samedi 30 avril 2022

LES A-PLATS DE COULEUR. (cartographie revisitée)


Les couleurs du matin -
                                           jusqu'aux couleurs du soir-
Les plats -
                  les contre-plats -
                                                les champs -
                                                                      les contre-champs-
Le rose des soupirs -
                                     le bleu des aubes folles-
                                                                                les soleils fulgurants-
Le  VERT qui envahit l'espace -
                                                        le VERT qui dévore le temps-

Le vert Véronèse -
                                le jaune de l'absinthe-
                                                                       les prés batifolant du vert au bleu -
                                                                                                                                     -vert au  bleu du-
Les incises de bronze -
                                         le brun de l'écume des vents-

Les points-virgules des arbres -
                                                        les soliloques des oiseaux-

Les pierres vermoulues -
                                            leurs taches de vieillesse  grisonnantes-

L'ivresse des courbes de niveaux -
                                                             et leurs faux-plats ombrés-

Tombe le soir -
                          s'éteint le nuancier de mon territoire de papier-

                                                          - Mon âme violine-

Codicille: Re-visiter un texte de notre cartographie - choisir une mise en page (écriture en escalier) - omettre la ponctuation (uniquement des tirets) -"l'élaguer",  ramener à un nombre de mots restreint (une centaine) - mettre en évidence un mot par la couleur (ici le vert), insister sur un détail, un élément qui le constitue (la couleur).

                               
                               
                                

 

dimanche 24 avril 2022

atelier tableaux 1998 Consigne texte de Lionel Bourg : Jean Tardieu : quatre autoportraits : Le Miroir de Rembrandt, Le miroir de Corot, le miroir de Van Gogh, le miroir de Rubens



 

à la surface


 Codicille: Ce texte revisite un texte de Cartographie/2 

 http://alabrise.blogspot.com/2017/11/la-76.html

Il devrait prendre en compte toutes les contraintes demandées: 100 mots/ le travail avec les blancs de la page/ l'absence de ponctuation ( hormis le tiret)/ un mot dans une autre écriture ( riens) mais cela se voit mal sur la photo/ une contrainte qui perdure au long de mes klasmas, à savoir de toujours commencer par à/ une contrainte secrète que je révèlerai peut-être un jour...

Un merci particulier à Linette pour le don de l'archet !

La difficulté de mise en page sous blogspot a dû faire que j'ai mis une photo de mon texte, n'ayant pu le proposer comme je le souhaitais...

samedi 23 avril 2022

Équarrissage

 Démarrage d'un nouveau cycle dans notre klasmathèque. 

On va se replonger dans nos textes écrits lors du travail très foisonnant réalisé autour de la Cartographie, qui nous a occupés pendant plusieurs années et qui a été stoppé net par les confinements successifs . 

Choisir deux ou trois de ses fragments et leur faire subir un véritable  équarrissage !

Leur redonner forme et vie avec de nombreuses contraintes assez resserrées; revenir au travail de la forme et se recentrer sur un détail dans chaque texte choisi.

Quelques unes de ces contraintes:

- travail de l'espace page en prenant en compte le blanc de la page

- définition du nombre de mots; 50, 80, 100, 120

- texte  devant "tenir" sur une page A4 ( portrait ou paysage)

- pas de ponctuation sauf tirets

- 1 mot présenté dans une autre écriture: gras, italique, capitale, couleur, souligné.... 

- utilisation possible de la lexithèque

- contraintes personnelles en lien avec ses autres textes de la klasmathèque

Un vrai cahier des charges lourd mais poussant à la légèreté ...


jeudi 21 avril 2022

à l'intérieur

à

l’intérieur

de la matière

s’immiscer et se

sentir aspirée par le

tableau – l’abîme effaré

regarde et les herbes hautes

de l’informulé t’enserrent dans

le sillage des arbres et le plomb

avec ses étincelles de lumière qui

te happent vers cet infini innommable

inatteignable qui hante et que l’on souhaite

parfois défier en un regard simple ou un geste

du doigt pour toucher la paille la cendre ou le plomb

répandus sur le tableau – mais on ne touche pas c’est

tout le corps qui pénètre est pénétré par dans la matière

et devient terre feuille pierre arbre et l’on se sent comme

interdit à retenir son souffle entre les dentelles de la matière


Codicille: Le tableau ( dont je n'ai pas le titre) est de Anselm Kiefer. La photo a été prise lors d'une exposition à la galerie Thaddeus Ropac à Pantin en 2018.

Ici le lien vers une vidéo faite lors de ma visite à cette expo qui épouse ce texte, ou bien ce texte épouse cette vidéo...

Les contraintes d'écriture sont similaires aux autres de ce cycle.




 

dimanche 17 avril 2022

à livre ouvert

à

livre

ouvert

assise dans

cette obscurité

plus épaisse que

l’image de soi – elle

est dans cet entre-deux

du livre et du monde autour

à ausculter les fibres célestes

une lumière chirurgicale comme

une béatitude sauvage qui caresse

les herbes rases du désir et les eaux

de miroir où laisser danser les songes –

en cette seconde où ses yeux se lèvent du

livre et s’immergent écarquillés dans ce trouble

de craies grises où bruissent encore les mots gravés

elle a la sensation d’une douceur insolente dans son sang


Codicille: Le tableau Sainte Marie d'Égypte du Tintoret se trouve dans un coin du rez-de-chaussée de la Scuola grande di San Rocco à Venise. Il me semble que les photos y étaient interdites et j'ai donc volé celle-ci, car fascinée par ce tableau. Je suis allée le voir à deux reprises en 2012 et 2014 et retournerais volontiers m'asseoir devant à nouveau... Les contraintes de forme sont similaires aux autres du cycle peinture.

