
Il reste au fond de soi encore un peu d’obscur
cela suinte dans la tête
des ombres remuent derrière le volet des ans — voile de suie ou de neige —
on se penche sur les traits de lumière
écarte un peu les sutures
cherche à voir entre les interstices
y-a-t-il quelqu’un à qui demander son chemin…
derrière les paupières
un mur, un ciel, des ombres
une falaise noire surplombant une vallée
le grès érodé de collines
des étoiles accrochées sur des arbres qui tremblent
des mondes de réminiscences
en latin revelatio signifie action de laisser voir, de découvrir
c’est un dérivé de revelare : dévoiler, révéler
en grec enlever le voile se dit apokalupsis
en hébreu on utilise deux mots pour parler de révélation galah qui veut dire découvrir, révéler, aller en exil et pethach ouvrir une porte
la révélation de tes paroles éclaire*
serait-ce l’apocalypse alors de pousser les volets sur une aube nouvelle
prenant le risque de révéler une connaissance de l’ombre
une parole des bords d’un infini
aux traces d’altérité
ou comme dans la photographie lors du développement de faire apparaître une image latente grâce au révélateur
mettre à jour ce qui en soi frémit
se dilue se diffuse
traquer un motif perceptible, féroce
comme les bulles de lave ponctuent l’explosion d’un volcan
pousser jusqu’à l’exil de sa langue pour éprouver l’inconnu
traduire les cris, les éclats, les paroles et les portes qui s’ouvrent
(*Psaume 119)