En écho avec la cartographie qui nous occupe, la présentation d'un texte de Béatrice Brérot, (que certaines ont pu écouter lors de la soirée Ecrits- Studio à la Médiathèque) et le lien vers le texte en question, "dix mille êtres dedans", si la présentation vous a alléché-e-s
" J’imagine que la pensée chemine dans nos cerveaux comme nous marchons sur les chemins de la Terre. D’abord informe, elle parcourt des kilomètres entre les lisières, les côtes. Je l’imagine qui avance dans les prairies herbeuses, qu’elle se déroule le long des crêtes et s’enfonce dans les forêts, les mangroves, qu’elle traverse des fleuves, des frontières et que, influencée par l’air et le sol (fûdo en japonais : de fû, air et do, sol) d’où elle émerge, elle devient conscience et se constitue langue ".1
dix milles êtres dedans est un voyage à la source de la pensée, abordant les rives de territoires volontiers assimilés aux jardins intérieurs, au jardin des Hespérides, au paradis que chacun porte au fond de soi, profondément enfoui.
Remonter les courants, les rivières, les circonvolutions du cerveau, c’est en découvrir ses strates. C'est comme mettre à jour des couches géologiques, les écarter pour pénétrer la forêt primaire cérébrale et être témoin sans filtre, au plus près de l’origine, des possibles interactions
entre milieu cérébral et milieu naturel, de la symbiose entre les langues, les organismes vivants et la Terre. C'est une balade dans les forêts, les constellations de la pensée avant qu’elle ne rejoigne les rivages de la conscience. C'est une invite à arpenter les territoires mobiles du vivant.
Entre texte et image, dix mille êtres dedans explore les chemins du cerveau et ceux de la Terre, les structures en réseaux qui créent de véritables cartographies à la surface du globe jusqu'au cosmos en passant par nos neurones et les fines nervures d'un pétale de rose. Ces ramifications si fines, parfois invisibles, peuvent-elles relier toutes ces strates, ces espaces entre eux, et créer ainsi des passages entre territoires mentaux et territoires physiques ? Se pourrait-il que les territoires, les lieux qui nous traversent, nous habitent, se déposent comme décalcomanies dans nos corps ? Ils s’inscriraient alors dans nos langues et notre cerveau (où se loge le cervelet autrement nommé arbre de vie) et laisseraient à leur tour trace sur Terre, et dans sa mémoire, et dans son cervoTerre."
3 commentaires:
Hé bien ça alors ! Comme ça résonne, je vais aller voir ce site
Super! Nous amassons des textes de tous côtés , je ne pouvais rêver mieux!
Le cervelet "arbre de vie" oui ça résonne tellement dans mon arbre atrophié!
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