressurgit là au premier regard. Le vert des petits placards sous la fenêtre où étaient rangés les trésors d'un enfant, enfin rangés est un mot particulier pour dire entassés ce qui était à moi et auquel personne n'avait accès. Le secret du sacré.
vendredi 20 janvier 2012
correspondances
échange fictif entre Cl. (Claire sans doute) et P. (sans doute un Paul ou un Pierre) intégrant les mots envoyés par des personnes de mon carnet d'adresse auxquelles j'avais proposé d'écrire sur le corps des hommes ou le corps des femmes (jeunes, âgés, enfants, amants, maîtresses, qu'importe la "nature" du corps scripturaire); le texte se tricote donc avec leurs mots et parfois avec plusieurs lignes d'un-e même correspondant-e.
Les lettres, se résumant parfois à un petit bout de papier griffonné, étaient rassemblées avec soin, sans date, cousues avec un fil de coton à la façon nippone. Une correspondance conservée par une femme, duo de chorégraphes scripturaires. A Chacun ses cachettes.
Chère Madame, Le matin quand nous allumons nos cuisines, le soir quand nous fermons les volets, parfois, je vous aperçois. N’ayez crainte. Cette lettre est certainement des plus maladroites. Je ne sais pourquoi je l’écris et la dépose dans votre boîte aux lettres. (...) Bouteille à la mer. Un mot abandonné dans une enveloppe. Qu’est-ce que je vous veux ? Un frôlement d’ombres, sans arrière-pensée. Je nourris seulement le désir d’une correspondance anonyme avec une inconnue, à corps défendus, à corps devinés...
Monsieur. Je ne suis pas d’une nature méfiante, j’aime quand un grain de sable enroue le quotidien, quand le mécanisme des habitudes s’enrhume. (...)
(...) Pourriez-vous m’initier, pudiquement, à la vie d’une femme, ses sensations, ses habitudes et son sens pratique, ces questions vous paraissent-elles inopportunes ? Confuses ? Scabreuses ? Qu’est-ce vivre un corps de femme, de fille, de mère, de grand-mère ? Comment naît la parole féminine au-delà des masques discursifs ? Votre ombre derrière les rideaux me rappelle ce tracas, suis-je fou ? A la recherche d’un souvenir enfoui, caché. Enfans.
(pour ne pas saturer le blog, 8 pages, la suite se trouve sur le lien suivant ou en cliquant sur le titre : http://www.scribd.com/doc/79097397)
mercredi 18 janvier 2012
ça change un peu
"L'horizon, c'est ce que tu dessines sur ce qui te résiste – les murs construisent des murs."
publie.net - 22/08/2011
Collection Art & portfolios
Langue Français
|
photos MPB, itinéraire AngeGabrielle - Bellevue |
non itinéraire
mardi 17 janvier 2012
Un trajet entre Cotonne et Bellevue : retour
Qu'en aurait pensé l'infréquentable et antiféministe Pierre-Joseph Proudhon que Zola décrit comme "libertaire, anticapitaliste et antimarxiste"
D'ailleurs qui se souvient de lui en ces temps de capitalisme débridé ?
Sur l'ange de l'itinéraire il y a
lundi 16 janvier 2012
sur l'itinéraire d'ANGE il y a
sur l'itinéraire d'Ange il y a des parallèles, plus ou moins fatiguées, rouillées, enfouies, emmurées
Sur l'itinéraire d'Ange, il y a des messages codés, des pièces de puzzle qui n'ont pas trouvé chaussure à leur pied
Sur l'itinéraire d'Ange, il y a de drôles d'énergumènes, qui ont des têtes de papier marché ou de composites colorés
Sur l'itinéraire d'Ange, il y a des matières entre 2 vies,
dimanche 15 janvier 2012
itinéraire en chantier sur le chemin d'Ange-Gabrielle
vendredi 13 janvier 2012
dates ateliers
jeudi 12 janvier 2012
I was just a poor girl, lie la lie
Prisonnière de toi
lundi 9 janvier 2012
ce matin encore..
