Un mur
Où se cogne le vent
S’agrippe le roussi
Des lichens
Précipité de vie originelle
Sous le regard de la main
Jusqu'au bord de l’horizon
A regarder par-dessus
Sur la pointe des yeux.
Se perdre ou s’envoler
Enfoncer son laser dans les trous
D'air,
Entre deux brins d’herbe
Dans le vide entre les branches
Ou ne pas se perdre,
Compter les nuances de verts
A chaque fois la lumière
Toujours là il fait grand beau
Pas le brouillard
Pas la neige en giboulées
En tempête
Pas la pluie à sa saison
Qui tire de grands traits obliques
Sur le dos des vaches
Toujours le grand soleil
Baignant le mur
Baignant unifiés le ciel et la terre
De ce côté du mur
De celui où l’on contemple
Leur tournant le dos
Il y a les morts dans leur dernière demeure
Les fleurs en fleur
Les marbres en marbre
Les fleurs en tissu sales et en plastique fané
Les photos dans leurs médaillons bombés
Les lettres dorées
Les lettres mortes
Les rouilles
Les effacés
Les arrosoirs alignés près du robinet
Au-dessus du mur
Il y a le plein du monde
Qui s’étale jusqu’au bord
Jusqu’au mur du ciel vide
Le mur
c'est la
c'est la
Frontière
On aime aussi la vue en dessous
A l’abri du mur menaçant
Au-dessus de la route
Au-dessus de la maison
Ma première demeure
A présent toute décorée
De fleurs en fleur
De soleils en plastique
De pierres en pierre
De moi qui ne suis plus là
Jamais
Seulement surplombant
du haut du mur
et du poids des années.
On est venus voir les morts
Ils n’ont rien dit depuis longtemps
Bien à l’abri dans leur silence
On est venus parce qu’on vient
Il n’y a rien à dire
Et ils ne disent plus rien
Ils nous rappellent à leur bon souvenir
à leur dernier
à leur dernier
Sourire
Geste
Mot
A jamais de leur dernière
heure
heure
De ce côté de la vie
Les morts nous laissent avec le mur
Avec les lichens, avec le vent
Avec leur silence
Avec la route et la maison décorée
Avec le noyer
Ils nous laissent décider
De quel côté de la frontière
On choisit encore de regarder.
20-21 mars 2019 avec migraine
3 commentaires:
Qu'importe ... avec ou sans migraine ... c'est toujours aussi beau
Je me trouve bien dans ton texte .Même avec migraine, ce qu'il faut dire est dit...
" On est venus parce qu’on vient
Il n’y a rien à dire
Et ils ne disent plus rien"
Ah migraine!!! mais que les mots sont beaux tant ils sont ajustés!
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