dimanche 26 mars 2017

printemps des poètes, une semaine déjà

Je vous écris du jardin, colère rouge plantée. Reverdira en multiples saveurs. Je vous écris des primevères à la prise de pouvoir éphémère. Je vous écris de mon enfance, haut perchée au paradis terrestre, avalant tout, cerises et noyaux. je vous écris depuis ces arbres d'où je n'ai rien vu venir mais desquels tout à découlé.
Je vous écris du chemin quotidien qui va de l'aube à l'aube : "est-ce que Marcel avait eu une réponse, lui ?". Je vous écris de ma tendresse dont personne ne veut.  Je vous écris  du "pire qui n'est jamais sûr" ou "du bonheur dont on n'est jamais à l'abri". Je vous écris de toutes ces maximes contradictoires, des humeurs tumeurs, des  humeurs lymphatiques qui contrôlent nos gestes et nos foies.
Une odeur de prunus, de narcisse et voilà que bourgeonne un sourire et qu'est gommé le rictus de la bile noire.
Tout peut arriver, toi, moi, les méchants en prison, les diables en Tasmanie. ça aussi je vous l'écris, l'optimisme fataliste, les boulangeries disparues, les magasins de bouche fermés, la vie à taille humaine.
Tout peut arriver : une maison de glace en plein printemps, une façade de vagues gelées instantanément. Tout peut arriver et d'ailleurs tout arrive, comme un New-York permanent. "Je veux qu'on m'arrête de pleurer".
Je vous écris de la vitrine d'un magasin de ma ville en recyclage, de Santiago de Cuba sur Furan, où l'art brut designé a remplacé les robes de mariage, les boucheries chevalines, les charcuteries  à cochons rigolards, les pantoufleries, les clinquailleries bien rangées comme des musées, les épiceries comestibles.
Je vous écris depuis une foirfouille où l'on peut se procurer des drapeaux français made in China, bleu/blanc/rouge/ frénétiques aux 100 000 mains de la France insoumise, aux 250 millions de mains de Les Républicains (registred mark). Je vous écris montée sur le cheval de Joan of Arc  Seberg.
Tout peut arriver, une épicerie poétique, un site miroir, une liste d'indicateurs, des compétences et des potentiels, des cheveux blancs qui repoussent des cheveux noirs, des douleurs dans des parties du corps inédites, des tortures inimaginées perpétrées par des femmes sur d'autres femmes, un printemps débordant de tellement de fleurs que ça fait peur.
Je vous écris du trajet 4 fois jours qui me conduit de chez moi à chez moi, il arrive que je confonde les 2. Je dis bonjour à la jeune femme au gilet jaune fluo qui garde le passage piétons. Je vous écris de nos sourires partagés de nos mains qui s'agitent. Je vous écris de ma crainte de la voir disparaître un matin sans lui avoir demandé son prénom. Je vous écris de ma joie de voir des enfants traverser la route protégée pour aller à l'école, de ces mamans en boubou, en foulard, en mules. Je vous écris de mes bonnets multicolores dans le matin de mes rêves pas tout à fait digérés.
Il arrive qu'une voiture ne s'arrête pas au stop. Il arrive que je klaxonne et entende le bruit des tôles froissées.

Je vous écris de la réponse qui est en moi, dans mes poumons et mes intestins, mes 2 cerveaux disponibles. Je vous écris du sentiment du temps qui fuit, du temps perdu sans joie. Je vous écris, Je vous écris, Je vous écris pour qu'adviennent encore des choses minuscules.

3 commentaires:

Ange-gabrielle a dit…

Je vous écris pour votre épicerie poétique et vos bonnets colorés, je vous écris parce que j'adore vous lire, je vous écris pour vous dire que je vous aime ... je vous écris pour encore 1000 et 1 autre raison et aussi pour vous souhaiter bon dimanche

Linette a dit…

Je t'écris aujourd'hui pour te dire que je t'aime aussi que ton texte me serre la gorge et que je te remercie pour Joan of arc seberg...

MarieBipe REDON a dit…

Et moi je vous réponds parce que les poules... et je vous remercie d'être mes amies et de m'aimer quand même (mais c'est une phrase pour rire !)