 

dimanche 10 avril 2022

à fleur de réel

 

à

fleur

de réel

ce fil rouge

celui d’une plaie

qui n’en finit pas de

saigner signer soigner

dans le temps et hors du

temps ces plaies silencieuses

ce fil comme un ruisseau de lait

qui fuit – écriture de sang torsadée

qui s’enroule autour des corps étendus

de la plante du pied aux manches ou la taille

de l’enfant – fil rouge qui relie accroche le regard

de celui qui hébété se tient face à ces corps qui serrent

d’autres corps ceux des enfants qu’il faut protéger rassurer

bercer – revêtus du blanc de l’humanité dans son devenir – et

ne pas effacer le sillon rouge qui ruisselle du sang de toutes les plaies



Codicille: Pour ce troisième tableau de mon paysage intérieur, j'ai choisi une peinture de Safet Zec , faisant partie d'un ensemble plus vaste, exposée à l'église Santa Maria della Pietà à Venise en 2017. Le tableau s'appelle Exodus . Le fil rouge ( peu visible il est vrai sur ma photo) court sur tous les tableaux présentés. J'ai le souvenir d'être restée un long temps dans cette église totalement bouleversée par ce que je voyais, et complètement ébahie, lorsque, sortant de là je retrouvai la houle des touristes qui arpentaient le quai...

Les contraintes de forme sont identiques aux précédentes de ce cycle.



jeudi 7 avril 2022

les en dessous du blog (message éphémère)

 Salut les amis.

Suite à plusieurs concours de circonstances dont bon nombre d'entre nous sortaient vaincues, j'ai investigué. Il se trouve que lorsque certaines (Sylvia, moi) publient des commentaires, ils doivent être modérés (par moi ou par mon double).  Ces notifications que j'ai parfois confondues avec des notifications de nouveau commentaire, ma messagerie étant régulièrement débordante, je les mettais à la corbeille au lieu de les valider... j'espère pouvoir modifier tout ceci et que toutes nous puissions commenter allègrement sans censure involontaire. Ceci explique pourquoi Sylvia tu ne voyais ce dont je te parlais sur les dromadaires. 



dimanche 3 avril 2022

Traversée.

Paul Klee "Deux dromadaires et un âne"
 


      L'allure fière malgré l'incertitude fragile qui rend disponible à l'inconnu ils avancent. Méconnaissables mus par ce désir impérieux d'arriver là où l'obligation les mène soucieux d'accomplir leur charge ils allongent le pas le sabot assuré  la bosse altière la tête digne. Ils taisent le paysage de lumière qui les baigne les arbres-torses le sable noueux la géométrie du désert. Leur prunelle leur ramène des souvenirs de barcarolles de roseaux à la frange d'une oasis souriante. Leur corps respire la lenteur enfouie dans la mémoire du temps. Un cri polyphonique et guttural s'échappe de leurs lèvres desséchées. La myrrhe et l'encens tremblent. L'âne-enfant se perd dans l'empreinte de leur obstination alors que dans le ciel le soleil transpire la liberté.

à genoux

à

genoux

sur les échardes

en une lumière rasante

les outils dans les mains qui

raclent rabotent dégauchissent

et abandonnent ce qui fera copeaux

morceaux noués de mille nœuds comme

ces échardes instillées dans le cœur et le trou

noir des souvenirs – ces copeaux images captives

d’un instant et qui semblent se taire dans l’image – ils

ne sont que silence suspendu dans une présence absence

bientôt faisant partie des déchets comme des pierres tombées

dans l’eau du temps qui passe – dans la césure du regard qui se

fige l’image sort du temps et se love dans le creux d’un horizon d’être

où ces copeaux de sens petites sautes d’intensité ces fragments de soi

esseulés ont cette capacité de capter l’attention d’arrêter le flux du temps

dans cet angle d’incidence insolite où tout se défait tout s’écaille à frise lumière


                                                           

Gustave Caillebotte
Raboteurs de parquet
en 1875
huile sur toile
H. 102,0 ; L. 147,0 cm. 
© Musée d’Orsay

                                                        

samedi 2 avril 2022

La pie de Monet

Lumière dedans posée sur son buvard de brume

caché dans le tableau sur le mur du docteur

fantôme de mon frère au fond du paysage

un dimanche d'enfance à la doublure grise

l'image qui flamboie dans le soleil d'hiver

dans la rue tout au fond à l'orée des malaises

son corps est une terre, son sang bout en douceur.

il piétine la neige en criant de bonheur

 

le portillon de bois entrouvert de guingois

laisse passer le flot de lumière encadré

aucun pas dans la neige la marque n'est pas là

 

la pie qui se repose, trois heures quatorze fois

seul élément vibrant dans ce décor de soie

la pie qui se demande où trouver quelques graines

des micro-mammifères, des insectes sournois

mon œil mal interprète midi à quatorze heures

brouillard bien à l'abri

composition parfaite

quelques toits, quelques troncs,

maisons endimanchées de lumières violettes 

après-midi qui sait comment le crépuscule

quand on n'a pas le coeur à faire du soleil

et qu'on voit une pie faire beau dans le décor

et qu'on voudrait que loin de ce badigeon tendre,

comme certains oiseaux se cacher pour mourir

 

ce qu'il y a dans les yeux de celle qui regarde

un souvenir captif, une mise en abyme

Un fantôme sans chaînes

des arbres ensommeillés

nous n'atteindrons jamais cette fonte des neiges

et ces brouillards givrants au dessus de nos yeux

nous resterons tapis à regarder la pie

attendre que l'enfance fonde en métamorphoses

et qu'on glisse dessus comme un verglas sanglant

que la lumière inonde éclabousse éblouisse

que finisse l'angoisse, que commence la joie !