mercredi 13 mars 2019

Méditation à l'infini

au point d’infini, à l’ouest bien sûr, ce point que l’on fixe jusqu’au vacillement et au trouble qui résulte d’un trop long compagnonnage avec la nuit et sa suie, on arrime quelques arabesques de cendres prisonnières de paupières closes et de voix éteintes, qui blessent de leurs traces le débraillé d’un ciel ensanglanté d’une disparition qui n’en finit pas de nous subjuguer.
à l’est, en un flux et reflux fugitifs, tout s’évide et s’efface, dans un crissement d’éboulis et un frémissement de lucioles, tout s’estompe dans la marge que les ombres s’emploient à recouvrir, sans hâte mais avec détermination, et bientôt plus rien ne sera sauvé; les bouts de fils des ourlets cesseront de faire tissu et le coussin de songes retournera en poussière.
au seuil du sud, l’enfance a fait quelques pas, fait saigner quelques genoux aux arêtes d’un monde bien trop grand pour elle, a tenté de survivre entre les ravines de rêve et les grammaires de bleu, les croûtes d’ocre et les vents fruités que les paumes tentaient d’emprisonner un instant, manière de festonner la doublure d’un corps dont elle ne savait rien.
à petits pas le nord, le cap à conserver, où glisse le matin sur les trottoirs de neige, où ne cesse le souffle, précieux et proche du sacré, que l’on ne peut s’empêcher de chercher et chercher encore, une bougie à la main et le regard perdu, dans une lutte invisible avec les mots qui fascinent pour se perdre au point d’infini.

Rappel: les textes  avec le libellé Cartographie 21/ méditation sont  écrits avec et entre les mots de Michèle Dujardin ( voir son blog abadôn). 


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