Au bord, le ciel parsemé de nuages écrit l'introduction. Juste en dessous, la ligne grignotée par le pli du topo se dénude et s'élance vers un sommet enneigé. Des alpages chutent dans des pierriers où s'abandonnent les pieds des falaises. Quelques tâches forestières, d'abord frugales puis abondantes, encerclent une nationale. En contre-jour, les chemins de randonnées s'invitent sur les courbures de niveau.
Je replis le bord et déroule un autre pli. Un lac-maison impose sa rondeur bleutée. Je comprends son besoin de s'abriter au creux de la réserve naturelle inviolée. Pourtant, il ne peut échapper à la loi des reliefs qui le dominent.
Je referme la carte en totalité, j'écarte un autre bord sur lequel se découvrent deux têtes sonnées par leurs 3459 et 3559 mètres d'altitude. Dans le cou de l'une d'elles, un minuscule étang braille au soleil, pourtant je me souviens l'avoir parcouru dans le brouillard qui suit l'orage. Les corps montagneux se contorsionnent, enjambent un torrent, grimacent et se hachurent. Chut...
J'ouvre deux plis, ceux qui coupent la carte en son milieu. Le paysage s'agrandit soudainement, révèlent les glaciers, les refuges, les pics prestigieux de l'alpinisme.
Le détail est dans le souvenir. Souvenir du mal de dos, des épaules écrasées par un sac trop lourd, de la sueur et du frisson, des mains gelées. Espaces parcourus dans les reflets et dans les ombres.
1 commentaire:
Dans les reflets et dans les ombres, entre les plis et les crevasses, ses montagnes-personnes dans lesquelles tu pénètres et qui te broient un peu et te recrachent, un peu fourbue, un beau corps à corps duquel les 2 ressortent transformées. beau !
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