Je suis couchée dans mon moyen lit, dans la petite maison de la campagne. J'ai laissé la fête dans la maison d'à côté. Trop de bruit. Trop de lumière. Un monde compact et enfumé. Trop d'artifices. Dans mon lit donc, je broie un peu du noir, gris souris en fait, la lune à son poste, rondouillarde,éclaire la nuit. Je broie un peu de gris, compte quelques moutons, essaie de trouver le bon côté de la situation,je ne suis pas festive, on me l'a assez dit.
Respirer profondément Retrouver mon calme.
Quelques craquements normaux résonnent dans le silence, la maison
est pleine de planchers distordus, de cloisons bancales, les matériaux
travaillent jour et nuit. Pas de trêve pour les matériaux.
Des pas dans le grenier, pas de quoi fouetter le chat qui se
promène sans doute, la région en est infestée ; c'est le terme consacré
lorsqu'ils ne sont pas de la maison. La charpente est fourrée de loirs. Qu'ils
se débrouillent. Ce doit être un gros chat me dis-je entre deux moutons, car
les pas sont lourds.
Soudain dans mon moyen lit, je me tétanise, aplatie de peur au
fond des draps. Moi qui rêve toujours de dormir à la belle étoile dans une
forêt, je révise à la baisse mes fantasmes et essaie de me raisonner tandis
qu'au-dessus de ma tête résonnent toujours de drôles de présences.
La seule chose à faire pour ne pas mourir, me sermons-je, c'est
d'aller voir. De qui sont ces pas lourds qui tapent sur ma tête ? Quelques
minutes passent. Il fait chaud dans ce moyen lit et si je ne respire plus,
peut-être que la chose va s'en aller, ou en tous cas s'endormir, et moi avec.
Je vérifie, il ne me reste que quelques moutons.
Bon je me lève, l'action ça a du bon, me convaincs-je, après que
la marche ait repris.
Je gravis précautionneusement les marches comme pour apprivoiser
ma peur, les escaliers, la chose. Lui faire comprendre que je ne viens pas en
conquérante, qu'il doit y avoir moyen de trouver un compromis.
Plus que quelques marches, j'ai le coeur qui ne bat plus, je ne
sais plus où il est, j'avance comme un canard sans tête.
Je pousse la porte : elle a mal, elle fait gzzzzzzzz et j'entends
:
NOOOOON ! PAS MAINTENANT !
Mes cheveux se dressent exactement comme il est dit dans les
livres, je ne cherche pas plus loin, j'ai compris que j'étais indésirable, je
redescends tout aussi précautionneusement que j'étais montée.
Je me recouche dans mon lit moyen, je mets mes boules Quiès et
m'endors avec quelques chèvres, j'avais épuisé les moutons.
4 commentaires:
on entre dans le cauchemar mais c'est si drôle aussi, ah les boules Quies c'est l'arme fatale à tout !!!!
Je dirais histoire vraie mais sans boules Quiès!
Faut que je teste ces fameuses boules... si elles font fuir les cauchemars...
Oui, elles les neutralisent !
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