Haie de poissons
Friture palissade
Sur front de céramique sable
Cette diablesse aime les animaux morts
Alignés comme des Caran d’Ache
Tous argentés
Leur œil ne lui dit rien qui vaille
Qu’en faire ?
Dans quelle histoire les fourrer ?
Seront-ils friturés ce soir dans l’appartement vide ?
Dans la solitude de la ville hivernée ?
Sera-t-elle seule ?
Son amant viendra-t-il ?
Ou sera-t-il avec l’autre ?
Il reste de son dernier passage
Cette fleur véritablement artificielle
Guindée comme le sexe d’une poule de luxe
Cherchant la lumière fantôme de cette ville fantoche,
Toute hérissée de tours ce que ses collines ont de creux
Elle risque à peu de frais la fraîcheur maritime,
L’odeur du large et de l’oubli
L’odeur de l’ordre et de l’alignement
L’odeur du rien qui dépasse, du lisse, du temps présent sans passé
De toute façon qu’il vienne ou pas que lui importe
Elle vient de se rendre compte qu’elle déteste sa voix de téléphone
Et que depuis quelques temps, elle est sensible aux voix comme elle l’est aux odeurs
Et que la sienne lui soulève le cœur
Elle voit passer l’heure
Et jette la palissade de poissons dans le vide-ordures
Elle épargne la fleur, qui périra seule dans peu de temps
Retenant ses effluves, comme on se retire, à reculons
Sur la pointe des pieds
Tire les rideaux jusqu’au printemps.
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