au point d’infini, à l’ouest bien
sûr, ce point que l’on fixe jusqu’au vacillement et au trouble
qui résulte d’un trop long compagnonnage avec la nuit et sa suie,
on arrime quelques arabesques de cendres prisonnières de paupières
closes et de voix éteintes, qui blessent de leurs traces le
débraillé d’un ciel ensanglanté d’une disparition qui n’en
finit pas de nous subjuguer.
à l’est, en un flux et reflux
fugitifs, tout s’évide et s’efface, dans un crissement d’éboulis
et un frémissement de lucioles, tout s’estompe dans la marge que
les ombres s’emploient à recouvrir, sans hâte mais avec
détermination, et bientôt plus rien ne sera sauvé; les bouts de
fils des ourlets cesseront de faire tissu et le coussin de songes
retournera en poussière.
au seuil du sud, l’enfance a fait
quelques pas, fait saigner quelques genoux aux arêtes d’un monde
bien trop grand pour elle, a tenté de survivre entre les ravines de
rêve et les grammaires de bleu, les croûtes d’ocre et les vents
fruités que les paumes tentaient d’emprisonner un instant, manière
de festonner la doublure d’un corps dont elle ne savait rien.
à petits pas le nord, le cap à
conserver, où glisse le matin sur les trottoirs de neige, où ne
cesse le souffle, précieux et proche du sacré, que l’on ne peut
s’empêcher de chercher et chercher encore, une bougie à la main
et le regard perdu, dans une lutte invisible avec les mots qui
fascinent pour se perdre au point d’infini.
Rappel: les textes avec le libellé Cartographie 21/ méditation sont écrits avec et entre les mots de Michèle Dujardin ( voir son blog abadôn).
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