Je viens de terminer
« Le monde sans vous » de Sylvie Germain et
comme je ne saurai mieux le dire :
« Il n'est pas vain
de s'adresser à quelqu'un, qu'il soit proche ou lointain, nommé ou
ignoré, vif ou mort. Tout appel lancé, même sans boussole, sans
grande force, sans certitude, dans l'invisible et le silence, doit
bien finir par effleurer un auditeur. Vous êtes mes auditrices des
limbes...
… La prose aussi est un
dialogue, un serrement de mains, une accolade. Et dans ses
maladresses, ses manques, ses bégaiements, il peut parfois lui
arriver de se faire étreinte, fugacement. Une étreinte sans prise,
inespérée ; une caresse. La prose - un bonjour tremblé d'adieu,
un adieu toujours en veille...
... Quant aux
sursauts de la mémoire, on ne sait pas toujours quels heurts obscurs
les provoquent. On ne connaît même pas l'étendue de sa propre
mémoire, et encore moins quelles failles la crevassent, quels
courants souterrains la traversent, quel magma éruptif y sommeille.
Mais l'intuition poétique peut y donner accès, parfois, comme
l'avait compris et expérimenté Ossip Mandelstam, qui comparait la
poésie à une « charrue qui affouille le temps afin d'en faire
émerger les couches profondes, le tchernoziom …
… Et pas de dernier
mot, juste des mots nomades, infusé du silence même qui irradie les
disparues, du grand silence qui flue de l'extrême lointain vers
lequel ils s'en vont, inexorablement. Juste des mots légers comme
des caresses, des signes de salutations, des sourires encore pâles,
souvent brouillés de larmes, mais non dépourvus de clarté. Des
mots, de simples mots sans prétention, moins pour chercher à bâtir
de superbes tombeaux que pour tenter d'ouvrir en grand les tombeaux
vides, et de les maintenir tels. »
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2 commentaires:
C'est beau comme une émotion pleurée, effleurées d'un sourire, ce reste de complicité entre vous jieffebi
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