samedi 14 octobre 2017

Cartographie littéraire Nord-Est




Alors tous deux, penchés sur la carte, étudièrent le pays.
Julien, de son côté, s’était assis sagement auprès d’eux, s’efforçant de retenir ce qu’il pourrait. Le garde parlait, montrant du doigt les routes, les sentiers, les raccourcis, faisant la description minutieuse de tous les détails du chemin. André écoutait ; puis il essaya de répéter les explications ; enfin il dessina lui-même tant bien que mal sa route sur un papier, avec les différents accidents de terrain qui lui serviraient comme de jalons pour s’y reconnaître.
« Ici, écrivait-il, une fontaine ; là, un groupe de hêtres à travers les sapins ; plus loin, un torrent avec le gué pour le franchir, un roc à pic que contourne le sentier, une tour en ruines.»
Enfin rien de ce qui pouvait aider le jeune voyageur ne fut négligé. — Tout ira bien, lui disait Fritz, si vous ne vous hâtez pas trop. Rappelez-vous que, quand on se trompe de chemin dans les bois ou les montagnes, il faut revenir tranquillement sur ses pas, sans perdre la tête et sans se précipiter : c’est le moyen de retrouver bientôt le vrai sentier.

G. Bruno "Le tour de France par deux enfants" 1877


Il y avait des noms de lieux sur le mauvais papier de ce bréviaire républicain - Baccarat au son cristallin où tant d’hommes ont péri le 25 août 1914 avec mon grand oncle - , maintes épreuves traversées un baluchon sur l’épaule et ce mot désormais associé à ce livre. Face aux incertitudes , deux enfants sur la frange de leur vie faisant vibrer la corde de notre compassion.
Le regard aujourd’hui habitué aux images de corps en attente, dérivant sans visage entre deux côtes, sur une mer confuse et sauvage où meurent trop souvent les migrants de nos jours.

2 commentaires:

MarieBipe REDON a dit…

il est juste à côté de moi, version 1911

Michelangelo a dit…

Ce parallèle est saisissant, entre le gâchis de 14/18 et le gâchis de ces migrants qui disparaissent en mer.