Ils étaient là bien rangés, la mine bien affutée prête à remplir son office. Ils avaient tous la même couleur, c'était juste le détail incongru dans cette boîte de crayons de couleurs, mais peut être avaient -ils des nuances dans les gris allant jusqu'au noir profond. Ils étaient dans l'attente de servir enfin à quelque chose: ils l'avaient vue dans le miroir se mirant et s'admirant, redressant un pli, en froissant un autre, à la recherche d'une lumière égarée qui saurait lui donner ce reflet de nacre vers lequel elle tendait tous ses efforts. Ils attendaient le signal, donné par je ne sais quel maître du jeu, et imaginaient en patientant, les traits qu'ils poseraient.
Elle était là, au phénix de sa beauté, respirant l'air qui entrait dans la pièce et fixant son regard sur les lointains dont elle ne connaîtrait que les lumières qui glissent et attisent les couleurs. Elle les savait prêts sur la table à dégainer leurs dards et attaquer leur mission de destruction, c'était une question de minutes. Les soldats de plomb avaient sans aucun doute reçu l'ordre de détruire la beauté qu 'elle semblait représenter. Elle ne s'y opposerait pas, ils étaient trop nombreux, elle profitait juste de ses derniers instants pour se contempler dans le miroir.
Le signal fut donné: les crayons gris s'emparèrent des ombres et ne dévoilèrent que l'envers du mirage. Peut être un affleurement du réel. Les soldats de plomb l'encerclèrent, l'enlacèrent, débordant d'ivresse face à ce qu'elle cherchait à cacher tout en le dévoilant par un pli de pétale. Au delà de la fenêtre ,que l'on tenait fermée, on pouvait lire la page blanche de l'écriture des songes.
2 commentaires:
Superbe ton texte, comme toujours. J'aimais beaucoup celui sur les photos précédentes, le mettras-tu aussi sur le blog ?
ange gabrielle m'a chipé mon commentaire!
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