Le temps s'est dégagé. Il est presque seize heures. Un soleil de plomb assassine tout ce qui vit, bouge ou se faufile. La chappe lourde lève une brume translucide sur le champ de blé tondu de frais. Quelques épis ont échappé à la mécanique humaine et espèrent une seconde vie. Mais la chaleur écrasante interrompt vite leur velléité de renaissance. Le terrain est jonché de leurs cadavres jaune sale posés arithmétiquement sur la terre triste et grise de poussière.
Il a plu hier. Les flaques sales remplissent les ornières des chemins. La terre frissonne des premiers froids de septembre. Les derniers vers de terre percent les sillons et leurs corps oisifs revêtent la couleur sombre des grains de terre qui leur collent à la peau. L'abaissement de la température imprègne le champ de rigueur et d'autorité. Une nuée de corbeaux craillante s'abat et vient l'isoler du monde. L'heure est à la mélancolie et à l'introspection.
La tempête de neige n'a pas failli. Elle immacule de sa blancheur ronces et taillis, toutes surfaces planes et escarpées. Et le champ qui d'habitude est est un espace aux frontières bien délimitées est devenu espace ouvert, un open space dit- on. Il a perdu son identité véritable et n'est que le repaire d'empreintes sans génétique particulière. Les oiseaux fantaisistes interdisent toute reconnaissance sur n'importe quel fichier et lui confèrent une poésie aérienne et fragile faite de signes improbables.
1 commentaire:
Toujours aussi belle ton écriture. Je l'attendais avec impatience et la suite tout autant
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