dimanche 8 janvier 2012
la place des souvenirs
il y a sur la place
entre guillemets en guirlande dorée
le petit mur des vieux
tortille la plume noire au souffle léger
qui regardent passer la jeunesse
filet blanc vide de tout
lui même y est assis
une confiserie ?
parmi les autres
square massenet
les désirs
les garages privés
sont déjà des souvenirs
le brin de plastique rouge
ce n’est pas de cela qu’est faite la ville
papillote assortie aux feuilles à dents
mais des relations entre les mesures de
fils d’une pelote jaune
son espace et
briquettes en miettes
les évènements de son passé..
crocodile dissolu rouge dans
cette vague
verte armature de quoi ?
qui reflue
roule la perle perdue
avec les souvenirs
pousses éparpillées sur le trottoir
la ville
fragment de phare
s’en imprègne comme une
fausse fleur
éponge et grossit
le E de passage
vendredi 6 janvier 2012
atelier du 5 janvier
auteur de la photo : Sevinçli, sur : lucileee.blog.lemonde.fr
Montchovet-Baulieu-Marandinière, faire parler les fenêtres
Le flâneur, pourtant habitué au quartier, n’avait jamais rien vu de pareil que ce contre jour ensoleillé éblouissant les façades des HLM, et les lueurs grises de la place comme si des volutes des fumées de l’implosion à venir, quelques années plus tard, recouvraient déjà la mémoire du lieu où des vieux discutaient des poches et des flaques sous les yeux, des jeunes évoquaient leur passé non encore vécu faute de pouvoir imaginer leur avenir, et, pas après pas, il discernait plus sensiblement encore l’écho des cris dans les maisonnées, des rires d’enfants, du grincement d’un volet brisé ou du battant des fenêtres usées, de l’épuisement des habitants, du désir silencieux des corps éreintés parfois mourants, prolongeant sa flânerie sur le parvis aujourd’hui immaculé, hier politique où les élus venaient chercher les votes, parvis des grèves, parvis commercial le dimanche matin, parvis des fêtes de quartier, parvis peuplé d’enfants et de manèges lors des vogues de printemps, puis parvis isolé, dépeuplé, esseulé, parking, alors il se posta devant la tour d’où un ange avait sauté gisant douze étages en contrebas, dégoulinant de sang, et il eu la conscience de sa propre odeur âcre, éponge trempée dans les regards atterrés, ruisselant les mégots de tabac froid, les poubelles débordantes, emmêlée aux effluves des spécialités du cru, aux relents de la pisse des allées, de la craie, de la javelle qui jamais rien n’efface.
cascades vitrées
On a souvent recueilli les
lueurs grises de la place de marché où des petits vieux discutent
mots de la jeunesse sur les évènements d’un passé non encore vécu
reflets de la nuit
contre-jours et soleil d’été éblouissant les longues façades des HLM
flaques en équilibre dans les poches des yeux fatigués
odeurs des spécialités du cru
des rires des familles, des pleurs des bébés
du grincement des battants brisés
des ébats amoureux se répondant d’immeuble à immeuble en été
du silence du désir accablé par la précarité
de l’épuisement du couple
du dernier souffle du mourant
les discours destructeurs des élus
le saut de l’ange de la jeune femme
la vue de son corps-éponge désarticulé
bouillie rouge, en bas de la tour de Baulieu
l’hurlement de douleur de l’enfant écrasé par l’ascenseur du bâtiment D
L’assassinat du vieux monsieur de la Marandinière
de Pissaro et de Manet entourés de prés
de l’Eglise et de la Piscine se défiant face à face
de l’inquiétude des supporters des Verts
des premiers gravas des écoles, des toits et des murs
de la cendre de l’implosion.
merci à Béatrice pour la photo