jeudi 7 mars 2019

Méditation avec sans

Sans bruit, dans un sous-bois, à la surface des mousses, lourdes des rêveries inutiles qui entaillent les mémoires, l’errance, forme d’une psalmodie, à défaut de prière, remue les tessons d’échardes dans les chairs, qu’un ciel d’hiver avive. Avec trois mots serrés dans la paume, les pierres nichées au coin des lèvres, se délestent de leur résonance et tombent à l’écart des corps.
Sans contrainte, dans les replis des décombres, on remue ce qui, dans les vies vitreuses du dedans, détrempe d’une graphie humide et au goût de terre, les souvenirs constellés de vertiges, où l’on retrouve sur les visages, les stigmates de l’imaginaire. Avec des inclusions, copeaux flottés d’une échappée chétive, que le regard à l’affût glisse et ordonne attendant le retour des voix.
Sans face à face, dans l’éphémère et le fortuit des oscillations de la marche, s’opèrent, par de très légers petits chaos, les mutilations aléatoires et nécessaires naviguant sur le hors-champ de la montée des eaux, démembrées de leurs puissances incessantes. Avec avidité et vigueur, le vent remue jusqu’aux confins de l’intouché, au dedans au dehors, et emporte au plus sombre du souffle.
Sans fin, dans le flou des imaginaires, migrent les pailles, trésors, osselets, masques d’un monde malmené par les courants de boue que les berges ne parviennent plus à contenir, vibrent les cris ou les prières qui hantent encore quelques nuits couturées aux angles. Avec patience, on trie les traces qui s’amenuisent, fuyant vers les limites que les échos ne peuvent plus renvoyer.


2 commentaires:

MarieBipe REDON a dit…

que n'ussèje des oreilles à la place des yeux !

Ange-gabrielle a dit…

"Avec trois mots serrés dans la paume" avec ton second paragraphe, c'est tout toi ça
Les 2 photos de tes textes sont vraiment sublimes