Passé
Antoine “Le Rouge” Giraudet, 28 ans crocheteur, en compagnie de sa bande de “chauffeurs” qui sévissait dans la région de Saint-Genest-Malifaux, s’était introduit dans la maison de M.Minaire, pendant la nuit. Afin de lui faire avouer ou il cachait son argent, il lui ont brûlé les jambes et la barbe, il a fini par leur donner 40 francs, une chaîne en or, une montre, deux bagues, du pain et du lard. Une partie de la bande a été jugé au Puy-en-Velay, la plupart des peines ont été commuées en peines de travaux forcés à perpétuité, seul Giraudet a été guillotiné le 19 juillet 1851 à Saint-Genest-Malifaux.
Barthélémy Robert, membre d’une bande de chauffeurs dont la plupart des membres ont été jugés et condamnés par le tribunal du Puy-en-Velay en 1850, est condamné par le même tribunal pour l’attaque de la ferme Giraudet à Dunières et le meurtre du fils de la maison Joseph Giraudet. Barthélémy Robert est également jugé pour sa participation à l’affaire Minaire à Saint-Genest-Malifaux. Il a été guillotiné le 18 juillet 1851 à Dunières
Marcellin “Bête à Coire” Freycon, 23 ans, garçon boucher, libéré de la Centrale de Riom le 29 décembre 1844, le 6 janvier 1845, à Saint-Genest-Malifaux, étrangle avec une ficelle, M. Bourrin, aubergiste et sa dame de compagnie Marianne Thainet. Il incendie ensuite le bâtiment pour cacher ses crimes. Condamné le 3 décembre 1845 par le tribunal de Montbrison, il est guillotiné le 5 mars 1846
Quand la porte se fut ouverte, la discussion s’engagea en patois du Pilat; quand mon compagnon m’eut présenté, la conversation se poursuivit en français. L’homme nous servit à boire du vin ordinaire dans des verres Duralex. Ils avaient une drôle de couleur bleutée de n’être jamais lavés.
Présent
Vers cinq heures du matin, la neige se met à tomber sur Richigny, il se dit que c’est une bonne chose et que ça fera de l’eau pour les sources cet été. Vers midi, voyant que ça continue, il se dit qu’il attelle les vaches pour faire la trace dès que la neige cessera. En fin de journée ça tombe toujours, il décide d’appeler la mairie pour qu’ils envoient le chasse-neige, en vain, la neige a coupé la ligne.
Il regarde le paysage du plateau, il pense à son frère, loin, on les a dit parfois jumeaux; ce n’est pas vrai, quand le second est né, l’autre avait deux ans, après quelques mois, il est parti ailleurs, vivre sa petite enfance. Il est revenu, quelques années, puis reparti, pensionnaire; quand il est revenu, le plus jeune est parti: loin. Quand ils essaient de se parler, ça ne dure pas, ça finit toujours plus ou moins mal.
Le chauffeur du car aperçoit, juste avant de plonger dans la courbe de Gramenand, une personne qu’il connait bien, elle attend aux Communes. Il se demande encore ce qu’elle fait là lorsque l’autocar poussif, s’extrayant de la côte, vient comme s’affaler devant le panneau qui marque l’arrêt. Il n’y a personne.
Nous sommes comme les sources jumelles de la Font Ria, l’une disparaissait pour réapparaître au printemps pendant que l’autre continuait à couler sous la glace. La source intermittente a depuis disparu, comme font parfois les sources, après les sécheresses, mais on sait qu’elle n’a fait, que changer de cours et souterrainement alimente toujours celle qui reste. De même il reste entre nous, au delà des apparences, des connivences, des communications cachées et imperceptibles.
Futur
Lorsque la musique commencera, les enfants de la crèche se seront assis en demi cercle devant les musiciens, fascinés. Parfaitement dosés, le volume sonore ne rebutera pas ces enfants, captivés par le son et la forme des instruments, et par l’histoire du petit géant qui cherche à savoir la couleur du vent. Qu’en restera-t-il lorsqu’ils auront grandi, un peu de poésie, une sensibilité particulière à la musique, à l’improvisation, une envie de comprendre?
Quand cette petite fille qui joue à la marelle et dont j’ignore le nom, sera devenu adulte, que deviendra la beauté naturelle de ce plateau? Un aéroport plus grand que l’actuel aéroport de Saint-Etienne y sera-t-il installé? Ou bien des quartiers chics desservis par une autoroute 88 qui franchirait le col du Grand-Bois, ou encore des ZUP ou CUCS, si les improbables projets de ligne de tram entre Saint-Etienne et Saint-Genest-Malifaux ressortaient des archives où il dorment depuis plus d’un siècle pour le premier et une soixantaine d’année pour le second.
Demain j’irai au bord de l’étang, un enfant jouera dans la froidure de l’hiver; il façonnera des boules de neige; sous le froid et la pression de ses mains elles se durciront en glaçons; il les jettera sur la surface gelée de l’étang où elles glisseront comme des palets. Qu’en sera-t-il, d’ici quelques années, de ces merveilleux hivers du plateau qui tendent à disparaître sous la poussée du réchauffement climatique généralisé? Les petits enfants de cet enfant qui jouera dans la neige demain, planteront-ils un jour des oliviers sur ces collines et des vignes à leurs flancs?
Ce printemps, je m’en irai dans la campagne, j’emmènerai la chienne Milka, elle lèvera peut-être la compagnie de perdreaux qui gîte à quelques centaines de mètres derrière chez moi, dans les genêts bordant le chemin qui mène à la ferme de la Rousse. Ou peut-être, de l’autre côté du chemin, dans le pré qui fait face au sud, retrouvera-t-elle la trace de cette hase de belle taille qui l’avait promené jusqu’à l’épuisement l’an passé. Peut-être cette année se rapprochera-t-elle enfin de ce cheval qui lui faisait si peur, mais qui avait commencé à l’apprivoiser l’automne dernier.
1 commentaire:
Réveillée par je ne sais quelle bonne fée en pleine nuit (2h57), c'est sur tes textes que j'atterris "par quelles connivences" ? et c'est bien bon, là au coin du feu dans le silence. Je me souviens aussi de ces verres bleutés par la piquette accumulée sur leurs bords depuis des années et de tant d'autres sources souterraines.
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