Pour gagner la Charpassonne, par le sentier du Monorail, nous quittions la maison d'école et nous passions par le petit bois ; là, j'avais ramassé un caillou au grain irrégulier, brillant de quelques éclats, parfois diffus, parfois fulgurants, selon la façon dont on le faisait tourner dans les rais de soleil.
Six ou sept ans plus tard, en classe de quatrième, la géologie étant au programme des Sciences Naturelles, j'avais appris que ce minéral s'appelait "granit", composé de quartz, de feldspath et de mica,
et que ce qui brillait, c'était ça, le mica. Déception à la découverte de ce mot, de ces deux syllabes figeant mon rêve. Mica, ça ne collait pas.
Monsieur Bourdon, un ami de la famille, avait fabriqué pour moi une boîte en bois, il y avait disposé des chutes de minéraux fabuleux, rangés dans cet écrin au couvercle vitré. La boîte était quadrillée de planchettes croisées et au moins quarante pierres me regardaient et me fascinaient par leurs couleurs, leurs formes, leur grain, et leurs noms, poétiques, souvent. Une étiquette dorée pour chacune, les désignait en lettres noires.
Aventurine, Rose des Sables, cristal de roche, améthyste...Une pierre était réputée pour être saupoudrée de poison, une de curieuses couleurs, criardes, jaune et rouge, qu'on aurait pensé peintes à la gouache. Et il y avait une case vide pour la pierre manquante. Mon caillou magique y trouverait tout naturellement sa place. Quand je l'avais trouvé dans le petit bois, adossée contre un pin boulange, par hasard, mes mains fouillant distraitement sous la mousse, j'avais pensé à la case vide de la grande boîte, et à la pierre manquante...
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