Temps (4) lieu (1)
Me voici dans cet entre-deux lieux vague, l'esprit flottant, abandonné aux sensations immédiates du temps, du lieu - des écharpes de brouillard flottent au dessus des rails qui longent le quai sur lequel je me tiens - tout est silence - rien ne bouge, hormis les bancs de brume dont le déplacement est à peine perceptible; derrière moi, la gare, puis une ville - terra incognita - un train m'a déposé dans la nuit, un autre m'emportera plus loin là où je vais; rien n'existe, que l'attente; les heures passent.
Me voici dans cet entre-deux lieux vague, l'esprit flottant, abandonné aux sensations immédiates du temps, du lieu - des écharpes de brouillard flottent au dessus des rails qui longent le quai sur lequel je me tiens - tout est silence - rien ne bouge, hormis les bancs de brume dont le déplacement est à peine perceptible; derrière moi, la gare, puis une ville - terra incognita - un train m'a déposé dans la nuit, un autre m'emportera plus loin là où je vais; rien n'existe, que l'attente; les heures passent.
Peu
à peu, la gare s'est remplie d'ombres indécises et silencieuses, cohorte de
formes qui semblent se mouvoir en une masse unique, somnolente et torpide, les bruits sont furtifs;
pourtant, il me semble percevoir une ample respiration, la foule immobile et
endormie exhale un souffle semblable à celui du dormeur; la foule aussi est en
attente; rien ne semble l'intéresser, que le train à venir qui l'emportera vers
sa destination; pour un temps je fais partie de ce grand corps indifférent à la
marche du monde qui va revivre un instant pour s'engouffrer dans le train qu'il
attend.
Un
hurlement a déchiré la nuit avant qu'il n'apparaisse, ses lumières éclairent
les visages; le grand corps de la foule se disloque en organes séparés animés de mouvements divers, tous convergent vers les portes à peine ouvertes; il y a ceux qui courent, ceux qui
traînent ceux qui sont encore immobiles comme saisis; les uns bousculant les
autres, peu à peu le train se remplit, les visages sont blafards dans la
lumière intérieure des wagons; le grand corps m'abandonne, le quai est de
nouveau désert; je reste seul.
Un
courant d'air brusque a nettoyé l'air trouble des vapeurs qui l'encombrent. La
pluie tombe. Tout doucement d'abord, une pluie fine arrose délicatement les
plantes qui bordent la voie ferrée. Puis plus fortes, des milliers de gouttes,
serrées les unes contre les autres, ricochent sur les rails rendant leur image
floue. L'autre côté de la voie disparaît derrière le rideau de pluie, je recule
sous l'auvent qui protège le quai dont la bordure où je me trouvais, ruisselle,
la pluie pénètre d'un bon mètre sous la partie couverte. Je regarde, il n'y a
plus rien, qu'un rideau translucide diffractant une lumière diffuse et grise.
1 commentaire:
Comme je suis ravie de te lire en ce matin gris, de retrouver tes mots. A t'àleur !
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